Le Jazz peut-il s’inviter dès 2016 en Playoffs ? La cote est élevée mais …
Le 28 juil. 2015 à 12:22 par Giovanni Marriette
Peu d’entre nous avaient vu le coup venir. Pourtant, en s’appuyant sur une défense de ouf et une deuxième partie de saison rafraichissante, la franchise de Salt Lake City a réussi un petit exploit en commençant tranquillement à replacer le Jazz sur la carte NBA, après des années de disette à tous les niveaux. Un groupe jeune qui aime bosser dur, un coach aux airs de tortionnaire mais qui semble déjà avoir compris comment driver son squad, un franchise player discret mais efficace, sans oublier la nouvelle hype Rudy Gobert, ce dernier promettant mille et uns bonheurs quand on jette un œil à sa courbe de progression. Cette jeune troupe de plus en plus sexy peut-elle dès cette saison jeter le trouble à l’Ouest ? Et si c’est ne pas la cas, pourra-t-elle seulement le faire un jour ? Rudy MVP ? Et pourquoi l’été est-il si calme dans l’Utah ? On répond à toutes ces questions, et à bien d’autres encore.
Commencer par confirmer la saison 2015
On avait fait, au printemps dernier, un retour sur cette belle saison 2014/15 du Jazz. Le premier objectif de cette jeune équipe sera donc de confirmer ce bel élan, à défaut de viser trop haut et trop vite. Viser un bilan égal, voire quelques victoires de plus (une quarantaine ?) sera le premier cheval de bataille du staff de Quin Snyder. L’effectif est peu retouché (voir plus bas), les gamins grandissent et tout est en place pour que la progression de la franchise ne soit pas interrompue en 2016. La concurrence sera rude, Utah est désormais attendu, mais il n’y a aucune raison pour que les bonnes surprises récentes ne confirment pas cette belle dernière campagne…
Rudy peut-il exploser ? Mais genre VRAIMENT ?
8,4 points, 9,5 rebonds et 2,3 blocks, que l’on peut ajouter à un Rising Stars de haut-vol et quelque perfs et highlights dantesques qui lui ont valu d’être reconnu et presque déjà adoubé chez nos cousins cain-ri. Voilà pour résumer vulgairement la saison sophomore de Rudy. Car de Rudy on pourrait d’ores et déjà en parler des heures durant, tellement le garçon s’est fait rapidement un nom dans la ligue, tellement la France et le Jazz placent désormais de grosses attentes en cette tige musclée de 2m17.
Et le monde du basket est unanime ou presque : cette saison doit être celle de l’explosion. Elle doit être celle des doubles-doubles tous les soirs, elle doit être celle d’un Rudy DPOY (quatrième du scrutin l’an passé). Bonne nouvelle, le petiot a annoncé récemment taffer son shoot, s’inspirant notamment de Dirk Nowitzki. Y’a pire, il aurait pu s’inspirer de Josh Smith. Et avec le coup de balai orchestré par sa franchise pour dégager Enes Kanter, son manque de défense et ses envies de pognon, Rudy a déjà récupéré pas mal de tickets en attaque. Deuxième bonne nouvelle, Rudy aura l’occasion de s’aguerrir à domicile au mois de septembre puisqu’il sera sans trop de doute le pivot titulaire des Bleus à l’Euro. De quoi le préparer idéalement pour un début d’opus 2015/16 où il sera attendu comme le messie par sa franchise et comme la peste par ses adversaires. Déjà dissuasif, puissant, longiligne et intelligent en défense, on attendra un Rudy davantage responsabilisé en attaque pour compléter sa panoplie. Vous y croyez vous ? Nous on y croit grave.
Dante Exum et Trey Burke, possible rampe de lancement ou réel point faible ?
Au soir de la Draft 2014, tous les yeux de l’Utah étaient rivés sur ce jeune australien sélectionné en 5ème position par le peu connu Dennis Lindsey, General Manager de son état. Ou plutôt sur la possible doublette infernale qu’il annonçait avec Trey Burke, drafté un an plus tôt par les Wolves et sitôt envoyé au Jazz. Un backcourt jeune et prometteur, alliage parfait de vitesse, de physique et de scoring. Oui mais voilà, un an plus tard, la traction arrière du Jazz est loin d’être la plus grande satisfaction de la franchise car si Rudy Gobert commence petit à petit à tout exploser et si Gordon Hayward assume son rôle de franchise player, Dante et Trey n’ont pas encore prouvé à leurs dirigeants qu’ils étaient ceux sur qui ils pourraient compter pour les prochaines saisons.
Les deux cas sont cependant différents car si Dante Exum en est encore au stade de la mutation comme peut l’être un Kyle Anderson avec les Spurs, le produit de Michigan a déjà grillé quelques cartes. Encore moins généreux qu’annoncé à la passe (5,7 assists pour sa saison rookie, 4,3 l’an passé), il a également déçu pour le moment au niveau de sa sélection de shoots et de son adresse en général (37,4%). Et si l’on rajoute à ça un corps fragile qui l’a déjà fait manquer une vingtaine de matches en 2 saisons, la déception l’emporte pour le moment concernant un Trey Burke qui donne du coup le bâton pour se faire battre au niveau des vannes faciles à faire avec son nom de famille… A l’arrivée, une production faiblarde (en comparaison avec les attentes placées en lui) de 12,8 points par match et un leadership toujours activement recherché. Mais l’heure n’est toutefois pas encore à tirer la sonnette d’alarme. En effet, Trey Burke est encore un gamin (pas encore 23 ans) et il a déjà prouvé sa capacité à mettre de gros shoots. Jugez plutôt :
On attendra donc encore quelques temps avant de pouvoir émettre un jugement plus officiel et définitif, cette saison ressemblant forcément à ce qu’on pourrait appeler un tournant dans la carrière du gamin. On en reparle dans quelques mois ?
Dante Exum lui, n’a pas le même genre de soucis, ni le même genre de pression. Celui que l’on pourrait parfois comparer à un Penny Hardaway des bas-quartiers a peut-être pour le moment un physique plus solide que celui d’Anfernee mais n’a pas encore montré ne serait-ce que 2% du talent de l’ancien meneur du Magic. Mais rien n’est perdu. Pour preuve une première saison discrète mais loin d’être catastrophique (4,8 points et 2,4 assists) et des performances solides en Summer League, toujours un bon repère même si la concurrence peut parfois y être aussi rude qu’en troisième division bolivienne. Le jeune kangourou pourrait profiter de cette saison pour commencer à pointer le nez à la fenêtre mais il bénéficiera en tout cas encore cette année de circonstances atténuantes en cas de contre-performances car, rappelons-le, le baby n’a que 20 ans et encore de belles et longues années pour se faire un nom et une place dans une rotation qui retrouvera dans deux mois un Alec Burks qui avait manqué 55 matches l’an passé, après une saison 2014 de toute beauté.
Un été calme. Trop calme ?
Un rookie solide à défaut d’être un gage de sûreté, puis deux renforts venus d’autres contrées, inconnus du grand public bien que présentant de solides CV. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’été dans l’Utah a été plutôt calme. Concernant Trey Lyles, l’essentiel pour Snyder et ses boys sera de savoir ou et quand l’utiliser. Il fallait du renfort à l’intérieur, reste au produit de Kentucky à s’établir dans la raquette et à laisser Gordon et ses potes prendre des shoots de loin. Il partagera le poste 4 avec Derrick Favors et Trevor Booker et devrait se voir offrir du temps de jeu rapidement du fait de la rotation assez courte du Jazz à l’intérieur. Autre recrue qui viendra squatter la raquette du Jazz, Tibor Pleiss. Drafté en 31ème position par les Nets en 2010, le géant allemand (2m18) a enfin traversé l’Atlantique après s’être fait la main pendant trois saisons en Liga ACB. Loin d’être un gage de sûreté dans la Grande Ligue, le pivot de 25 ans fera ses gammes aux côtés de Rudy Gobert et sera accompagné pour porter les sacs par Raul Neto, drafté lui par les Hawks en 2013. A 23 ans, le Brésilien sort d’une bonne saison avec Murcia et tentera de bousculer un peu la hiérarchie à la mène, sur un poste où rien n’est encore établi dans l’Utah.
Voilà voilà. Vous vouliez du piquant ? Un GM qui envoie du rêve et qui attire les gros noms ? Désolé mais faudra repasser. Car dans l’Utah cet été, on fait dans la discrétion, en partant sur un principe de confiance pour les joueurs déjà en place, tout en s’évertuant à rajouter les quelques truelles d’enduit manquant à un ensemble déjà solide. Tout ça peut bien paraître léger, mais jusqu’à preuve du contraire, l’effectif actuel a prouvé certaines choses et a toutes les chances de rééditer ses perfs dès l’automne prochain. Ne pas mettre la charrue avant les bœufs mormons, tout un art pour le Jazz…
Pis y’a cette Conférence Ouest aussi hein …
Car ne pas réussir à se qualifier pour la postseason à l’Ouest est-il si grave ? On rappelle tout simplement que l’an passé une franchise comme le Thunder n’avait su s’extraire du bourbier de la Conférence, pas aidée il est vrai par les blessures, mais ceci prouve l’âpreté de la mission. Et cette année ne dérogera évidemment pas à la règle. Puisque si les Blazers, voire les Mavs, galèreront sans doute pour conserver le niveau affiché l’an passé par la faute d’un été moins offensif que la concurrence, c’est le contraire qui risque de se passer à Oklahoma bien sûr, mais aussi à New Orleans, Phoenix. Voire même, soyons fous, pour des Lakers, des Kings et des Wolves qui devraient gonfler leurs nombres de victoires acquises l’an passé. En vérité, seuls les Nuggets semblent totalement en reconstruction à la ramasse de ce côté-ci des États-Unis et c’est pour cette raison qu’un roster efficace ne suffit aujourd’hui plus pour gagner des matches. Si l’on veut survivre à l’Ouest en 2015, c’est non seulement d’un groupe équilibré dont il faut bénéficier, mais également d’un stratège doué aux manettes et d’un projet concret et solide. Le tout en évitant les blessures et les coups du sort, ce que le Jazz a plutôt bien fait pour le moment mais qui n’est du coup jamais acquis…
En bref, on aura encore cette saison une Conférence au summum du hardcore, où gagner 48 matches n’est même plus un gage de sécurité. Et si de ce côté-là on se marre bien à l’Est en envoyant chaque saison des bilans négatifs en postseason, la vérité est donc toute autre pour les franchises des divisions Northwest, Southwest et Pacific… Le bilan sera donc quoiqu’il en soit à tempérer pour une équipe douzième à l’Ouest et un groupe à la même place mais à l’Est, une vingtaine de wins pouvant séparer les deux équipes…
Bref, c’est pour quand les Playoffs chez les Mormons ?
Vous l’aurez compris, la saison 2015/16 ne “devrait” pas -encore- être celle du retour en Playoffs pour le Jazz. Trop de jeunesse donc pas assez d’expérience. Trop de concurrence pour espérer finir dans les 8. Mais qu’on soit d’accord, tous les feux sont au vert ou presque dans la ville du Lac Salé. Un effectif assez jeune et talentueux pour espérer faire la nique dans quelques années aux cadors de la Conférence Ouest, si bien sûr la courbe de progression va dans le sens attendu et si le front office prend les bonnes décisions d’ici deux ans, deux années charnières qui décideront si oui ou non le Jazz a sa place parmi les prétendants aux Playoffs – voire mieux – dans quelques temps.
Verdict : on attend 2017 ?
Du positif tout de même, puisqu’on pourra cette année encore veiller tranquillement au développement des jeunes pousses du Jazz. En espérant même voir notre Rudy national exploser et envoyer des bâches à la pelle pour faire valoir son nom dans la course au DPOY. Pour le reste, on ne change pas une équipe qui progresse et Quin Snyder continuera donc de compter sur un roster appliqué et talentueux, à défaut d’être déjà mûr. On reviendra prochainement vers vous pour les prévisions d’avant saison mais on peut d’ores et déjà tabler sur une barre des quarante victoires, soit 2/3 wins de plus que l’an passé. Et ce sera déjà pas mal, vu l’adversité actuelle…
source image : purpleandblues.com