Trois Sixers en sortie de tank : Joel Embiid, Nerlens Noel et Jahlil Okafor pourront-ils cohabiter un jour ?

Le 18 juil. 2015 à 21:52 par David Carroz

Il y a quelques jours, les Sixers perdaient de nouveau Joel Embiid pour une saison entière, après une première année à squatter le banc. Si des messages de sympathie envers le joueur ont forcément fait surface, Philly n’a pour autant pas vibré plus que cela à l’annonce de cette nouvelle. Il faut dire que le mode reconstruction est toujours activé et surtout qu’avec Nerlens Noel et Jahlil Okafor, le potentiel est déjà présent dans la raquette. Focus sur le trio du frontcourt, qui représente une grande partie de l’avenir des 76ers.

Formation d’un frontcourt à contre courant

Après l’échec Andrew Bynum, Philadelphie a décidé de tout reconstruire sous l’impulsion de Sam Hinkie. Un plan brutal basé sur une démolition totale de l’existant pour repartir sur de nouvelles fondations, issues pour la plupart de la Draft. Premier élément, Nerlens Noel. Malgré sa blessure aux ligaments croisés, le General Manager mise sur lui. Mais sur le long terme, puisqu’il ne verra pas les parquets pour débuter. Un an plus tard, alors que Philly n’hérite que du 3ème choix malgré ses efforts de tanking, c’est un nouvel intérieur – lui aussi blessé – qui atterrit en Pennsylvanie. Noel va pouvoir commencer sa carrière, mais Joel Embiid prendra sa place à l’infirmerie. Sans surprise, on ne le voit pas non plus fouler un parquet NBA de la saison. Mais la raquette du futur des Sixers semble trouvée. Jusqu’à cet été 2015. Pour la seconde fois consécutive, la Cité de l’Amour Fraternel récupère le 3ème pick. Qui se transforme en un nouveau pivot puisqu’ils sélectionnent Jahlil Okafor. Bonne nouvelle, il n’arrive pas avec sa carte vitale en surchauffe contrairement à ses deux prédécesseurs. La politique de la franchise – sous l’impulsion de Sam Hinkie et de Brett Brown – a toujours été claire à ce sujet : prendre le meilleur joueur disponible, peu importe son poste. Par conséquent, la collection de poste 5 continue au Wells Fargo Center. Une situation surprenante alors que la NBA prend le virage du small ball, comme en atteste le titre des Warriors avec un Draymond Green titulaire en tant que “man in the middle.”

Pourtant, plus qu’une question de taille, ce sont plutôt les compétences à squatter le parking qui prennent une place considérable dans la Ligue, n’en déplaise à Phil Jackson. La capacité pour une équipe d’avoir des snipers capables d’étirer les défenses pour laisser le champ libre soit aux pénétrations, soit au jeu intérieur. En 2012 et 2013, les shooteurs du Heat offraient de la place pour les pénétrations de Dwyane Wade et LeBron James. En 2014, le basket total des Spurs donnait la part belle aux artilleurs, tout en permettant à Tim Duncan de jouer son jeu in the paint. En 2015, Stephen Curry, Klay Thompson et compagnie ont ouvert des espaces depuis la ligne des 3 points. C’est pour cela que les Sixers vont maintenant chercher des gâchettes pour entourer leur secteur intérieur. Sans cela, aucune cohabitation possible, avant même de se poser la question de la distribution des minutes entre Noel, Embiid et Okafor. Pour l’instant, c’est loin d’être le cas puisque la saison dernière Philly tournait à 32% de loin, seuls les Hornets (31,8%) faisant pire. En construisant à contre courant, ils ont certes obtenu des points forts qui peuvent être rares en NBA, mais ils sont surtout négligé ce qui fait vivre les équipes de nos jours. C’est ainsi dans l’optique d’un rééquilibrage des forces que Nik Stauskas a ramené son boule en Pennsylvanie. Si sa saison rookie n’a pas été exceptionnelle à Sacramento, il a envoyé du 42,1% depuis la cave de l’asile après le All Star Weekend. La question de l’adresse est donc maintenant la priorité du front office pour permettre au potentiel du trio des raquettes de s’affirmer.

Quel avenir pour Embiid et la raquette de Philly ?

Un trio fictif pour le moment. Avec le nouveau coup d’arrêt pour Joel Embiid, de nombreuses questions sont soulevées concernant sa carrière. Une seconde opération du pied et une autre année blanche ralentissent forcément sa progression et on est en droit de se demander si la suite de son aventure en NBA n’est pas remise en question. Demandez plutôt  à Yao Ming… Un exemple plus réjouissant serait celui de Zydrunas Ilgauskas qui avait su revenir, mais avec un temps de jeu limité, et même être All Star. De quel côté de la balance penchera-t-elle, cela reste à voir. Mais on peut se demander si les Sixers n’avaient pas un peu flairé le coup au printemps. Alors que son indisponibilité ne devait être que de 5 à 8 mois, l’attente a été plus longue. Certes ils avaient fait le même coup avec Nerlens Noel, mais les rumeurs concernant l’éthique de travail du Camerounais ou son surpoids ont réveillé quelques soupçons. Son retour en botte de protection en mars n’était d’ailleurs pas fait pour rassurer. En sélectionnant Jahlil Okafor cette année, Sam Hinkie savait-il déjà pour Embiid ? A-t-il pris les devants pour éviter une fin de carrière – avant même son début – de l’ancien de Kansas ?

Joel en bide Source : Montage TrashTalk

Joel en bide
Source : Montage TrashTalk

Une chose est sûre, le courtisan de Rihanna va encore pouvoir enflammer Twitter à défaut de briller sur les parquets cette saison, laissant le champ libre à la doublette Noel – Okafor. Pour autant, il est intéressant de réfléchir à la cohabitation entre les trois intérieurs, en imaginant le meilleur pour Embiid et un retour la saison prochaine. Pour l’instant, ses deux coéquipiers pourront trouver des automatismes et une complémentarité sur les postes 4 et 5, car la question qui se pose est de savoir comment les rôles vont être partagés.

La première chose à constater est que les trois joueurs sont plus des pivots que des ailiers forts, même s’ils peuvent évoluer en tant que power forward. Est-il possible de les aligner par paire sans qu’ils ne se marchent sur les pieds, sachant qu’aucun d’entre eux n’a le profil d’un stretch big qui s’éloignera de la raquette pour shooter de loin ? Si Joel Embiid et Jahlil Okafor semblent capables de s’écarter pour prendre des tirs à mi-distance, c’est loin d’être le cas pour Nerlens Noel dont le jeu offensif est bien moins développé que celui de ses coéquipiers. En effet, les deux derniers troisièmes choix de la Draft ont la possibilité de jouer dos au cercle ou face à celui-ci en attaque, possédant un jeu au poste plus qu’intéressant tout en ayant un toucher suffisant pour pouvoir prendre leurs responsabilités à 5-6 mètres. Une éventualité qui ne s’accorde absolument pas actuellement avec Noel.

De l’autre côté du parquet, c’est Okafor qui est le plus en difficultés. Noel a déjà prouvé en fin de saison dernière qu’il pouvait devenir un excellent défenseur NBA grâce à ses qualités athlétiques. Bon contreur, il sait également se bouger sur pick and roll du fait de sa mobilité bien au dessus de la moyenne pour un intérieur. Une sorte de Joakim Noah. Embiid quant à lui dispose aussi de certaines facilités pour protéger le cercle, tout comme dans ses déplacements. Plus grand et costaud que Nerlens, il a le potentiel pour être encore meilleur que lui défensivement, s’il foule un jour les parquets. Jahlil Okafor est beaucoup moins porté sur la chose et rappelle Big Al Jefferson. Il y a du boulot de ce côté.

En terme de complémentarité, les 3 paires possibles semblent clairement pouvoir exister en NBA, à condition de définir les rôles convenablement. Joel Embiid étant blessé, c’est à priori Noel et Okafor qui vont prendre l’avantage pour être les titulaires. Le premier serait le boss de la défense pendant que le second servira de point d’ancrage en attaque. Offensivement, le troisième année devra faire les poubelles en étant présent au rebond offensif et profiter un maximum des secondes chances. Une autre possibilité pour lui sera de jouer le pick and roll. Avec son explosivité, sa mobilité et sa détente, il pourra être servi pour finir au cercle. Parce qu’en ce qui concerne le shoot ou créer son propre tir, ça parait cuit. Le rookie quant à lui aura plus de liberté. Jouer au poste, régler la mire sur pick and pop… son arsenal est suffisamment développé pour pouvoir scorer de différentes façons. Ainsi, ils ne devraient pas trop se marcher sur les pieds. Comme défensivement Okafor sera transparent par moment, là encore la question ne se pose pas trop.

Philadelphie Sixers

Carlos Boozer a-t-il trouvé un successeur ?
Source : http://www.casalsport.com

En prenant la place de l’un des deux sur le parquet, Joel Embiid pourra embrasser son rôle. Celui du défenseur quand Noel ira souffler, et celui de l’attaquant en relai de Jahlil. Avec même une plus-value par rapport à chacun d’eux, puisqu’il semble le plus complet et le seul à pouvoir peser efficacement des deux côtés du terrain. Aux côtés d’Okafor, il offrira plus de diversité offensive alors qu’avec Nerlens la muraille pourrait devenir bien compliquée à franchir. Reste à voir si un rôle de 6ème homme est envisageable sur du long terme. Ces rotations, ce sera à Brett Brown de les gérer. Avec 96 minutes à distribuer aux intérieurs, il peut donner une demi-heure par rencontre à chacun d’eux. Suffisant pour les contenter ? N’oublions pas que le coach des Sixers est un ancien de la maison Spurs, où le repos des joueurs et la limitation du temps de jeu n’a jamais été un problème. Noel, Embiid et Okafor pourront-ils comprendre cela ? En fin de carrière, les mecs sont prêts à faire ce genre de sacrifice, moins sûr qu’ils le fassent aussi jeunes.

La question ne se pose pas encore, et au lieu de lutter entre eux pour passer un maximum de minutes sur le terrain, Joel Embiid se contentera de jouer les cheerleaders pour ses deux coéquipiers. Une situation qui retarde la décision de la raquette qui assurera l’avenir des Sixers, car même si chaque doublette semble viable et intéressante, difficile d’imaginer la cohabitation possible sur le long terme, à moins que Nerlens Noel ne devienne un super Taj Gibson en sortie de banc. En attendant, il aura tout le loisir de mettre en place une alchimie avec Jahlil Okafor dont les caractéristiques sont complémentaires des siennes. Si la saison se déroule bien pour eux deux, il deviendra difficile de voir comment Joel Embiid peut s’intégrer. La doublette Okafor-Noel a donc une occasion en or de mettre main basse sur la raquette des Sixers. L’un sera la force offensive au poste pendant que l’autre comblera ses lacunes défensives.

Le Camerounais sera-t-il alors condamné à un rôle de 6ème homme ou au départ ? Si sa blessure doit limiter ses minutes à l’avenir, cela pourrait-être une solution. Sinon, il sera candidat au départ. Malheureusement pour Philly, sa valeur sera alors limitée. Mais Sam Hinkie n’est pas du genre à faire des sentiments et n’hésitera pas à faire des échanges, surtout que son plan de reconstruction va entrer dans une nouvelle phase, celle sur laquelle on capitalise et où on laisse le tank au garage. Au bout de la troisième année, il faudra des progrès, avec ou sans Embiid.

À partir de l’été prochain, le squelette de l’équipe pourrait s’articuler autour de Jahlil Okafor, Nerlens Noel, Dario Saric et Nik Stauskas. S’il manque toujours un meneur et un banc, l’effectif propose de la jeunesse et du potentiel. On attendra donc une amélioration chez les Sixers, au moins dans le jeu. Et si les résultats pouvaient suivre avec un tel roster, il faudra ajouter de l’expérience, pas un nouveau jeune issu de la Draft. Joel Embiid ou pas, Philly doit avancer.

Source image : www.phillymag.com

 

 

 


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