Retour sur le Quai 54, édition 2015 : entre déception et admiration, bordel et progression
Le 15 juin 2015 à 15:30 par Bastien Fontanieu
L’événement dont toute la capitale parlait a bien eu lieu ce weekend sous le soleil de la Concorde, des rayons chaleureux et positifs mais qui ont malheureusement aussi mené à une grosse tempête. Ingérable ou mal gérée ? Explications.
C’est probablement la question qui nous a été le plus posée sur ces deux dernières journées. TrashTalk, vous avez pensé quoi du Quai 54 ? Les gars, c’est quoi votre avis sur l’organisation et la sécurité ? Avant d’entamer la moindre plaidoirie qui pourrait mettre en avant ou enfoncer cette édition, il convient de rappeler que nous avions écrit un petit papier focalisé sur les coulisses de l’événement, dans lequel nous mentionnions -entre autres- le fait que l’organisation était toujours d’un très haut niveau. Si ce weekend aura clairement changé notre perception générale sur ce point fondamental et fortement critiquable, il faudra peut-être attendre que les émotions redescendent afin de séparer chaque catégorie et permettre à chacun de prendre suffisamment de recul. Le tout, notamment, pour résumer la chose en une seule phrase : organisation d’un très haut niveau, oui, mais pas forcément pour les personnes imaginées. Et c’est justement le premier point qu’on voudrait aborder.
Il est assez difficile d’envisager que des personnalités comme Carmelo Anthony, Scottie Pippen, Ray Allen, French Montana ou Mobb Deep puissent venir sans soucis à un événement mal organisé, voire totalement bordélique. Pour les Evan Fournier, Kevin Séraphin, Joke, Gradur et autres Lassana Diarra présents ce weekend, ce fût probablement le top. D’où le fait de mentionner cette ‘séparation’ en plusieurs catégories et de la stipuler en premier, afin de bien réaliser les différentes façons d’attaquer le mot organisation. Pour les VIP, oui, pour les autres, hésitation. Car la plus importante question qu’on peut se poser, qui a été partagée à de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux et créé le débat sur notre canapé, c’est finalement la suivante : le Quai 54 représente-t-il davantage une vitrine bling-bling ou un événement urbain censé rassembler les gens pour voir du basket ? En prenant ‘Bring your game, not your name‘ comme tatouage, on peut émettre quelques doutes. En se focalisant davantage sur les animations plutôt que le jeu lui-même sur le terrain (qui était intense, physique, engagé, avec des mecs qui avaient vraiment la dalle), on peut grincer des dents. Et en voyant des fans désabusés avec qui nous avons discuté en attendant patiemment notre entrée, certains écrasés pendant que d’autres se prenaient des tartes par la sécu, on fait la soupe à la grimace.
Le bilan de cette édition 2015 est particulièrement noir, en premier lieu car c’est l’organisation… de la sécurité et des entrées qui a failli. Alors que plusieurs passionnés avaient fait leur boulot en réservant leur FlightPass plusieurs jours avant le début des festivités, système qui aurait pu permettre de contrôler un minimum l’affluence, c’est un tweet envoyé la veille (!) afin d’annoncer la suppression de ce bracelet qui a créé la chute du premier domino, celui qui enverra notamment une jeune demoiselle aux urgences, blessée par les émeutes du dimanche matin. Et quelque part, comment ne pas anticiper l’équation pour mieux comprendre le calvaire à venir ? Michael Jordan + événement gratuit = débordements assurés. Annoncez que Cristiano Ronaldo sera à Châtelet entre 18h05 et 18h07, même en assurant 50 gardes du corps autour de lui ce sera quand même la folie. Le teasing était donc alléchant, mais les conséquences prévisibles. Et sachant que la foule installée avait joué le jeu niveau ambiance, que le Dunk Contest signé House of Hoops de Foot Locker proposait trois des meilleurs aliens vivant actuellement sur notre planète, que le cadre était sublime place de la Concorde, que certaines célébrités avaient fait le déplacement et surtout qu’Hammadoun Sidibé pouvait rencontrer son idole en tant que fondateur du Quai 54, le terme de déception est presque trop faible.
Notre dynamique étant constamment tournée vers l’évolution du basket en France et sa démocratisation en lien avec les progrès de l’équipe nationale, on ne peut descendre sans sommation le groupe derrière la gestion de cet événement. Simplement, quelques suggestions qui pourraient être lues d’un coin de l’oeil pour permettre une évolution de la réflexion, un débat sain afin de mieux anticiper les prochaines éditions, pour qu’un tremplin aussi beau sur le papier soit au mieux utilisé. La sécurité bien évidemment sur laquelle on ne reviendra pas, il suffit d’aller sur Twitter pour voir la déferlante de messages logiquement énervés allant à l’intention des athlètes qui géraient les entrées. La communication également, car on ne peut changer de système à 24 heures du début d’un tournoi. Remettre le basket sur le devant de la scène ? Remplacée notamment par un concours de pompes ce dimanche, ambiancée par deux humoristes malheureusement peu connaisseurs, la balle orange est peut-être redescendue au même niveau que les autres sphères du monde urbain, qui est très bien mis en avant par le Quai 54 mais a pris le pas sur ce qui faisait le succès de cet événement : une battle de qualité entre des équipes affamées du monde entier. Les autres points pourront notamment être mentionnés dans les commentaires ci-dessous, car c’est bien ce qu’Hammadoun scandait dans son discours du dimanche. Cet event est fait pour le public, pour nous comme pour vous. Justement. Peut-être serait-il temps de prendre en compte ses remarques, après avoir loupé de nombreuses cases sur cette édition 2015.
La frustration est bien là, compréhensible pour ceux qui ont attendu des heures afin de (1) voir Jordan mais finalement non ou (2) se faire spectaculairement rembarrer à l’entrée. Cependant, cet échec doit absolument mener à une dynamique progressive dans le groupe responsable du Quai 54. Comment mieux faire, mieux anticiper, mieux préparer pour mieux suivre ses propos : qu’il s’agit d’un événement rassemblant les passionnés de basket, quitte à faire rémunérer l’entrée.
Source image : TrashTalk