Souvenirs, souvenirs : il y a 40 ans, les Golden State Warriors de Rick Barry étaient champions NBA
Le 03 juin 2015 à 14:48 par Benoît Carlier
Demain, les Golden State Warriors disputeront leurs premières Finales NBA depuis près de 40 ans. Quatre décennies durant lesquelles les fans de la Bay Area de San Francisco n’ont cessé de se remémorer les exploits de Rick Barry et de toute sa clique en espérant qu’ils seraient un jour imités par leurs successeurs. Retour sur cette folle épopée de 1975 que beaucoup de supporters des Dubs n’ont pas eu la chance de connaître.
À l’époque, la NBA ne compte que 18 franchises réparties en quatre divisions inégales et la ligne à trois points n’existe pas. Et à l’aube de cette saison victorieuse de 1974-1975, les experts se demandent si les Warriors peuvent se hisser jusqu’en Playoffs alors qu’ils sont minés par des problèmes d’argent qui les empêchent de faire de grosses affaires lors de la Free Agency. Mais emmenés par un Rick Barry en pleine bourre (30,6 points, 6,2 assists, 5,9 rebonds et 2,9 interceptions de moyenne) les hommes de Al Attles terminent la saison au sommet de la Pacific Division et de leur Conférence avec un bilan de 48 victoires pour 34 défaites. Pourtant, au moment d’entamer les phases finales, tous les yeux sont encore tournés vers les poids lourds de l’Atlantique que sont les Boston Celtics et les Washington Bullets, juste devant les Buffalo Braves. En témoigne le titre de MVP reçu cette année là par Bob McAdoo (Buffalo) devant Dave Cowens (Boston) alors même que Barry effectuait une campagne formidable pour son deuxième passage aux Warriors après un détour de quatre ans en ABA. Il faut dire aussi que le franchise player californien ne jouit pas d’une grosse cote de popularité dans la Ligue, la faute à un caractère assez tranché et un ton parfois hautain avec ses adversaires mais aussi ses coéquipiers et ses coaches. Il est comme ça Rick, il est vrai et n’y va pas avec des pincettes. C’est aussi un leader qui sait tirer ses coéquipiers vers le haut. Sous sa houlette, Jamaal Wilkes va apprendre les ficelles du métier pour devenir le Rookie de l’année en 1975.
Les Bulls ne se laissent pas faire
D’abord opposés aux SuperSonics en demi-finale de Conférence, les Dubs s’en tirent sans trop de difficultés (4-2). Mais les ennuis arrivent au tour suivant avec les Chicago Bulls – qui jouaient à l’Ouest, tout comme Detroit, Milwaukee et Kansas City. Le début de série est équilibré mais Golden State se retrouve dos au mur après le Game 5 (2-3) et doit absolument repartir de l’Illinois avec une victoire sous peine de voir sa saison se terminer les yeux humides. Heureusement, le GM de l’époque avait prévu le coup en engageant Bill Bridges sur le buzzer de la trade deadline pour verrouiller Bob Love en cas d’éventuelle confrontation avec les Taureaux en post-season. Ce dernier donnera raison à Dick Vertlieb quelques mois plus tard, rendant Love et Chet Walker inoffensifs dans les derniers instants du match pour arracher un Game 7 décisif à Oakland. L’État Doré ne fera pas deux fois la même erreur et se dirigera vers les Finales. Une première depuis 1967 à San Francisco. Sous les ordres d’Al Attles, les Warriors pratiquent un jeu d’abord défensif malgré les cartons réguliers de Rick Barry et une moyenne de 108,5 points par match (1er de la ligue, leurs successeurs occupent la même place avec 110 pions cette saison). L’ancien joueur des Warriors de Philadelphie n’était pas un grand attaquant mais il avait réussi à passer 11 ans sur les parquets de la Grande Ligue grâce à son abnégation et sa rage en défense, des qualités qu’il a souhaité partager avec ses hommes par la suite au sein d’une équipe humble structurée autour d’une rotation à 10 joueurs.
Rick Barry MVP des Finales
Confrontés à Washington pour la dernière série de la saison, les Warriors ne sont pas favoris alors qu’ils ont perdu trois de leurs quatre rencontres annuelles face à l’équipe de la Maison Blanche. Mais Golden State prend tout le monde de court et surprend les Bullets chez eux lors du Game 1, Phil Smith réalisant une grosse performance en sortie de banc avec 20 points. De retour chez eux (le format des séries de Playoffs était alors 1-2-2-1-1) les Warriors ne peuvent même pas jouer dans leur enceinte habituelle d’Oakland, réservée pour un autre événement ce qui témoigne un peu des chances qu’on leur donnait pour arriver à un tel stade de la compétition en début de saison. Et plutôt que de réclamer d’annuler ce dernier pour pouvoir jouer les Finales au nord du Bay Bridge, Rick Barry et les Warriors se sont concertés pour finalement décider de jouer au Cow Palace de Daly City au sud de San Francisco, leur ancienne maison également réputée pour favoriser les shooters grâce à ses cercles « moelleux ». Barry sera le grand homme de la soirée, ses 36 points du jour permettant à GS de s’en sortir malgré un retard de 13 points en milieu de partie. Poussés par leur public, les Dubs ne vont pas relâcher leurs efforts lors du Game 3, sachant pertinemment qu’aucune équipe NBA n’a jamais remonté après avoir été menée 3 à rien dans une série (c’est toujours le cas aujourd’hui). 38 points de Rick Barry et sa façon si atypique de tirer les lancers-francs plus tard, Golden State tient son fameux avantage jugé irrémédiable. Les Warriors ne tiennent pas particulièrement à devenir la première franchise à laisser fondre une si belle avance et se doivent d’enfoncer le clou dans la capitale fédérale américaine le 25 mai 1975. Mais les choses s’annoncent plutôt mal alors qu’Attles est expulsé du match pour être allé dire à Mike Riordan ce qu’il pensait de la faute qu’il venait de commettre sur un de ses joueurs dans le premier quart-temps de la rencontre (à 8:08 dans la vidéo ci-dessous). Orphelins de leur coach, les joueurs peinent à trouver leurs repères et laissent jusqu’à 14 points d’avance à leurs adversaires. Mais c’est lorsque ses coéquipiers étaient au plus mal que Butch Beard va suppléer Barry et ses 20 unités pour enchaîner les sept derniers points de son équipe et lui offrir le titre sur la plus petite des marges (96-95). Pour la première fois de leur histoire, les Warriors sont champions NBA ! L’écart cumulé des quatre matches n’est que de 16 points, mais Oakland accueillera bien le Larry O’Brien Trophy. Rick Barry se consolera de ne pas avoir reçu le titre de MVP en se faisant logiquement nommer meilleur joueur des Finales avec des statistiques de 29,5 points, 5 assits, 5 rebonds et 3,5 interceptions par match à 93,8% d’adresse sur la ligne des lancers dans ce qui sera sûrement la saison la plus aboutie de sa carrière. Stephen Curry sait donc ce qui lui reste à parcourir s’il souhaite entrer un peu plus encore dans l’histoire de sa franchise. Ça commence dès demain à partir de 3 heures du matin et vue la saison des « Splash Brothers », il ne sera pas nécessaire de retourner au Cow Palace cette année…
Cerise sur le gâteau, Clutch-23 a dépoussiéré de vieilles bobines d’époque pour nous délivrer un mix inédit retraçant les prouesses du numéro 24 des Warriors et de ses coéquipiers durant les Finales 1975. Une manière de réaliser que la passion du public de Golden State ne date pas d’hier et que les fans ont toujours aimé donner de la voix pour déstabiliser les visiteurs et sur-motiver leurs héros pour les pousser à porter les couleurs des Warriors le plus haut possible au sein de la NBA. Peut-être que dans 40 ans, nous vous ressortirons un autre clip inédit avec de vieilles images d’un certain Stephen Curry et de son groupe, couronnés en 2015 face aux Cavaliers de LeBron James. Mais ça, c’est encore un peu tôt pour le dire…