Encore une série en 7 pour les Clippers : tendances SM, barrage psychologique ou juste peur ?
Le 15 mai 2015 à 10:02 par Bastien Fontanieu
La question semble stupide, ironique, teintée d’humour et assez aisée à écarter. Cependant, force est de constater qu’il existe un petit penchant pour le sado-masochisme chez les hommes de Doc Rivers. Mais c’est quoi, finalement, leur problème ?
Grizzlies 2012.
Warriors 2014.
Spurs 2015.
Trois adversaires différents, trois périodes différentes dans l’histoire des Clippers, mais un seul et même résultat. Quatre-trois. Pas trois-quatre, pas quatre-deux ni quatre-un, même pas la peine d’envisager le quatre-zéro : les seules séries remportées par les soldats californiens depuis l’arrivée de Chris Paul ont dû passer par un match ultime, ces foutus Game 7 qui vous font encore plus transpirer que Dwight Howard aux lancers et envoient la moitié d’une fanbase aux urgences. Le pivot des Rockets vient d’ailleurs s’ajouter à la liste des potentielles victimes, après avoir réussi un comeback exceptionnel au Staples Center ce jeudi. Ses Rockets accueilleront des Clippers très franchement abasourdis par ce qui vient de leur tomber sur la gueule, un ticket pour la Finale de Conférence malheureusement brûlé dans leur propre paume. En effet, DeAndre Jordan et ses copines ont une nouvelle fois craqué dans un match ultra-important, ce quatrième quart-temps invraisemblable où James Harden regardera le match sur le banc et ses copains réaliseront l’exploit de l’année. Revenir de 19 points -19 !- à l’extérieur, dans les 15 dernières minutes d’un match de la mort. Sympa…
Du coup, comment ne pas repenser au fameux Game 5 joué à Oklahoma City l’an dernier, cette bataille controversée qui devait terminer dans les mains de Chris Paul avant de voir le Thunder enchaîner les événements improbables, ceux qui nourrissent la légende des Playoffs ? Souvent visé pour son irrégularité dans le money time, le meneur a encore donné les minutions à ses détracteurs en laissant Houston transformer le Staples Center en playground personnel. Loin de nous l’envie de fusiller uniquement CP3 sur ce retournement de situation digne d’un scénario hollywoodien, ses coéquipiers et son entraîneur pesant énormément dans la balance, mais il y a là une vraie énigme que l’intéressé ne semble pouvoir déchiffrer, comme une sorte de blocage personnel formé de titane. L’a-t-il résolu en assassinant les Spurs au premier tour ? C’est ce qu’on peut encore penser, tant que ses Clippers sont vivants. Mais en cas de défaite ce dimanche, chez des Rockets qui semblaient déjà enterrés jusqu’aux lèvres après deux bifles monumentales à Los Angeles (Game 3 et Game 4), il n’y aura plus grand chose à dire sur le dossier Paul. Car en tant que leader expérimenté de cette équipe, en tant que porte-drapeau de cette bande ayant survécu l’épisode Sterling, ce ne sont certainement pas Blake Griffin ou Matt Barnes qui seront pointés du doigt en premier. Non, aussi injuste que soit ce petit jeu, c’est bien Chris qui devra porter le poids principal d’une telle chute, un match que Lob City devait remporter 99 fois sur 100 avant de se transformer en Choke City.
Certains pointeront du doigt l’histoire de cette franchise, leur capacité à répéter les mêmes erreurs quand on aperçoit un bout de changement. Pourquoi pas. Mais comme dirait ce cher Manuel Valls, : merde, quand même, battre le champion en titre au premier tour, dans un Game 7 où l’expérience collective de l’adversaire surplombait aisément celle des hôtes, c’était exceptionnel. Et on pensait du coup découvrir de nouveaux Clippers, des guerriers apprenant de leurs erreurs, les deux mains sur le volant et le regard confiant. Tout ça jusqu’à ce matin, dans ce Game 6 à la trajectoire hors du commun. Et donc finalement, non, peut-être pas. Peut-être qu’on aura droit à la spéciale, celle d’un 3-1 flingué en quelques jours, alors qu’on commençait à dessiner nos plus belles pancartes concernant le duel Blake Griffin – Draymond Green. Peut-être que l’intérieur perdra un ballon crucial dans la dernière minute, Chris Paul loupera un tir ou DeAndre Jordan gobera un rebond alors que la balle est au-dessus de l’arceau. Peut-être. L’autre route ? Elle existe encore, aussi tumultueuse soit-elle. Les chiffres suffisent, comme mentionnés en tout début d’article. Un Game 7 à l’extérieur, du déjà-vu pour ces Clippers qui l’ont emporté à Memphis il y a quatre ans, ils peuvent donc y arriver une nouvelle fois. Mais cette difficulté permanente à finir une série pourra jouer un nouveau tour aux angelinos, que ce soit à cause de leur meneur réputé dans cet art peu apprécié de la mouillade, Doc Rivers qui possède aussi quelques beaux Game 7 flingués en carrière ou cette franchise dont le karma ne semble pas vraiment prêt à changer de camp.
Ce dimanche, l’histoire des Clippers est entre les mains des joueurs. Comme face aux Spurs il y a deux semaines, une majorité pourra penser que c’est déjà fini pour eux. Mais pour survivre et avancer, il faudra passer par un énième Game 7. Encore un, presque une habitude pour CP3 et ses copains…
Source image : playoffbrasil.com.br