Fini de parler, Joakim Noah doit de nouveau peser sur les succès des Bulls
Le 10 mai 2015 à 18:09 par David Carroz
Laissons de côté l’aspect clivant du personnage. Oublions sa personnalité qui ravit les fans des Bulls et énerve les autres. Mettons en suspens sa condamnation à aller brûler en enfer pour ne pas venir en équipe de France. Et essayons de nous concentrer essentiellement avec un minimum de recul et d’objectivé sur la saison galère que vit Joakim Noah. Et sur sa possibilité de pouvoir la sauver tout de même.
Alors que Chicago vient de réussir pour la première fois à prendre deux matches en Playoffs à une équipe de LeBron James (3 défaites 4-1 jusqu’à présent), les Bulls ont besoin de Jooks. De ce joueur au profil atypique qui avait porté son équipe durant l’absence de Derrick Rose, en particulier la saison dernière. Un mec avec un shoot encore plus moche que celui de Shawn Marion qui a su se transcender en 2013-14 pour représenter les espoirs d’une équipe encore plus cassée que sa carcasse actuelle, au point de se retrouver dans la All-NBA First Team, d’être élu Défenseur de l’année et de finir quatrième pour le trophée de MVP. Devant James Harden ou Stephen Curry. Il faut dire qu’avec 12,6 points, 11,3 rebonds et 5,4 passes en 35,3 minutes, le pivot chicagoan avait réalisé sa meilleure année et de loin. On a du mal à imaginer que cela date d’il y a un an tellement Joakim Noah a traversé l’exercice 2014-15 comme une âme en peine. Et quitté la compagnie des superstars.
Il faut dire qu’après son opération au genou l’été dernier, Jooks n’a toujours pas retrouvé l’intégralité de ses moyens physiques, même s’il s’en défend. Sans compter qu’au sein d’un effectif bien plus fourni que par le passé, il n’a plus la balle aussi souvent et ses stats s’en ressentent (7,2 points, 9,6 rebonds et 4,7 passes). Et ça ne s’arrange pas avec les Playoffs où le pivot n’est que l’ombre de lui-même avec seulement 5,2 points à 39% de réussite et 18,8% aux lancers-francs…
Une telle baisse de régime depuis 12 mois dépasse le simple cadre des soucis physiques. Bien entendu, la signature de Pau Gasol, le retour de Derrick Rose et l’explosion de Jimmy Butler font que le rôle de Joakim Noah n’est plus le même. Rien d’étonnant, mais ce n’est pas ce qui dérange aujourd’hui. Non, le souci, c’est qu’on ressent un mal-être chez Jooks et qu’on ne retrouve pas l’intensité et l’envie qui étaient siennes. En plus d’avoir perdu son statut – certes éphémère – de franchise player des Bulls, il a également mis de côté celui d’âme et de moteur de cette équipe. Comme si, en plus de son genou, quelque chose d’autre s’était cassé.
Le pivot français doit composer avec un nouveau positionnement défensif depuis que Pau Gasol est là pour protéger le cercle – quand il veut bien défendre. Il est alors difficile pour lui d’être le boss de ce côté du parquet, celui qui aboie et qui replace ses coéquipiers. Cette situation le perturbe, et même s’il ne s’en est jamais plaint, il parait déconcerté par son utilisation. À tel point que des rumeurs évoquant sa volonté de commencer sur le banc pour avoir plus de minutes en tant que 5 avaient fait leur apparition en cours de saison.
Mais tout cela ne justifie pas qu’il ait perdu sa hargne. Lors des deux premiers matches face aux Cavs, il était complètement à l’Ouest sur le terrain, devenant un boulet pour son équipe, ayant un impact bien plus négatif que les chiffres peuvent le laisser penser. Pas assez agressif, maladroit en attaque, même poser un écran et se déplacer sans le ballon deviennent des calvaires pour le plus grand amoureux de la ville de Cleveland. Pour couronner le tout, il s’est retrouvé au cœur d’un échange verbal aussi inutile que stupide avec un quaterback local avant d’être également puni par la Ligue pour avoir poussé un fan des Cavs. Mode Lance Stephenson activé, de quoi devenir un parasite pour son escouade.
Probablement conscient de sa nuisance, on a enfin vu un autre visage pour Joakim Noah vendredi à Chicago. Plus concentré, volontaire offensivement – malgré un gâchis et une maladresse énormes (1/8) – le pivot a offert une bien meilleure image. Enfin concerné, vocal – et pas seulement pour répondre à LeBron James – on a vu plus de niaque de sa part. Les Bulls ont besoin de ça, que Jooks soit dans l’émotion qu’il sait véhiculer à ses coéquipiers. Tom Thibodeau et ses hommes savent très bien qu’ils n’auront plus jamais un Noah qui score des dizaines de points, qui court pendant 48 minutes ou qui sorte les mêmes stats que l’an dernier. Non, ce qu’ils veulent, c’est son énergie contagieuse et son jeu sans le ballon pour faciliter le leur.
À lui de leur offrir tout cela. Qui plus est avec la blessure de Pau Gasol, il doit retrouver son influence en même temps que son rôle en défense. Chicago a besoin de lui à 100% dans l’envie, même s’il est diminué physiquement. Car si les Bulls ne pouvaient rien espérer lorsque Joakim Noah était leur meilleur joueur, ils n’arriveront à rien sans lui. C’est à lui de jouer.
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