James Harden et les lancers francs, cette grande histoire d’amour qui a tendance à rendre jaloux

Le 24 mars 2015 à 19:08 par Nicolas Meichel

En inscrivant 44 points contre Indiana hier soir, James Harden a réalisé une nouvelle performance de MVP en sortant son huitième match à plus de 40 pions cette saison. Soir après soir, le barbu continue d’affoler les compteurs, notamment sur la ligne des lancers francs où il pose sa tente à chaque rencontre. Largement leader de la ligue au niveau des free throws tentés, l’arrière de Houston frustre évidemment beaucoup ses adversaires, mais également certains fans de basket. Pourtant, réussir à aller sur la ligne est une qualité, pas un défaut.

“Pfff, encore plus de 20 lancers tentés”, “il est surévalué, il marque tellement de points sur la ligne”, “c’est grâce aux arbitres s’il est l’un des meilleurs scoreurs de la NBA”… Si vous parcourez un peu les forums et autres plateformes de discussions, c’est exactement ce genre de réactions que l’on peut observer après chaque grande performance de James Harden. Et c’est une nouvelle fois le cas aujourd’hui, après que le barbu ait inscrit 21 de ses 44 points sur la ligne des lancers francs face aux Pacers la nuit dernière. Cette saison, l’arrière des Rockets est largement en tête de la ligue dans la statistique des free throws tentés, avec pas moins de 698 tentatives (soit 10,1 par rencontre). A la seconde place de ce classement, on retrouve son ancien coéquipier du Thunder Russell Westbrook, qui en est “seulement” à 531.

James Harden fouPour beaucoup, cette statistique dérange. En effet, nombreux sont ceux qui ont tendance à relativiser les belles performances d’Harden à cause justement de son nombre élevé de lancers francs. En fait, c’est comme si marquer des points à partir de la ligne était devenu quelque chose de tabou, quelque chose qui ne mérite aucune reconnaissance. Alors oui, le barbu passe sa vie à tirer des lancers francs, lui qui inscrit quasiment un tiers de ses points depuis la charity stripe. Mais où est le problème là-dedans ? Provoquer des fautes et aller sur la free throw line sont des qualités que tous les grands attaquants possèdent, et non des défauts qui diminueraient la grandeur d’une perf’. Harden est aujourd’hui souvent critiqué sur ce point, à croire qu’il est le premier mec de l’histoire à obtenir des coups de sifflet à répétition. Ces dernières années, tous les meilleurs scoreurs de la NBA étaient des joueurs qui avaient l’habitude d’être beaucoup sur la ligne. On peut parler de Kobe Bryant (10,2 lancers francs tentés par match en 05-06), LeBron James (10,3 en 07-08), Kevin Durant (10,2 en 09-10), Dwyane Wade (10,7 en 05-06), Allen Iverson (11,5 en 05-06), Paul Pierce (10,3 en 05-06) ou encore Michael Jordan (11,9 en 86-87) si l’on remonte à un peu plus loin. Il n’y a donc rien de nouveau sous le soleil. De plus, contrairement à une certaine pensée collective, James Harden est loin de recevoir des lancers francs gratuits. Ceux qui ne regardent pas les matches ont tendance à se plaindre du nombre très élevé de free throws tentés par le barbu, mais il suffit de se mettre devant une rencontre des Rockets pour vite comprendre qu’Harden est très malin pour obtenir les coups de sifflet. Déjà exceptionnel pour driver vers le panier, l’arrière de Houston sait exactement comment provoquer les fautes, il sait quand et comment aller au contact, il sait comment piéger ses adversaires. Et quand on analyse les décisions arbitrales le concernant, on se rend compte que la majeure partie du temps, elles sont correctes. S’il arrive évidemment qu’Harden en rajoute et obtienne le bénéfice du doute avec quelques calls de superstar par-ci par-là, il y a très souvent faute et c’est incontestable. Alors oui, on peut comprendre que cela soit frustrant à regarder. C’est vrai quoi, en pleine nuit, il y a plus excitant que de voir un mec faire le même geste à longueur de temps et répéter ses gammes. C’est ennuyant et il n’y a rien de mieux pour s’endormir, d’autant plus que le match dure déjà assez longtemps comme ça avec les nombreux timeouts, visionnages vidéo et autres publicités. Mais ce n’est pas une raison valable pour diminuer ce que réalise James Harden cette saison. C’est tout à fait compréhensible de ne pas être fan de son jeu ou de son style, mais ce qu’il fait est terriblement intelligent et efficace. Le barbu sait comment obtenir ce qu’il veut, et il sait aussi qu’il est l’un des meilleurs tireurs de lancers francs dans la toute la ligue avec près de 87 % de réussite. Il joue donc logiquement sur ses qualités, et il a bien raison car c’est ce qui fait son succès aujourd’hui. Et tant que ses adversaires n’auront pas trouvé une autre solution que de se plaindre aux arbitres, il continuera encore et encore.

Alors comment répondre à cela ? C’est évidemment la question que se posent tous les adversaires des Rockets. Pour essayer de trouver la solution, il faut regarder les équipes qui ont réussi à limiter le nombre de tentatives du barbu sur la ligne. Cela a été le cas par exemple des Phoenix Suns il y a à peine trois jours, eux qui ont donné que cinq free throws à James Harden durant la rencontre. Le très bon site SB Nation a passé à la loupe plusieurs possessions défensives des Suns durant ce match et est arrivé à la conclusion suivante. La première chose à faire, c’est naturellement de défendre l’arrière de Houston le mieux possible en un-contre-un en ne lui laissant aucune ouverture vers le panier. Évidemment, c’est la base et c’est plus facile à dire qu’à faire. Pourtant, c’est ce que P.J. Tucker a réussi samedi dernier, lui qui a été en mode lockdown defense face à Harden (5/19 au tir dans ce match). Mais souvent, un défenseur ne suffit pas pour empêcher ce dernier de driver, du coup il faut absolument une aide défensive à mi-distance afin de fermer le plus rapidement possible l’accès au panier, quitte à laisser certains joueurs extérieurs légèrement ouverts (mais pas trop non plus évidemment). Le but est de lui accorder très peu d’espace de manœuvre et de l’enfermer à mi-distance. Phoenix a très bien fait cela avec notamment les frères Morris et Brandan Wright. Alors oui, cela est parfois un peu risqué étant donné la très bonne vision de jeu du barbu et la qualité des shooteurs extérieurs des Rockets, mais c’est la meilleure solution pour empêcher Harden d’obtenir des points faciles. Autre aspect important, la défense en transition. Souvent, l’arrière des Fusées part en contre-attaque après un rebond, ce qui représente une opportunité parfaite pour lui d’aller au panier vu que la défense n’est pas en place. A ce moment-là, c’est souvent déjà trop tard. Le replacement défensif doit donc se faire le plus rapidement possible sous peine d’être puni dans la foulée. Alors évidemment, empêcher un joueur avec de telles qualités d’obtenir des fautes et des lancers francs est impossible. Il est trop talentueux individuellement et bien trop malin. Mais Phoenix (tout comme d’autres équipes durant la saison) a montré qu’il existait des vraies solutions pour le contenir.

Que vous soyez fan de James Harden ou son hater numéro un, le barbu mérite clairement de la reconnaissance pour ce qu’il réalise cette saison. C’est peut-être moche à voir, mais en fin de compte il fait gagner son équipe à sa manière et c’est bien ça le plus important. Comme tous les grands scoreurs, il possède cette capacité à aller chercher des points faciles sur la ligne des lancers francs, et c’est l’une des raisons pour lesquelles il est tellement inarrêtable cette saison. Mais le limiter à cela serait évidemment réducteur, lui qui possède tellement d’autres qualités passant peut-être mieux aux yeux de certains fans…

Source couverture : basketball.fanpiece.com

Source image : USA Today


Tags : James Harden
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