Qui aurait un peu d’amour à filer à Brandon Knight ? Non, personne…?

Le 21 févr. 2015 à 17:58 par Leo

le billet du corse

Avant de faire éclater tout préjugé coriace ou mensonge inavoué au cœur de la NBA grâce à une encre du terroir et une plume aux bonnes senteurs du maquis, cette rubrique a cappella aux inspirations insulaires se bat elle aussi pour son indépendance et ne reflète aucunement l’avis totalitaire de la Rédaction qui altère ses penchants nationalistes. A consommer exceptionnellement sans risque de représailles ou de soumission à toute forme d’omerta. CD d’I Muvrini conseillé en fond sonore, accompagné par une traditionnelle assiette de charcuterie en parfaite symbiose avec l’essence musclée de son fromage. Corse, de toute évidence…

L’impact de la nouvelle a été si fort que même mon aïeul du village, Jean-Jé Christiani, 89 000 kilomètres au cadran, que l’on croyait muet et traumatisé pour toujours après la défaite 1-0 du SC Bastia en finale de la Coupe de France en 2002 contre Lorient, a momentanément retrouvé l’usage de la parole, lâchant ce gémissement presque inaudible, aussi miraculeux à entendre que révoltant : “Ne..micca..pussi..bule…!” (traduisez ‘c’est pas possible…!’ à vitesse normale).

Non mais soyons sérieux un moment mes chers Continentaux… Qu’est-ce qui cloche au juste avec l’ami Brandon ? Pourquoi s’acharne-t-on sur sa personne avec autant de mépris ?! Quelle est la source de ce rejet, de cette guigne qui le suit comme son ombre ? C’est parce que son nom de famille est Chevalier, parce qu’il a les deux oreilles décollées, parce qu’il aurait choppé la varicelle ET les ganglions quand il était môme, parce que certains lui jalousent le fait d’avoir vu le jour en Floride plutôt qu’en Alaska ? C’est quoi ?! Alors ok, le gamin de Miami de 23 ans souffre d’une malédiction assez développée dès qu’il ose poser le pied au sol en se réveillant le matin. Notamment, il fut baptisé tour à tour par Kobe et Larry Sanders, humilié par Kyrie Irving sur un cross/step-back qui lui avait fait perdre son ego devant tout l’univers NBA au Rising Stars Challenge 2013 à Houston, contré maintes fois par Dwight, Durant et j’en passe, sans oublier, bien sûr, de se faire littéralement détruire en plein vol par DeAndre Jordan. En quelques actions malencontreuses, l’ensemble de la Toile n’a pas manqué la mesquine opportunité de lui tailler un costard de souffre-douleur en express, bien serré à la taille. Près de deux ans plus tard du coup, on s’en tient toujours à cette image puérile de lui ou on peut avancer et relever un peu le débat ?

Pendant que plusieurs plaisantins se repassent en boucle la compilation des différentes casseroles qui lui sont tombées sur la caboche, le bougre n’a pas cessé de taffer ses fondamentaux à l’arrière du gymnase, de peaufiner ses acquis tout en gommant la plupart de ses lacunes dans le plus grand des calmes, de conquérir le cœur de fans intransigeants afin d’être jugé de manière objective, pour les bonnes raisons en somme. Depuis son transfert chez les Cerfs du Wisconsin, Knight “le mal-aimé” a sensiblement augmenté ses moyennes statistiques ; là encore, rien n’est dû au hasard. Passant de 13 points, 4 passes et 3 rebonds sur l’année 2012/2013 du côté des Pistons à près de 18 unités, 5 offrandes et 4 prises au rebond cette saison, le chevaleresque meneur de jeu s’est imposé comme étant le meilleur joueur de son escouade ! Mamma mia… Après deux premières années contrastées dans l’élite, Brandon semblait alors au top de son game : armé d’un des crossovers les plus tranchants du circuit, pétri de confiance avec un pourcentage au tir en constante hausse, adulé par les supporters du Bradley Center, donnant même du crédit à J-Kidd en tant qu’entraîneur et à une mèche de Kyle Korver de participer au premier All-Star Game de sa très jeune carrière. “J’y suis, ça y est…?! C’est bien le bout du tunnel que je guette au loin ?”, devait-il se dire encore un peu sur la défensive. “On va enfin pouvoir me regarder dans les yeux et me lâcher la grappe ?” Penses-tu…

Brandon Knight

Ah mon pauvre… T’étais pas au bout de tes surprises jeudi dernier.

Pas plus tard que jeudi donc, soirée de deadline oblige, le gars pensait profiter d’une dernière journée de quiétude avec les siens avant de reprendre du service dès ce vendredi. Or, c’était sans compter sur le versant sadomasochiste de ses dirigeants qui, encore une fois, a tout fait basculer pour Brandon. Alors que tout allait pour le mieux à Milwaukee (je le répète pour que ça rentre bien), la franchise pointant de manière surprenante, il faut l’avouer, à la sixième place de la Conférence Est tout en défendant le plomb et en proposant un jeu des plus agréables, sa hiérarchie lui annonce lâchement qu’il doit faire ses valises sur le champ et s’envoler directos à l’autre bout du pays, à Phoenix plus précisément… Se faire jeter comme un pestiféré dans une contrée désertique où l’aride sympathie d’Eric Bledsoe fait désormais force de loi, faut pouvoir l’avaler celle-là. Certes, les Suns demeurent encore en lice dans la course aux PlayOffs à l’Ouest, certes le “Mini-LeBron” commence à sortir de sa boîte, certes il y avait une place dans le backcourt d’Hornacek à combler avec les départs successifs de Goran Dragic pour Miami et d’Isaiah Thomas dans le Massachusetts… Mais quelle douce farce ! On n’était pas encore le 1er avril que je sache ?! Pour l’achever dans les règles de l’art, j’vous rappelle quelle a été la cerise sur le gâteau ? Le pauvre Brandon Knight apprend dans la foulée qu’il sera remplacé à son poste, un spot qu’il gérait d’ailleurs de bien belle manière et avec un entrain non dissimulé, par Michael Carter-Williams des Sixers…

Inutile de rajouter que chez les Knight l’autre soir, le moral se situait tout au fond des socquettes, partageant un fort sentiment d’injustice avec le petit et le gros orteil. Une chance que Brandon Knight se soit endurci au fil de ses péripéties et que son expérience ait immédiatement fait contrepoids, sinon Dieu seul sait dans quel état un groupe de joggeurs matinaux l’auraient ramassé vendredi à l’aube… Ah mais la NBA est un business ?” Merci pour la breaking news connard, on n’était pas au courant ! En plus, vu le nombre d’emmerdes qui l’assaillent depuis son entrée dans la Grande Ligue, encore deux ou trois ans similaires et le garçon sera totalement immunisé. Les antibiotiques à la corbeille, terminé. Par ailleurs, vous l’avez localisé vous, l’once de logique qui se trouverait dans ce trade, très loin d’être exempt de tout reproche ? Confier les clés du camtar à un ado, prometteur et talentueux d’accord, qui débarque tout droit d’un néant grandeur nature où remporter un match était passible de torture ; rien de choquant dans cet intitulé ? Il va falloir me démontrer comment ce MCW va parvenir à prendre le wagon en route, se familiariser tout de suite et exécuter, aussi bien qu’a pu le faire Knight, les systèmes personnalisés d’une armada homogène qui s’était construite un nid douillet au milieu de leurs concurrents de la Conférence Est. A coup sûr, la dynamique convaincante des Bucks va en pâtir d’une manière ou d’une autre. Elle sera bel et bien modifiée mais ne comporterait-elle pas des risques de fracture, histoire de partir en vacances dès la mi-avril et de tout faire foirer en beauté ? Voilà un tout autre sujet auquel Knight n’aura plus à répondre.

Alalala mon Brandon… Que de gaffes et de traîtrises bien élaborées qui s’abattent sur toi, saison après saison. N’y porte aucune importance va : avance, travaille encore plus dur que tu ne l’as fait par le passé et ce mauvais sort finira bien par disparaître. Regarde ta progression sur les deux dernières années ; si tu l’as fait une fois, tu peux le refaire et même mieux encore. Et puis, un peu d’optimisme, nom d’un sanglier en rut : tu bouges à Phoenix ! Attends… Le farniente, le soleil, des cactus, des centres médicaux à la pointe de la technologie. Quoi d’autre ? A ta gauche, Markieff Morris, l’une des figures râleuses les plus brillantes de la Ligue et à ta droite Eric Bled… Enfin bref, au boulot, avec toujours ce sérieux et cette humilité qui te caractérisent. N’en déplaise aux haters qui maigriront bien avant l’heure. Te bile même pas…

Brandon Knight et Simba

Ça va aller Brandon… Regarde, Simba est là !

Sources images : USA Today Sports – Grantland


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