Chamboule tout : analyse du coup de folie des Suns à la deadline

Le 20 févr. 2015 à 17:37 par Alexandre Martin

Hier, peu avant 21h, le toujours très bien renseigné Adrian Wojnarowski – qui envoyait des infos de transferts dans tous les sens depuis déjà presque trois heures – a tweeté : “Good Lord !”. En effet, le marché était déjà plutôt agité alors que la deadline approchait à grand pas mais, à cet instant précis, quelques franchises ont carrément mis le feu à Twitter, Facebook, TrashTalk et à la NBA toute entière en décidant tout simplement de faire éclater leurs rosters. En tête de file de ces équipes, on trouve clairement les Suns qui ont enregistré les arrivées de 6 nouveaux joueurs entre 20h52 et 21h (heure française) !

On savait que Robert Sarver (propriétaire des Suns), Lon Labby (Président des Opérations Basket) et Ryan McDonough (General Manager) n’avaient que très peu apprécié les déclarations de Goran Dragic la veille ou plus tôt dans la journée et qu’un trade du Slovène était désormais inévitable pour Phoenix afin de ne pas voir leur Dragon partir sans aucune contrepartie une fois l’été venu. En vieux briscard qu’il est, Pat Riley a flairé l’opportunité et a sorti son téléphone en or massif pour joindre ses homologues d’Arizona. C’est ainsi que Goran et son frère Zoran se sont retrouvés à faire leurs valises pour la Floride pendant que les Suns récupéraient Shawne Williams, Danny Granger, Norris Cole (quelques secondes seulement), Justin Hamilton et deux premiers tours de draft. Allez, pourquoi pas. A ce moment, côté fans des Suns, on se dit : “Ok, de toutes façons, il fallait bien échanger Dragic.” Mais les dirigeants des Cactus étaient loin d’en avoir fini…

Jeff Hornacek va devoir s’organiser et vite… 

Car, dans la foulée de ce départ finalement attendu, Phoenix envoyait Isaiah Thomas à Boston contre Marcus Thornton et (encore) un premier tour de draft avant de surprendre tout le monde en balançant Tyler Ennis et Miles Plumlee à Milwaukee afin de faire atterrir Brandon Knight et Kendall Marshall en Arizona ! A 21h, quand la sonnerie de la deadline a retenti, un vent de FO-LIE venait donc de souffler sur le désert le plus connu de NBA. Mais reprenons tout de suite nos esprits. Mettons-nous à la place de Jeff Hornacek qui va devoir s’adapter et trouver dès ce soir (déplacement chez les Wolves) les meilleures solutions pour utiliser cet effectif plein de nouvelles têtes. Le coach des Suns va devoir faire des choix clairs afin que son équipe tourne rapidement et reste dans la course aux PlayOffs avec le Thunder si tant est qu’il ne soit pas déjà trop tard…

La première grande question pour Hornacek concerne déjà le backcourt et l’organisation qu’il va choisir pour celui-ci. Il dispose donc actuellement des joueurs suivants : Eric Bledsoe, Brandon Knight, Kendall Marshall, Gerald Green, Marcus Thornton et Archie Goodwin. Bien évidemment, Bledsoe va garder son poste de titulaire à la mène. De manière toute aussi évidente, Brandon Knight – qui réalise une superbe première partie de saison et était le meilleur joueur de surprenants Bucks – ne vient pas chez les Suns pour faire banquette. L’avantage aujourd’hui c’est qu’ils ne sont plus que deux pour se partager le balle alors qu’ils étaient trois il n’y a encore pas si longtemps. Ensuite, Knight est clairement bien plus un combo-guard que Goran Dragic même s’il a toujours dit vouloir jouer au poste 1. Knight aime scorer et n’est pas un distributeur naturel. Le poste 2 à Phoenix, dans cette équipe qui court beaucoup et qui shoote beaucoup, peut tout à fait convenir à l’ami Brandon. En terme de rotation, cela va donc très certainement donner ce qui suit : le duo Bledsoe-Knight en starters, Gerald Green et Marcus Thornton prêt à bondir du banc pour apporter du punch offensif et du scoring sur le poste 2 (voire le poste 3 parfois), Kendall Marshall jouera les ramasse-miettes en tant que troisième meneur et Archie Goodwin peut s’inquiéter pour son temps de jeu qui était déjà famélique depuis le début de saison.

Allez, Eric et Brandon, c'est fini les enfantillages. Il va falloir jouer ensemble dorénavant ! (image : Rick Scuteri-USA TODAY Sports)

Allez, Eric et Brandon, c’est fini les enfantillages. Il va falloir jouer ensemble dorénavant ! (image : Rick Scuteri-USA TODAY Sports)

Fuite de talents mais renforcement du banc

Ensuite, sur les ailes, les titulaires ne vont pas changer. P.J. Tucker ne va pas se faire piquer sa place au poste 3 par Shawne Williams ou par Danny Granger et Markieff Morris est également indéboulonnable du poste 4 étant donné ses progrès et son excellent niveau de jeu depuis le début d’exercice. Les deux nouveaux arrivants cités précédemment (Granger et Williams) sont des joueurs qui vont pouvoir évoluer indifféremment en ailier ou en ailier-fort dans le système des Suns comme le fait Marcus Morris depuis deux saisons. Shawne Williams est un bon shooteur qui peut tout à fait rentrer dans les plans de jeu de Phoenix s’il rentre ses tirs derrière l’arc mais c’est à peu près tout. Danny Granger a été un superbe basketteur mais n’est plus que l’ombre de lui-même notamment à cause de souci de santé qui le minent. Pas sûr d’ailleurs que les Suns ne coupent pas l’un de ces deux joueurs à très court terme… En attendant, si l’on ajoute à cette rotation d’ailiers le jeune rookie T.J. Warren, Hornacek a du choix sur le banc et va pouvoir s’adapter en fonction du déroulement de chaque match et des oppositions qui lui seront proposées. Enfin, au poste de pivot, Alex Len va rester le titulaire. Il aura toujours le soutien de Brandan Wright soit à sa place soit à ses côtés en sortie de banc et peut-être que Justin Hamilton réussira à grappiller quelques minutes mais, franchement, c’est loin d’être évident d’autant plus que Jeff Hornacek est plutôt un adepte du small ball capable de positionner Markieff Morris en 5…

Le premier constat après cette soirée de folie vécue à Phoenix est donc assez clair : les Suns viennent de perdre deux gros talents sur les lignes arrières (Dragic et Thomas) mais font tout de même atterrir un joueur en pleine bourre et non-dénué de talent également (Knight) tout en renforçant leur banc d’une manière qui peut s’avérer significative et en rééquilibrant leur effectif en terme de répartition des joueurs par poste. Le succès éventuels des trades effectués hier va principalement tenir à la capacité d’Eric Bledsoe et Brandon Knight à jouer ensemble. “Mini-LeBron” va devoir assurer car il a désormais encore plus clairement les clés de la franchise. BK11 va devoir confirmer, en Arizona, qu’il a bel et bien franchi un cap dans sa carrière et qu’il peut être un élément déterminant d’une équipe en course pour les PlayOffs à l’Ouest. Si c’est le cas, si ces deux-là se trouvent, les Suns vont gagner des matchs c’est une certitude et leur jeu devrait être plutôt sympathique à regarder tout en étant bien fatigant pour leurs adversaires.

Maintenant que ceci est dit, il faut rester réaliste et bien se rendre compte que même si la mayonnaise prend très vitre, voire tout de suite, à Phoenix, il sera bien difficile pour les hommes d’Hornacek de rester dans le top 8 de l’Ouest dont le Thunder vient de les éjecter la nuit dernière pour la première fois en 2015. Oklahoma City s’est extrêmement bien renforcé hier et possède un effectif bien supérieur à celui des Suns et à beaucoup d’autres équipes “playoffables” à l’Ouest. Ces Suns sont jeunes, talentueux, ambitieux et certainement plein d’avenir mais on les voit mal tenir le choc et réussir à finir ailleurs qu’en 9ème place. Ce qui se passe à Phoenix depuis deux saisons est surprenant voire même un peu déroutant hier mais cela reste excitant et plein de promesses. Reste à concrétiser ces promesses…

Source image : montage USA Today/AP Photo/Matt York


Tags : Phoenix
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