Su gimimo diena, Arvydas Sabonis

Le 19 déc. 2014 à 19:29 par David Carroz

Kaunas, URSS. Non, ce n’est pas une insulte pour l’ancienne Union Soviétique, mais le nom de la seconde ville de Lituanie. La ville où naissait il y a 50 ans l’un des joueurs les plus doués de l’histoire du basket, Arvydas Sabonis. 2m21 et 130 kilos de talent qui suintent la balle orange. Oui, le géant lituanien était un don pour notre sport que la NBA n’a que trop peu vu.

Il faut dire qu’à l’époque, les relations entre URSS et USA ne sont pas au beau fixe. Et Alexander Gomelsky, son coach, fait tout pour le retenir. Drafté par les Portland Trail Blazers à la fin du premier tour de la draft 1986 (il avait d’abord été choisi en 77ème position par les Hawks en 1985, puis déclaré inéligible), Arvydas Sabonis ne fera le grand saut pour l’Oregon qu’en 1995. Le temps de briller en Europe et de ruiner son corps.

Tout d’abord à Kaunas, sa ville natale, de 1981 à 1989, au Zalgiris. Il permet à son club de mettre fin à l’hégémonie du CSKA Moscou dans le championnat d’URSS, et à l’Union Soviétique d’être au top du basket européen et mondial. Mais en 1988 il va laisser un genou sur les parquets, après avoir bousillé un tendon d’Achille en 1986 et de nouveau en 1987. À 24 ans, il ferait passer notre Derrick Rose pour un ironman increvable. Et cette année là, l’URSS lui permet d’aller se faire soigner par Portland, au grand dam de John Thompson (coach de Georgetown) qui voit là un désavantage pour l’équipe américaine en vue des JO. Le plus folles rumeurs circulent sur lui, comme le fait que ce soit le KGB qui ait coupé le tendon du pivot pour l’empêcher de rejoindre une université aux États-Unis. Il serait même dépressif, alcoolique et mort !

Malgré une santé encore précaire, il permet à l’Union Soviétique de remporter les Jeux en dominant David Robinson puis en battant la Yougoslavie de Drazen Petrovic, un autre génie du basket made in Europe. Il rejoint l’Espagne, Valladolid puis le Real de Madrid, où il continue de dominer. Alors que certains pensaient sa carrière derrière lui après ses blessures, son talent reste intact. Les frontières sont ouvertes, il pourrait partir aux USA, mais il reste faire un malheur sur le Vieux Continent. En 1995, il tourne à 22,8 points, 13,2 rebonds, 2.6 contres et 2,4 passes de moyenne. À 31 ans, l’Europe n’est plus à sa mesure et il fait enfin le grand saut.

Sur les parquets, il court moins vite qu’un Brandon Roy en déambulateur et ferait passer un Kendrick Perkins pour un joueur athlétique avec ses 5 centimètres de détente sèche, mais il a toujours ses mains. Des mains en or dont les Blazers vont profiter de 1995 à 2001, puis une dernière saison en 2002-2003 après avoir pris une année sabbatique pour soigner son corps. Il faut dire que lorsqu’il est arrivé en NBA, il était déjà bon pour la casse.

Il m’a dit qu’Arvydas pouvait obtenir une place handicapé pour sa voiture, rien qu’en voyant ses radios. – Bob Whitsitt, GM des Blazers sur l’avis du médecin de la franchise concernant Sabonis.

Pourtant, Arvydas Sabonis va révolutionner à sa façon le jeu des pivots en NBA. L’an dernier, on a beaucoup parlé de Joakim Noah et de son rôle de point center, mais déjà à son époque, le Lituanien touchait beaucoup de ballons pour orienter le jeu de Portland. Des mains en or, on vous dit. Certes ses stats à la passe n’étaient pas celles de Jooks, mais son influence sur l’attaque n’en demeurait pas moins importante. À sa manière, il a réinventé le poste 5. En offrant des caviars à base de passes dans le dos ou en rentrant des 3 points en tête de raquette.

Sabonis voyait le jeu plus vite que les autres. Il anticipait. Et même à 2 à l’heure, il était le plus rapide et foudroyait son adversaire. En arrivant tout cassé en NBA, il nous a fait rêver. 10 ans plus tôt, il dominait l’Europe. Avec des “si”, on coupe des arbres ou on met Paris en bouteille, c’est au choix. Mais on aurait surtout pu parler du Lituanien comme de l’un des 5 meilleurs pivots de l’Histoire. Voire mieux ?

Shaq s’est souvent vanté d’avoir détruit les pivots NBA et qu’après lui, aucun n’a dominé. Et si l’autre explication était qu’après Arvydas Sabonis, ce poste avait pris une autre dimension. Plus poétique, plus douce. Différente. Pour ces moments de grâce offerts, en NBA ou ailleurs, merci monsieur Sabonis. Et joyeux anniversaire.

Rétrospective carrière Arvydas Sabonis

Source image : blogs.thescore.com