Hail to the King : DeMarcus Cousins, nouveau roi de Sacramento
Le 27 nov. 2014 à 18:30 par Ludovic
DeMarcus Cousins entame de manière magnifique sa cinquième saison dans la ligue. Après des débuts difficiles avec sa franchise des Sacramento Kings, les médias et les fans ont reproché beaucoup de choses au fantasque pivot, notamment son comportement pas toujours très en rapport avec ce qu’on peut attendre d’un franchise player. Aujourd’hui, les fans s’imaginent sans doute déjà revivre les années fastes, durant lesquelles la bande à Chris Webber émerveillait les foules et fournissait le plus beau jeu de la ligue. Le pivot se trouve aujourd’hui sous le feu des projecteurs en étant considéré comme l’un des intérieurs les plus doués de sa génération. On vous propose aujourd’hui de connaître un peu mieux “Boogie”, en revenant sur ses premiers rapports avec la balle orange jusqu’à ses succès récents, en passant par ses embrouilles avec le basketteur le plus emblématique de l’Alabama et sa belle expérience avec Team USA, cet été.
Les débuts à Mobile, dans l’Alabama
DeMarcus Cousins est né le 13 aout 1990 dans l’Alabama dans une fratrie de cinq enfants, et était un gosse espiègle et joueur, une vraie boule d’énergie prête à vous rendre fou du matin au soir. Sa mère, Monique, a toujours fait de l’éducation de ses enfants une priorité absolue :
Je viens d’une famille d’éducateurs. Ma mère était enseignante à l’école élémentaire et mon père était enseignant au lycée et coach de football. L’éducation a toujours eu une place très importante dans notre maison. Lorsque j’élevais les enfants, lorsqu’ils recevaient un mot des professeurs, c’était également moi qui le recevais. S’ils ne se montraient pas à la hauteur, je leur demandais toujours “Bien, qu’est ce que tu as fait, et qu’est ce que tu n’as pas fait ?” – Monique Cousins
Infirmière de métier, celle-ci faisait passer le bien être de sa progéniture avant le sien, cherchant toujours à arranger ses horaires en fonction de leurs besoins. Si bien que pour compenser, elle devait parfois effectuer ses 40 heures de service en l’espace de deux jours afin de pouvoir venir récupérer ses gamins à l’école. La croissance et le développement de ses enfants était son principal objectif, et la famille Cousins se serrait les coudes, avec leur mère comme rôle modèle. Pour ça, ses enfants lui seront éternellement reconnaissants :
Maman nous a consacré sa vie. Elle n’a jamais traîné avec des amis, n’a jamais fait ce qu’elle voulait parce qu’elle était avec nous. Elle n’avait jamais de temps libre, et je ne me rappelle pas la voir dormir beaucoup. – Jaleel, le petit frère
Je suis tellement reconnaissant envers ma mère. Elle a tellement mis de côté pour que nous puissions grandir et avoir la meilleure vie possible… – DeMarcus Cousins
L’Alabama, état où a grandi Boogie, n’est pas une terre de basket-ball, mais de football. Comme tous les gamins de son âge, c’est plutôt la NFL qui le fait rêver. L’utopie va s’arrêter très rapidement, puisque sa croissance exponentielle en fait très vite un grand échalas, très mince :
Il a grandi tellement vite et ce n’était que des os ! Le football n’était pas ce qu’il lui fallait et je le lui ai dit : “Tu dois trouver quelque chose d’autre à faire. ” Il n’était pas content et il m’a répondu : “Il n’y a rien d’autre que je veuille faire !” – Monique Cousins
C’est à ce moment là que des gens commencent à l’approcher pour savoir ce qu’il pense du sport inventé par James Naismith. Âgé de 12 ans, il mesure déjà 193 centimètres ! Malgré ces avances insistantes, DeMarcus Cousins ne voit toujours pas ce sport comme une réelle possibilité, lui qui rêve de fouler un jour les terrains de NFL. Découragé, il cesse de s’intéresser au sport. Ses camarades de classes n’hésitent d’ailleurs pas à le taquiner et lui reprochent de ne pas utiliser ce don du ciel à son avantage. À cette époque, il traîne dans les rues, et n’est plus motivé par rien. C’est alors qu’un jour, Gary Williams, recruteur pour l’équipe d’AAU des Birmingham Storm, se rend au lycée Erwin, et croise la route du jeune garçon. Le prenant pour un senior, lui qui fait déjà deux mètres, il lui demande s’il connaît des 8th grade – équivalent de la 3ème en France – intéressés par le basket-ball. La réponse est simple : “Je suis en 8th grade.” Informé par son recruteur, le coach Danny Pritchett se souvient avec émotion du moment où il a rencontré le joueur :
Sa mère m’avait dit qu’il faisait environ 190 centimètres. Mais quand il est sorti de la voiture, il continuait à grandir, grandir, grandir. Il donnait l’impression qu’il n’allait jamais totalement se redresser. Dans ma tête, à ce moment là, j’ai crié : “Oui !” Je savais qu’il allait devenir un gamin que tout le monde allait vouloir voir jouer. Il allait devenir le nouveau Big Ticket. – Danny Pritchett
Au départ, je ne voulais pas y aller, parce que je ne voulais pas quitter la maison. Ils m’ont dit qu’il allait falloir que je voyage, et je leur ai répondu “Non merci, c’est bon.” Je n’arrêtais pas de penser aux accidents de bus, d’avion, ce genre de trucs. Mais finalement, j’y suis allé, j’ai joué mon premier tournoi, et j’ai vraiment aimé ça. – DeMarcus Cousins
Premier point intéressant : le joueur que nous connaissons à présent n’était pas, à la base, intéressé par le sport dans lequel il excelle actuellement. De plus, alors qu’on lui prête parfois une image arrogante, son histoire prouve qu’il a accepté le fait d’être nul en football pour changer de voie. Signe qu’il peut être parfaitement conscient de son niveau, mais également de l’image qu’il renvoie aux gens. On remarquera également tout au long de ce portrait que, même s’il pourra jurer du contraire, DeMarcus Cousins est très préoccupé de cette image. Un signe précurseur de son brusque changement d’attitude intervenu cet été ?
Le virus de la balle orange
En quelques semaines, le gamin pataud qui ne sait même pas marquer un lay-up commence à se transformer. Sa motivation est telle qu’il appelle son nouveau coach chaque jour pour qu’il l’emmène au gymnase. Rapidement, il se met à dunker, et devient tellement dominant que les équipes adverses n’hésitent pas à faire faute sur lui de façon intentionnelle pour l’empêcher de marquer des points. Cette période d’adaptation est difficile à vivre pour le débutant, mais son mentor lui explique qu’il doit voir comme un honneur le fait que des adversaires en soient réduits à ces moyens pour l’arrêter. Mais cette découverte du sport collectif, de l’intérieur, lui apporte également de très bonnes choses. Pour la première fois, il devient membre d’une équipe, et développe des liens forts avec ses coéquipiers lors de longs road trips, loin de sa famille.
On jouait aux jeux vidéo dans des hôtels, on faisait des batailles d’eau, on tapait à la porte des chambres avant de s’enfuir… J’ai vraiment aimé toutes ces choses, et surtout d’être avec ces gars. Ils sont devenus ma seconde famille. – DeMarcus Cousins
Ses performances sur le terrain vont faire exploser sa confiance. Il joue alors contre des seniors, et tourne à des moyennes incroyables : 26 points à 70%, 15 rebonds et 10 passes décisives. Il devient immédiatement un des prospects les plus suivis du pays. Forcément, de nombreuses équipes concurrentes de Birmingham tentent d’attirer le pivot dans leur équipe, pour se rendre compte très rapidement que le jeune ne quittera jamais son équipe. La pression devient alors étouffante pour lui et sa famille, et des proches du joueur et des membres de sa propre école deviennent hostile envers lui.
Après l’été de 9th grade où il a été classé n°1 de sa catégorie d’âge, c’est parti dans tous les sens. Les choses sont devenues chaotiques avec les personnes qui essayaient de le faire quitter son équipe d’AAU pour le faire jouer avec eux, ceux qui lui offraient des chaussures, ou d’autres choses, pour essayer de l’acheter. Certains ont même inventé des choses incroyables et très méchantes à son propos. – Monique Cousins
Je n’arrêtais pas de répéter à tout ceux qui voulaient que je vienne jouer chez eux “Non, je suis très bien avec mon équipe.” Honnêtement, je pense que ma mauvaise perception et mes relations tendues avec les médias partent de là. Il y a certaines choses que j’aurais pu mieux contrôler, mais j’étais un gamin, tout ça, c’était nouveau pour moi. Mais quand dans gens salissaient mon nom ou celui de Danny Pritchett, ça en devenait ridicule. – DeMarcus Cousins
En résultent des altercations fréquentes, dont une qui fera sa réputation. Au retour d’un match, lors d’un trajet en bus, il en vient aux mains avec un membre de l’encadrement de l’école. Clamant la légitime défense, il changera d’environnement pour le lycée LeFlore. Les fautes flagrantes adverses à son égard sont toujours là, mais le gamin est costaud psychologiquement et ne se fait pas éjecter d’un seul match. Mieux encore, il est invité au match des meilleurs lycéens organisé par McDonald et par la marque Jordan. Cette période bénie lui permet de nouer une nouvelle fois de très bons rapports avec son coach, et de récupérer ce qui deviendra plus tard son surnom officiel grâce à un ancien joueur NBA :
Sur le terrain, il était dur, mais en dehors, il pouvait avoir peur d’un chien. Ce n’est pas un trouillard, mais c’est un gentil garçon. Je ne connais personne qui l’ait rencontré qui ne l’aime pas. – Otis Hughley, coach de LeFlore
“DeMarcus maniait tellement bien le ballon à l’entraînement, et faisait des choses que je n’avais jamais vu un big man faire. Il faisait des choses que seul un arrière pouvait faire avec le ballon. Je lui ai dit : “T’as le boogie, toi, non ? ” Et j’ai continué à l’appeler Boogie. C’est un gamin unique qui a la chance de pouvoir redéfinir la position de pivot et d’ailier fort. Il peut même faire des choses que les gens ne l’ont pas encore vu faire. – Rod Strickland
Peu après viendront les avances des universités. DeMarcus Cousins s’engage alors verbalement à l’université d’Alabama Birmingham, mais change d’avis quand John Calipari, alors coach des Memphis Tigers, lui fait du pied. Voulant jouer pour lui, il acceptera une nouvelle fois de modifier ses vœux lorsque l’entraîneur décidera de prendre en main le destin de Kentucky, et devient alors un Wildcat.
Un autre aspect de la personnalité du joueur saute aux yeux, quand on s’intéresse à son parcours. S’il peut avoir une image de mec complètement renfermé et agressif, le pivot semble être une crème de partenaire, très fidèle à son environnement et à ses coéquipiers. Car pour recaler des grosses écoles souhaitant vous recruter, il faut soit être fou, soit profondément attaché à son équipe, soit pleinement conscient et confiant en ses capacités. DeMarcus Cousins semble pencher dans les trois catégories. Et finalement, il a plutôt pris les bonnes décisions…
L’université : la montée en puissance
À Kentucky, DeMarcus Cousins s’éclate, et forme un trio de freshmen très excitant en compagnie de John Wall et Eric Bledsoe. La première saison de John Calipari en tant que coach de l’université se soldera par un excellent bilan de 35 victoires pour seulement 3 défaites. Les Wildcats échoueront cependant à une marche du Final Four en perdant face aux West Virginia Mountaineers. Le pivot sort une saison de mammouth : 15 points et 10 rebonds de moyenne, mais en seulement une vingtaine de minutes par rencontre ! Son penchant pour les fautes bride ainsi ses statistiques et le potentiel de l’équipe. Malgré quelques petites tensions relatives à son temps de jeu, John Calipari n’hésite pas à dire tout le bien qu’il pense de son joueur, et occulte son mauvais caractère pour se concentrer sur son apport :
DeMarcus est un des big men les plus talentueux que j’ai pu avoir. Il a des dons de maniement du ballon fascinants pour un garçon de sa taille. Sa combinaison de taille couplée à son shoot le rendent difficile à défendre. Tout cela lui donne un vrai avantage sur le terrain. – John Calipari
DeMarcus est parfois à la limite, et doit faire attention, mais c’est un bon gars. Une fois qu’il vous respecte, ça ira. C’est un mec avec un bon fond et avec un grand coeur. Mais s’il vous sent faux, ou pas honnête, alors vous allez avoir un problème. – Rod Strickland
Malgré quelques embrouilles, son coach à l’université qui a pourtant connu de grands joueurs ne tarit pas d’éloges à son égard, tant au niveau du jeu que du caractère. Partout où il passe (ou presque), DeMarcus Cousins semble avoir fait l’unanimité, malgré des périodes parfois un peu tendues avec son entourage. Signe que le garçon a un bon fond.
Les débuts professionnels
Comme tout jeune avec un énorme potentiel, DeMarcus Cousins rejoint la caste des one and done, ces joueurs qui décident après une année d’université, de passer à la NBA, à l’étape finale. Une nouvelle fois, les doutes sur son caractère le mettent dans une situation inconfortable :
C’était encore les mêmes histoires, les gens se demandaient si j’allais merder et devenir gros comme Oliver Miller, et plein de choses négatives. J’avais l’impression qu’il n’y aurait jamais de lumière au bout du tunnel. J’en suis arrivé au point de me dire que je ne pouvais rien faire d’autre que de laisser mon jeu parler pour moi. – DeMarcus Cousins
Pourtant, les workouts précédant la Draft impressionnent les recruteurs, mais pas que. L’entraineur personnel du joueur, Keith Williams, met en place des sessions permettant à ses clients de continuer à jouer, durant l’été. Parmi eux se trouve un certain Kevin Durant, qui finit par faire un one on one avec le pivot de Kentucky.
Kev l’a crossé et a marqué. Sur l’action suivante, DeMarcus l’a crossé et lui a dunké dessus. Kevin m’a regardé en fronçant les sourcils et m’a dit : “Je croyais que tu m’avais dit que c’était un pivot ?”. Je lui ai répondu qu’il l’était, mais qu’il avait aussi ce genre de skills. – Keith Williams
Il sera finalement choisi en 5ème position de la draft 2010, derrière John Wall, Evan Turner, Derrick Favors et Wesley Johnson. Encore une fois, il est légitime de se poser la question : les scouts voyaient-ils vraiment le pivot de Kentucky moins fort que ces cinq joueurs ? Ou peut-on considérer que sa réputation lui a causé du tort ? La réponse à cette question ne trouvera sûrement jamais de réponse, mais le fait de la poser soulève néanmoins un point intéressant. A l’heure où les franchises aiment miser sur les potentiels, aucune n’a souhaité parier sur une maturité du joueur. S’il est facile de juger après coup, on peut cependant tirer notre chapeau aux Sacramento Kings, sur ce coup-là.
Sa première saison est prometteuse, et il s’imposera très vite dans le cinq de départ, en posant une moyenne de 14,1 points, 8,6 rebonds et 2,5 passes décisives par rencontre. Le bilan de sa franchise restera cependant bloqué dans sous-sols de la ligue, avec seulement 24 victoires. La saison suivante est pire pour la franchise, mais DeMarcus Cousins améliore ses statistiques à plus de 18 points et 11 rebonds. Surtout, on retiendra le licenciement de Paul Westphal, le coach, une semaine après que Boogie ait soit disant demandé son transfert. Forcément, tout le monde le désignera coupable, ce qu’il n’appréciera pas :
Paul Westphal a fait du bon boulot en me faisant passer pour le méchant. Mes propos ont vraiment été mal rapportés. – DeMarcus Cousins
Plutôt que de se mettre à dos celui qui incarne à présent le futur de la franchise, les frères Maloof, propriétaires de la franchise à l’époque, décident de le suspendre un match après sa vraie-fausse demande de transfert. Paul Westphal sera viré une semaine après, et Keith Smart prendra sa relève. Ses rapports seront bien meilleurs avec le pivot.
L’embrouille avec Charles Barkley
Vous avez sans doute entendu parler de la guerre des mots opposant le truculent animateur de TNT et ancien membre de la Dream Team, Charles Barkley, avec DeMarcus Cousins. Ce dernier a pu avoir des mots très durs envers son aîné avec qui il partage pourtant quelques similitudes : tous deux viennent de l’Alabama, ont été choisis en 5ème position de leurs drafts respectives, sont intérieurs, et ont une grande énorme gueule. Le pivot de Sacramento n’a d’ailleurs pas hésité à lui lancer cette pique :
Je n’ai aucun respect pour toi, et je n’en aurai jamais. Nous n’avons rien à nous dire. Donc oui, si on se croise, on n’échangera aucun mot.– DeMarcus Cousins
Si vous vous demandez pourquoi la relation est aussi tendue, il faut revenir aux débuts de basketteur du jeune DeMarcus. Alors que sa réputation grandissait, Charles Barkley était venu assister à un match de PlayOffs en High School, pour voir le phénomène. Cependant, il en était reparti déçu, ne voyant qu’un joueur se plaignant constamment aux arbitres et méritant ses fautes techniques.
J’ai vraiment fait un effort pour essayer de ne pas être trop dur envers lui. J’ai dit qu’il avait une chance de devenir vraiment bon. J’ai simplement répété aux journalistes, après coup, que j’étais un peu déçu. Depuis, j’ai également dit qu’il pourrait devenir le meilleur big man du jeu s’il grandissait. Il n’a jamais eu la chance d’avoir un coach fort pour le rendre responsable. J’aurai aimé qu’il ait un Pat Riley, un Gregg Popovich, un George Karl ou un Doc Rivers qui lui aurait remis les pieds sur terre. – Charles Barkley
Mais pour le joueur, cette histoire n’est pas la seule, et Charles Barkley lui aurait mis plusieurs fois des bâtons dans les roues avec des remarques qui auraient pu l’empêcher de réaliser son rêve. Par exemple, Sir Charles a soutenu son ancien coach Paul Westphal lorsqu’il a été viré des Sacramento Kings, et n’a pas hésité à lui renvoyer une salve.
En tant que gamin, entendre ça d’un des plus grands joueurs jamais sorti d’Alabama, un mec que les gamins ont écouté en grandissant, l’entendre dire, “Ouais, il n’est pas si bon que ça”, je m’en souviens comme si c’était hier. Et puis, juste après ma saison rookie, vous prenez parti pour votre ancien coach en disant que je suis la pire chose qui soit arrivée à Sacramento, et tout ça sur l’antenne nationale ? Oui, bien sûr que je n’oublierai pas. – DeMarcus Cousins
Avec des amis communs, comme Kevin Johnson, ancien joueur des Suns et maire de la ville de Sacramento, il ne serait pas étonnant de les voir un jour se rabibocher. C’est ce que pense notamment la mère du joueur. S’il ne laisse pour l’instant pas la porte ouverte, DeMarcus Cousins ne la ferme pas non plus à clé.
Charles a une plate-forme et la réputation de dire des choses que d’autres ne diraient pas sans y avoir réfléchi à deux fois. Je n’ai pas de ressentiment envers lui. Dans un sens, Charles et DeMarcus se ressemblent. La “croissance” par laquelle Charles a dû passer n’est pas tellement différente que celle de DeMarcus. Ils ont tous les deux de fortes personnalités et n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent. – Monique Cousins
Elle me connait parfois mieux que moi-même. Mais pour le moment, je n’ai aucun respect pour lui, et je m’en fous de lui pardonner, donc je n’ai pas vraiment la réponse à ça. – DeMarcus Cousins
Son expérience avec Team USA : le changement, c’est maintenant !
Cet été, DeMarcus Cousins a réussi à intégrer le roster de Team USA pour les championnats du monde en Espagne. Après une grosse saison à 22,7 points, 11,7 rebonds, 2,9 passes décisives, 1,5 interception et 1,5 block par match, il a réussi à passer le cut final, malgré les rumeurs insistantes sur son éviction au profit de Mason Plumlee. Le profil du pivot des Brooklyn Nets collait parfaitement avec l’idée qu’on se faisait d’un remplaçant intérieur jouant pour Mike Krzyzewski. Finalement, les deux hommes seront du voyage, en compagnie d’Andre Drummond, Kenneth Faried et Anthony Davis à l’intérieur. Ces deux derniers en seront d’ailleurs les titulaires indiscutables, avec DeMarcus Cousins en première option en sortie de banc. Accompagné de son partenaire de Sacramento, Rudy Gay, les deux hommes ont fait du bien à une équipe américaine gênée par les blessures.
Lors de cette compétition qui le verra finir avec une breloque en or autour du cou, le pivot de Sacramento n’aura pas démérité : 9,8 points et 5,7 rebonds en seulement 14 minutes de temps de jeu ! Cette sélection n’est pas seulement le fruit du travail d’un été : cela fait en effet plusieurs fois qu’il participe aux camps d’entraînement de l’équipe nationale, sans faire partie de l’équipe. Lors de la compétition, le jeune joueur a mûri, se retenant même de ne pas éclater Jonas Valanciunas, coupable d’un coup de coude dans la glotte, sur un rebond. Alors qu’il était loin d’être son plus grand fan, le boss d’USA Bsketball, Jerry Colangelo, lui a rendu un bel hommage :
Vous pouvez utiliser tous les superlatifs que vous désirez, et les appliquer à DeMarcus. Il a intégré l’équipe, apporté une contribution majeure, et a fait d’énormes progrès. Dans le vestiaire après le match face à la Serbie, DeMarcus, en particulier, était très ému. Il m’a pris dans ses bras et m’a remercié de l’avoir laissé intégrer l’équipe. Je lui ai dit : “le passé, c’est le passé. C’est le début de ta carrière. Ramène tout ce que tu as appris ici à Sacramento. Tu pourras construire sur ces acquis, et connaître une incroyable carrière.” – Jerry Colangelo
La réconciliation est d’autant plus belle quand on sait d’où elle vient. Lors du training camp de Team USA en 2012, Jerry Colangelo n’avait pas apprécié le comportement du joueur, coupable selon lui de fautes grossières sur les stars de l’équipe, lors des entraînements. À l’époque, DeMarcus Cousins donnait son maximum pour intégrer l’équipe, quitte à en faire trop, et avait été qualifié d’immature par le patron. Aujourd’hui, leur relation a évolué de manière incroyable, signe que le gamin s’est transformé en homme. S’il ne devait y avoir qu’un instant permettant d’apprécier pleinement sa prise de maturité, ce serait celui-là.
Jusqu’où DeMarcus Cousins peut-il aller ?
De retour à Sacramento, Boogie effectue un début de saison en boulet de canon : 23,2 points, 12,3 rebonds et 1,5 block par match. Mais surtout, les Kings gagnent ! À l’heure actuelle, la franchise en est à 8 victoires pour 5 défaites. Quand on sait qu’il n’avaient remporté que 28 rencontres l’an dernier, le calcul est vite fait. Plus impressionnant encore, les adversaires : les Sacramento Kings ont déjà battu les Chicago Bulls (de 15 points), les San Antonio Spurs, les Phoenix Suns, et les Portland Trail Blazers. Le potentiel semble bien là, et DeMarcus Cousins semble à chaque rencontre plus fort. Véritable technicien, il n’a pas les qualités athlétiques d’Anthony Davis, mais dispose d’un jeu de feintes, de mains magiques et d’un shoot dévastateur à longue distance. Pas question de lui laisser le moindre espace, au risque de le payer très cher.
Surtout, il semble se transformer en véritable leader. On l’a par exemple vu calmer son coach lors de la rencontre face aux Phoenix Suns. Après un coup de sifflet discutable des arbitres, qui excluaient définitivement la star de Sacramento de la rencontre, Mike Malone se met à péter un câble sur son banc. Heureusement, Boogie est là pour le rattraper. Oui, vous avez bien lu. Boogie s’est ensuite assis sur le banc, encourageant ses potes, qui ont réussi à attraper la victoire. L’an passé, on aurait à coup sur assisté à une défaite. Les choses ont décidément bien changé à Sacramento.
S’il est encore tôt pour parler de récompenses individuelles, le joueur a mûri, et semble plus proche d’un statut de véritable leader que jamais. Les qualités qu’il a pu développer lors de son parcours un peu atypiques lui serviront sans doute de bonne base pour mener sa franchise de plus en plus haut.
Rencontre après rencontre, les Sacramento Kings attisent un peu plus le feu de paille que les observateurs semblent avoir décelé. Pourront-ils tenir toute l’année à ce rythme ? Il est difficile de trouver une réponse à cette question. On peut sans conteste affirmer que les joueurs de la franchise ont fait d’énormes progrès, et qu’ils seront un poil à gratter pour toutes les équipes de la ligue. S’il sera difficile d’accrocher les PlayOffs tant la conférence Ouest est dense, DeMarcus Cousins et sa bande sont sur la bonne direction et redeviendront une franchise qui compte si les progrès sont constants.
Le pivot, lui, ne semble pas avoir de limites. À l’instar d’un Anthony Davis, ses statistiques affolantes semblent nous parvenir d’un autre temps. Sachant qu’un intérieur atteint sa plénitude vers la trentaine, ces deux-là ont risquent de dominer la ligue pour longtemps. On pourrait ainsi assister à un très beau duel lors des prochaines années, et à une belle collaboration sous les panneaux pour Team USA.
Source couverture : @Ar7kor7