Le Billet du Corse – Détonation n°4 : où est passé le respect dû à David Blatt ?!

Le 25 nov. 2014 à 19:52 par Leo

le billet du corse

Avant de faire éclater tout préjugé coriace ou mensonge inavoué au cœur de la NBA grâce à une encre du terroir et une plume aux bonnes senteurs du maquis, cette rubrique a cappella aux inspirations insulaires se bat elle aussi pour son indépendance et ne reflète aucunement l’avis totalitaire de la Rédaction qui altère ses penchants nationalistes. A consommer exceptionnellement sans risque de représailles ou de soumission à toute forme d’omerta. CD d’I Muvrini conseillé en fond sonore, accompagné par une traditionnelle assiette de charcuterie en parfaite symbiose avec l’essence musclée de son fromage. Corse, de toute évidence…

C’est vrai ça, il est passé où ? Sous le tapis ? A la poubelle ? Derrière la calvitie de LeBron ?

De deux choses l’une : soit nos chers amis Ricains sont totalement ignares, soit ils font preuve d’une posture honteusement discriminatoire envers l’un des stratèges au palmarès le plus prestigieux de l’ensemble de la profession de coach, dit professionnel et triomphant. A 55 balais, il a beau être un parfait novice “perdu” dans le paysage NBA à l’heure actuelle, un maître à penser taciturne en provenance du Vieux Continent pointé du doigt, présumé coupable de tous les maux et autres tumultes des Cavaliers, le bougre pourrait sans problème donner des cours de soutien en matière de ‘culture de la gagne’ à bon nombre de ses con(de)frères au sein de la Grande Ligue : entraîneur de l’année et vainqueur de l’Euroligue en 2014 avec le Maccabi Tel-Aviv, champion d’Europe en 2007 avec la Russie et médaillé de Bronze aux JO de Londres en 2012, champion d’Italie en 2006 et j’en passe… Evidemment, dès lors qu’on jette un œil mesquin au bilan affiché par Cleveland en 13 matches joués (6-7), personne n’aurait le courage à présent de lui tendre la main pour lui éviter la noyade. Au contraire, les observateurs les plus mauvaises langues auraient même tendance à le tirer encore plus vers le bas ! Ça, il savait que ça lui éclaterait à la figure un moment ou un autre, avant même qu’il ne débarque dans l’Ohio et que tout le monde pensait alors naïvement qu’il allait réaliser des miracles extraordinaires en un claquement de doigts. Pourtant, comme prévu, l’équipe titube son basket et inquiète les têtes pensantes de la Grande Ligue sur son potentiel à aller loin en PlayOffs. Or, David Griffin, architecte de cette escouade aussi irrégulière que désarticulée, aurait-il oublié de la pourvoir d’un banc solide qui pourrait tantôt appuyer ou tantôt combler l’efficience maladroite du cinq majeur ? Or encore, qui sera bel et bien lynché en place publique quand Dion Waiters se retrouvera trappé dans le corner dans un Game 4 tendu du Premier Tour à l’extérieur et qu’il prendra quand même le fadeaway-airball avec deux joueurs sur le paletot ?

Sans même chercher très loin, je me délecte déjà d’imaginer la tête que tirera “King James” quand il découvrira ses nouveaux “Amigos” Irving et Love se manger un mur bien épais pour leur première apparition sur un terrain de basket après la mi-avril…! Oui mais dîtes-moi, pour en revenir à nos moutons, qui recevra injustement des tomates pourries à la tronche pour avoir filé de bonnes directives qui passeront malheureusement au-dessus des têtes de ses cadres ? David Blatt of course ! Il n’y a rien de plus facile et de plus lâche que de chercher absolument un bouc émissaire qui subira les injures les plus virulentes en cas d’échec cuisant d’un groupe talentueux certes mais dont l’alchimie est encore à des années-lumière d’être équilibrée et suffisante pour prétendre concourir au titre suprême en l’occurrence. Pour cela, il faut du temps, un privilège, une denrée rare que Blatt n’aura jamais en sa possession. Sa réputation étant même sur la ligne, ses pairs corporatistes, n’ayant aucun scrupule à déféquer sur les autres pour sauver leur petite personne, n’hésiteront pas à démonter son charisme et son aura à la moindre incartade. Postés dans l’ombre la plus noire et prêts à surgir en traîtres à tout moment, si vous tendez l’oreille, on peut d’ores et déjà les entendre cracher leur venin à l’encontre d’un type à la conception “qui ne rentre pas dans le moule” : “Lui t’façon, il est pas de chez nous !” ; “C’est où l’Europe déjà ?! Ils savent jouer au basket là-bas, ça existe ?” ; “Il n’a pas grandi avec nous, il n’y arrivera jamais !”; “En quelle langue il annonce ses systèmes foireux hein ? En russe ou en hébreu ?! Haha”; “Il ne sera jamais un des nôtres et puis comment il a eu ce poste d’abord ? Quelle gâchis…”. Mike Brown et Vinny Del Negro, on vous avait reconnus ne vous en faîtes pas, arrêtez dès maintenant votre cinéma…

En un mot, alors que les premières critiques destinées à faire vendre du papier commencent à fuser de toute part, David Blatt sait désespérément que la route est encore longue et que le respect est une valeur qui se gagne avant tout. Mais par pitié, vous les langues de vipère, ayez ne serait-ce qu’un fragment de patience et de reconnaissance envers un enfant prodigieux du basket auquel vous n’arriverez jamais à la cheville ! Et s’il doit être éjecté du cockpit comme beaucoup le désirent dès maintenant, au moins que ce soit pour les bonnes raisons et non à cause de l’impuissance percée à jour de ses élèves qui appliquent ses préconisations uniquement quand bon leur semble, quand ils sont vraiment dans la panade… De grâce !

Source image : @artkor7 pour TrashTalk


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