Le tube du moment : “On Da Bench” par les Phoenix Suns
Le 13 nov. 2014 à 18:40 par Alexandre Martin
Phoenix vient d’enchaîner deux victoires d’affilée sur son parquet et – que ce soit face aux Warriors dimanche (107 – 95) ou face aux Nets la nuit dernière (112 – 104) – ces deux succès portent le même sceau, celui du banc des Suns. Si on sent que les Cactus ne jouent pas de manière aussi libre et débridée que la saison dernière où ils ont surpris tout le monde, si on sent que Jeff Hornacek se rate complètement tâtonne encore sur certaines rotations, il est en revanche indéniable que le coach a intelligemment architecturé son roster dont il compte bien utiliser la profondeur et la polyvalence.
Sur les rencontres de ce début de saison, il est assez difficile de se faire une opinion très précise du réel niveau de ces Suns. Eric Bledsoe – aka l’homme qui valait 70 millions – est pour l’instant très irrégulier ce qui l’empêche de peser suffisamment au scoring (seulement 13,8 points de moyenne). Il n’a d’ailleurs que le 3ème temps de jeu de l’effectif avec 30 minutes par rencontre derrière Markieff Morris (30,6 minutes) et Goran Dragic (32,5 minutes). Mais ceci n’est pas forcément très significatif puisque qu’ils sont tout de même 8 joueurs du roster à avoir plus de 20 minutes de moyenne par match ! De plus, il était prévisible que Jeff Hornacek cherche un peu la meilleure formule pour organiser notamment les rotations de son backcourt à trois têtes avec l’arrivée cet été d’Isaiah Thomas. Il était également prévisible de voir les Cactus évoluer avec plus de pression qu’il y a un an. Ce qui était un peu moins prévisible, c’est à quel point le banc des Suns est performant, à quel point il est capable de renverser, de faire gagner des matchs.
Dimanche contre les Warriors, Hornacek et ses hommes étaient menés de 11 points à la mi-temps, puis encore de 8 points à l’entame du dernier quart. Et ce ne sont pas les titulaires qui ont permis aux Suns de passer un 36-16 à leurs adversaires pour l’emporter de 12 points mais bien les remplaçants. Emmenés par Isaiah Thomas peu adroit (4/13) mais très agressif (13/14 aux lancers) et collectif (7 caviars) ainsi qu’un Gerald Green toujours aussi inconscient (19 points en 19 minutes, 6/12 au tir dont 4/7 derrière l’arc), le banc – qui joue finalement beaucoup plus vite et beaucoup plus libéré que les starters – a littéralement mis le feu aux hommes venus de la baie d’Oakland. Dans tout cela, il ne faudrait surtout pas oublier la moins reluisante mais tout aussi importante prestation de l’ami “P.J.” Tucker. Après avoir raté les trois premières rencontres de la saison pour cause de suspension, il a finalement réintégré le roster à un poste de remplaçant et intervient du poste 2 au poste 4 avec l’énergie et la détermination qu’on lui connaît. En décidant d’associer les frères Morris dans le cinq majeur aux postes 3 et 4, Hornacek a trouvé en Tucker le parfait complément des deux fous que sont Isaiah Thomas et Gerald Green. Les efforts défensifs de l’ailier sur-tanké, les rebonds qu’il arrache ou les ballons qu’il vole font un bien fou à Phoenix à chaque fois qu’il foule le parquet même si tout cela ne saute pas aux yeux à la vue de la feuille de match. D’ailleurs, alors qu’il a shooté à 1/6 et qu’il n’a inscrit que 2 petits points contre Golden State, “P.J” finit tout de même le match avec le meilleur (+/-) de son équipe (+24) !
Hier, lors de la réception des stars de Brooklyn, les Suns ont eu jusqu’à 19 points de retard (38 – 19 en début de deuxième quart) dont encore 13 à la pause avant de dominer outrageusement la seconde mi-temps (63 – 41 sur la période) pour finalement s’imposer de 8 unités ! Au cours de cette 5ème victoire de la saison pour la franchise d’Arizona, Bledose a été spectaculaire mais timide (seulement 11 points) et peu soigneux (7 pertes de balles) pendant que Goran Dragic apportait un réel écot avec 18 unités et 6 “dimes”. Cependant, ce sont encore une fois les “super subs”qui ont fait très mal : 60 points sont venus du banc dont 49 pour la seule paire Thomas (21) et Green (28). Depuis fin octobre et la reprise NBA, les Suns ont la quatrième meilleure attaque de la ligue avec 104,8 points de moyenne et leur banc est le troisième plus prolifique avec 43,8 points par match (hoopstats.com) mais, au delà des chiffres, ce qui est très intéressant chez ces Cactus 2014-2015, ce sont les possibilités qu’offre cette richesse d’effectif sur les postes 1, 2 et 3. Eric Bledsoe est le “Mini-LeBron”, ce meneur sur-athlétique, premier maillon défensif et appelé à devenir le franchise player des Suns à condition qu’il progresse dans sa gestion offensive et sa qualité de tir. Goran Dragic, MIP sortant, est l’incontestable titulaire aux côtés du “Bled”. Le toujours parfaitement coiffé Miles Plumlee fait son boulot au pivot et les frères Morris se défonceront toujours à partir du moment où vous les mettez ensemble sur un parquet. C’est un fait.
Il n’en reste pas moins que ce cinq majeur est d’un niveau correct mais pas plus à l’échelle de la NBA du fait de sa relative faiblesse sur le “frontcourt”. Sauf que cette saison, et encore plus que la dernière, Phoenix dispose d’un banc qui n’a rien à envier à ses titulaires. Entre Isaiah, le lutin indéfendable et meilleur scoreur de l’équipe, Gerald qui shoote (et dunke) sur tout ce qui bouge, “PJ” qui joue les pitbulls mais aussi Anthony Tolliver qui apporte un peu d’expérience et de tir extérieur ou Alex Len qui semble enfin être en bonne santé, les Suns disposent d’un deuxième cinq qui fait très mal aux autres “second unit” de la ligue voire même parfois aux starters adverses. Demandez donc à Steve Kerr… C’est une grande force et c’était ce que voulait Ryan McDonough lorsqu’il a pensé son recrutement pendant l’été. Le GM avait bien précisé que les nouveaux arrivés (rookies ou autres) n’étaient pas là pour remplacer des partants mais bien pour renforcer le groupe. Si tous les joueurs se mettent au diapason de Isaiah Thomas, Gerald Green et “P.J.” Tucker, les Suns peuvent vraiment espérer jouer les poils à gratter à l’Ouest.
Car comme dit précédemment, Jeff Hornacek ne peut pas se satisfaire de la manière dont son équipe joue actuellement. C’est plus lent et moins assuré que l’année dernière alors que nous parlons ici de jeunes joueurs en pleine progression. La pression d’être plus attendus certainement. En revanche, le coach des Cactus sait qu’il peut compter sur des remplaçants talentueux et très déterminés pour changer le rythme ou le momentum d’un match à tout instant. A lui de bien gérer tout cela et de faire les bons choix en terme de rotations. C’est à ce prix-là qu’une place en Playoffs peut s’arracher…
Source image : Jennifer Stewart-USA TODAY Sports