Steve Nash : MVP contesté, fin de carrière ratée, héritage sous-estimé

Le 04 nov. 2014 à 21:41 par Alexandre Martin

Steve Nash
Source image : Youtube

Depuis l’annonce de sa blessure au dos et de son incapacité à jouer cette saison, Steve Nash a beaucoup animé les discussions, les tchats, les réseaux sociaux. Son âge avancé, ses deux dernières saisons ratées à Los Angeles, ses glorieuses années à Dallas puis surtout à Phoenix, sa place parmi les meilleurs meneurs de l’histoire, son côté “portes ouvertes” en défense ou encore son génie offensif… Nous avons vu la carrière du Canadien défiler sous nos yeux et dans nos oreilles, nous avons lu et entendu de tout, et pas que du bon, comme toujours quand la carrière d’un immense joueur est (beaucoup) plus proche de la boîte en sapin que des parquets.

On ne va pas se mentir, ce n’est pas une surprise de voir la fin approcher à grand pas pour l’ami Steve. Personne ne s’attendait à ce qu’il explose les compteurs et qu’il écrase la saison comme il a pu le faire auparavant. Bien évidemment, à 40 ans, ce forfait pour la l’entièreté de l’exercice 2014-15 sonne comme le glas de la carrière de Nash. Il n’aura plus de contrat dans un an et il tirera très certainement sa révérence après trois saisons chez les Lakers pour lesquels il n’aura finalement participé qu’à 65 matchs… C’est effectivement très peu, c’est triste pour le joueur qui espérait certainement finir sur une note plus positive, c’est moche pour les “Pourpre et Or” qui comptaient évidemment beaucoup plus sur lui mais le plus triste dans tout ça, ce sont les nombreuses critiques qui se sont abattues sur Nash de la part d’observateurs qui se permettent de juger le meneur en se basant uniquement sur le fait qu’il est trop payé à Los Angeles actuellement, qu’il ne pense qu’à prendre son chèque avant de partir en retraite, etc, etc… On peut comprendre la frustration des fans des Lakers ou la déception de certains “analystes” qui s’attendaient à mieux mais justement, à quoi s’attendaient donc tous ces gens qui critiquent Steve Nash aujourd’hui ? Qu’il relance les Lakers ? Qu’il soit la base d’une reconstruction bien mal embarquée pour l’instant ? Est-il utile de rappeler qu’il avait déjà 38 ans quand Jim Buss et Mitch Kupchak lui ont proposé un contrat de 3 ans garantis pour 27 millions ? Oui, Steve Nash prend quelques millions en fin de carrière alors qu’il ne peut plus vraiment aider son équipe sur le parquet. Ces “vieux”  – qui touchent encore de bons gros salaires plus en rapport avec leur talent passé qu’avec leur apport actuel – ont toujours énervé les fans mais Nash n’est ni le premier ni le dernier grand joueur à signer un gros contrat alors qu’il est déjà un peu cramé ou qu’il ne lui reste plus grand chose sous le capot. Regardez par exemple actuellement Kevin Garnett aux Nets et posez-vous la question de savoir si son niveau mérite vraiment un salaire de 12 millions l’année alors qu’il va avoir 39 ans cette saison et que son impact diminue à vue d’œil…

Si ces critiques sont énervantes mais compréhensibles, il ne faudrait pas qu’elles éclipsent ce qu’a été Steve Nash et comment il a fait évoluer et a marqué la NBA au cours de sa superbe carrière. Il ne faudrait pas oublier que, de 2001 à 2010 aussi bien à Dallas qu’à Phoenix, le meneur canadien a conduit chaque année la meilleure escouade offensive de la ligue ! Durant cette période, les équipes de Nash ont toujours fini en tête de la NBA en terme de points par match sauf en 2007/2008 où l’attaque des Suns n’a finit que 3ème… Il ne faudrait pas oublier que Nash et les fameux Suns du “7 secondes ou moins” furent la meilleure chose qui soit arrivé à la Grande Ligue entre 2004 et 2010. Ils n’étaient pas forcément la meilleure équipe – surtout une fois arrivés en Playoffs – mais ils avaient de loin le jeu le plus sexy, le plus excitant. Ils étaient une excellente raison de regarder un match (sans s’endormir) très tard dans la nuit. Ils étaient un véritable remède miracle aux Pistons et surtout aux Spurs de la même époque dont l’efficacité défensive et le sens de la gagne n’ont eu d’équivalent que l’ennui et la morosité induits par chacune de leurs sorties. Il ne faut pas oublier, qu’à cette époque, les Suns étaient une sorte de “contre-culture basketballistique” tant leur style de jeu up-tempo – tout aussi libre que fou – était en opposition totale avec celui des équipes qui gagnaient les titres : grosse défense et attaque très orientée sur le demi-terrain voire carrément l’isolation. Ces Suns étaient clairement le rayon de soleil de la NBA et Nash en était le chef d’orchestre car un tel style offensif ne peut fonctionner sans un génie à la mène, c’est impossible.

Ce Phoenix qui jouait en “7 secondes ou moins” fonctionnait grâce à Steve Nash et autour de lui. A tel point d’ailleurs que l’apport de monstres comme Amar’e Stoudemire ou Shawn Marion n’était probablement pas suffisamment reconnu tant la vista de Nash éblouissait les médias et aveuglait les adversaires. En même temps, quand Stoudemire a manqué quasiment tout l’exercice 2005-06 pour cause de blessure, l’escouade des cactus a continué de dérouler offensivement. C’est clairement pour tout ça que Steve Nash a été élu deux fois de  suite MVP de saison régulière. Deux titres souvent contestés à Nash… En 2005, certains considèrent que le MVP aurait pu être Dirk Nowitzki, Tim Duncan ou surtout Shaquille O’Neal que l’ami Steve a devancé d’un rien dans les votes mais, franchement, Nash faisait tourner la meilleure attaque du pays (qui a aussi terminé avec le meilleur bilan de la ligue), il a été meilleur passeur avec 11,5 caviars par rencontre et a planté 15,5 points par match à plus de 50% au tir dont 43% derrière l’arc ! Autant d’éléments qui ont évidemment influencé les votants et ce, à juste titre. En 2006, le titre de MVP est peut-être encore plus contesté à Nash alors que les votes l’ont donné bien plus largement vainqueur que l’année d’avant ! LeBron James et surtout Dirk Nowitzki étaient vus comme des candidats plus méritants que le génial Canadien. Pourquoi pas après tout mais qu’on ne vienne pas me dire que Nash a “volé” ce trophée ou qu’il ne l’a obtenu qu’à coups de hype… Meilleur passeur (10,5 en moyenne), 18,8 points au fameux 50 – 40 – 90, un bilan collectif encore très élevé (1er de la Pacifique) – malgré l’absence du Stoud’ donc – et du spectacle à n’en plus finir ! On peut toujours discuter autour du MVP cette année-là, peut-être que le grand Dirk emmenant les Mavericks en haut de l’Ouest aurait mérité mais voir Nash l’obtenir est tout sauf un scandale.

Deux fois MVP donc, 3ème passeur décisif le plus prolifique de l’histoire et 8ème meilleur moyenne, 8 fois All-Star, 5 fois meilleur passeur de la saison, 4 saisons dans le club des 50-40-90 (record absolu), 7 saisons en double-double points/passes décisives, meilleur pourcentage de tous les temps sur la ligne de lancers-francs… Individuellement, Nash est un monstre pour qui la passe dans le dos ou aveugle est un moyen comme un autre de transmettre la ballon à un coéquipier et, collectivement, Nash est un génie. Un génie dont le style qu’il a permis aux Suns de pratiquer a fortement influencé la NBA par la suite. Il suffit de voir aujourd’hui le nombre d’équipes qui joue avec des ailiers-forts qui sont en fait des shooteurs à 3 points permettant d’écarter le jeu. Il suffit de voir aujourd’hui à quel point le jeu est dominé par des meneurs monopolisant la balle en attaque. Il suffit de voir à quel point le rythme de jeu s’est accéléré… Croyez-vous vraiment que les Suns de Steve Nash ne sont pour rien dans cette évolution ? Ne pensez-vous pas qu’ils ont servi d’inspiration au style de jeu développé par certaines équipes ? Est-il insensé de dire que Steve Nash était l’arme ultime pour faire fonctionner un pick-and-roll ? Est-il insensé de dire que Mike D’Antoni a décroché son job chez les Knicks grâce à Steve Nash ?

Il y a eu des meilleurs joueurs que Steve Nash en NBA à la même époque que lui, des joueurs plus titrés, des joueurs plus physiques ou plus motivés défensivement. Oh oui, il y en a eu… Mais qui peut se targuer d’avoir fait tourner un meilleur show sur un parquet ? Personne ! Nobody, niemand, nessuno ! Nous venons d’assister à la fin – peu glorieuse il est vrai – d’un immense joueur. Critiquons, disséquons mais n’oublions pas l’héritage que nous laisse Steve Nash. L’héritage d’un Top 10 meneur all-time…


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