Kobe Bryant se confie longuement sur Sports Illustrated : la traduction complète par TrashTalk

Le 27 août 2014 à 19:05 par Nicolas Meichel

Récemment sur la couverture de Sports Illustrated, célèbre magazine sportif américain, Kobe Bryant s’est longuement confié à travers une interview avec le journaliste et auteur Chris Ballard. Au programme, ça parle argent, longévité, leadership, confiance en soi, et plein d’autres choses encore. TrashTalk a décidé de vous traduire le tout, et c’est sans langue de bois bien sûr !

Le premier sujet abordé par Ballard et Kobe était celui de l’argent. Souvent critiqué par rapport à son dernier contrat, Kobe Bryant a insisté sur le fait qu’il ne fallait pas prendre moins d’argent si vous valez plus :

La NBA est évidemment un gros business et les équipes génèrent beaucoup d’argent, encore plus depuis les nouveaux contrats du dernier lock-out.

En tant qu’athlètes et de personnages publics, vous avez la pression de jouer pour l’amour du jeu. C’est ce qu’on nous balance à chaque fois. Bien sûr qu’on joue pour l’amour du jeu ! Mais est-ce que les propriétaires achètent des équipes pour l’amour du jeu ?

Cela dit, j’ai baissé mon salaire. J’ai vraiment beaucoup, beaucoup de chance d’être avec l’organisation des Lakers. Ils auraient pu partir dans le sens inverse et me sous-estimer, mais ce n’est pas dans leurs principes. Ils prennent soin de leurs joueurs. J’ai beaucoup de chance.

Ensuite, Kobe Bryant a délivré quelques anecdotes quand il se trouvait encore à l’école :

J’ai parlé aux gosses à mon camp basket et j’ai dit, vous ne pouvez pas vraiment aimer l’école. Je n’aimais pas l’école. Mais il faut regarder les choses différemment. Quand j’étais dans une salle de classe, et le professeur parlait, je percevais cela comme un moyen d’entrainer mon esprit afin d’être plus intelligent, plus concentré pour jouer au basket.

Donc je m’entrainais au basket même en étant assis dans une salle de classe. Quand j’organisais mes pensées et apprenais l’histoire de Napoléon ou Jules César par exemple, je me demandais ce que je pouvais en tirer pour m’aider par rapport à ma passion. Donc si vous prenez tout ce que vous faites et vous le convertissez par rapport à votre passion, tout d’un coup tout devient sacrément intéressant.

A 36 ans, Kobe Bryant est maintenant plus très loin de la retraite. Il lui reste deux ans à jouer selon son contrat, et il ne veut rien lâcher :

Je vais donner le maximum et faire tout ce que je peux pour ces deux dernières saisons. Je ne veux pas laisser de l’eau dans l’éponge. 

Interrogé également par rapport aux joueurs qui ont maximisé leur potentiel, Kobe cite sans surprise Kevin Durant et LeBron James, mais aussi trois autres :

Steve Nash, ce type est là chaque jour pour travailler. Ce qu’il a fait à Phoenix était grotesque. Le mec fait 1m80 avec des chaussures, et n’est pas particulièrement rapide, mais il a tiré le meilleur de lui même.

Steve Blake aussi, il est un frère pour moi. J’adore Steve.

Et Tony Allen, l’un de mes favoris. Juste la façon dont il joue et pour ce qu’il fait.

Le Mamba s’est ensuite exprimé sur sa façon de gérer les différences avec ses coéquipiers, ainsi que sur Dwight Howard :

Si vous revenez en arrière et regardez les joueurs avec qui je m’entendais bien, ils sont tous de la même veine. Tous. Puis vous regardez ceux avec qui je ne m’entendais pas bien, ou avec qui j’ai eu des hauts et des bas, ils ne le sont pas. C’est quelque chose de régulier, et je n’ai aucun problème avec cela.

Question (Q) : Alors comment gérez-vous ce genre de personnes qui ne sont pas comme vous ? Ce n’est pas comme sur le playground, où si vous n’aimez pas un joueur, vous pouvez attendre un match et jouer dans une nouvelle équipe.

Vous avez raison. Ce n’est pas possible.

Q : Qu’est-ce que vous faites alors ?

Dans le passé, quand j’étais plus jeune, je leur disais de s’asseoir ou de rester dans le “corner”, et que nous allons trouver une solution sans eux. Avec les années, en particulier depuis 2008, j’ai commencé à comprendre que nous avons tous cette motivation en nous, mais qu’il fallait encore appuyer sur les boutons. Il y a quelque chose dans la communication que vous devez apprendre par rapport à une personne, afin de déclencher cette concentration, cette passion pour ces choses-là. Peut-être qu’ils ne sont pas capables de porter cela pour toute une saison, mais peut-être que vous pouvez le déclencher pour les moments importants de la saison. Donc, c’est plus devenu, “Nous possédons tous cela, c’est mon travail en tant que leader de cette équipe de trouver un moyen pour faire ressortir cela chez tout le monde”…au contraire de, “Oh c’est sa putain de faute [rires].”

Q : Okay, est-ce que vous vous rappelez quand Nate Robinson a dunké sur Dwight Howard et que vous m’aviez dit “qu’il n’y avait aucun moyen” que vous laissiez quelqu’un vous faire cela ?

C’est toujours le cas.

Q : Puis Dwight est venu dans votre équipe, et tout le monde se demandait comment cela pourrait marcher…

Cela a marché. C’est ce que j’ai dis avant, si vous regardez la seconde partie de saison, ce que nous avons accompli, c’était “ri-dic-ulous”. On avait cinq matchs de retard pour les PlayOffs au moment du All-Star break. On était au plus mal, à l’ouest. Mais on a réussi à gérer toute cette merde pour prendre la huitième place, malheureusement une blessure est arrivée mais on jouait tellement bien. En cette fin de saison, tout était possible. Alors même si en surface cela n’a pas marché, Dwight avait trouvé un moyen de faire ce dont nous avions besoin, et j’avais compris quel était le meilleur moyen pour le trouver.

Connu pour sa confiance en soi sans faille, Bryant a délivré une anecdote sur Deron Williams, auteur d’un 0-9 face au Heat la saison dernière :

J’aurais fini à 0-30 avant de finir à 0-9. 0-9 signifie que tu t’es vaincu toi-même, que tu t’es sorti du match, parce Deron Williams peut obtenir plus de shoots dans un match. La seule raison est qu’il ait perdu sa confiance en soi.

De retour cette saison, Kobe Bryant avoue également que la rééducation n’a pas été facile, et c’est d’ailleurs pour cela qu’il a voulu réaliser le documentaireMUSE”, dont le premier trailer est sorti :

Ce sont des moments difficiles. C’est important de montrer cela. Parce que c’est très facile pour le public de regarder en Octobre ou Novembre et dire “Oh Kobe est de retour comme avant”. Les gosses voient cela et disent “voilà, c’est fait !” Mais non, ce n’était pas juste voilà. J’ai eu beaucoup de doutes et d’auto-conversations. Il fallait avoir un plan, une stratégie, et essayer de trouver les meilleures personnes dans leur champs respectifs, au niveau de l’alimentation et de l’entrainement, pour les faire venir et travailler jour par jour. C’est le processus. Cela m’excite. J’aime faire le travail. C’est ma passion. Ce n’est pas un job pour moi. Et cela concerne 90 % de la chose.  

Serein, rarement paniqué, Kobe dévoile son secret :

J’ai trouvé mon calme intérieur. Vous réalisez qu’il y a des choses que vous ne pouvez pas contrôler. Cela ne veut pas dire que vous n’essayez pas de les gérer. Donc vous faites du mieux que vous pouvez, vous vous préparez de la meilleure façon possible, pour être dans une zone de confort. Vous trouvez des solutions. Il y a des problèmes qui apparaissent, et vous essayez de les résoudre, et même si vous n’y arrivez pas, vous continuez quand même. Si vous échouez misérablement, vous apprenez quelque chose pour ne pas échouer à quelque chose d’autre.

Je pense que les gens confondent facilement paix intérieure et être dans sa zone de confort à cause de la suffisance. Mais c’est exactement l’opposé. Parce que quand vous êtes concentrés sur le moment, et sur chaque jour qui arrive, alors vous êtes prêts pour les grands moments où tout le monde vous regarde, tout simplement parce vous preniez chaque jour à la fois.

Considéré comme un grand leader, Kobe avoue que c’est une position qui n’est pas facile à gérer. Pour expliquer cela, il utilise une métaphore plutôt bien trouvée :

C’est comme quand vous allez dîner, et que vous êtes assis en face de quelqu’un en ayant de la merde sur le visage, c’est assez inconfortable quand on vous le dit, n’est-ce pas ?

Mais il vaut mieux être assis en face d’une personne qui vous dit que vous avez de la merde sur le visage et avoir ce moment d’inconfort, qu’être en face de quelqu’un qui ne vous dit rien. Parce qu’avec la première personne, vous pouvez enlever cette merde de votre visage comme ça personne ne vous regarde en pensant “Quel idiot”, alors qu’avec la seconde, vous regardez une photo plus tard en vous disant “Pourquoi personne ne m’a rien dit ?”

Après 18 saisons au plus haut niveau, Bryant sait qu’il est proche de la fin. Cependant, il n’est pas encore tout à fait sûr que les deux prochaines saisons seront ses dernières :

Q : Vous avez dit que vous alliez jouer deux saisons de plus puis vous retirez. Basé sur l’équipe de cette saison, les limitations pour la prochaine, est-ce que cela a changé ?

Non. Cela pourrait changé, mais il faut faire selon nos sensations. La vérité, c’est ce que vous voulez faire. Ne laissez pas des choses extérieures vous distraire de cela. Ce sont des leçons que j’ai apprises en regardant d’autres personnes dans leurs positions. En regardant des entreprises comme Apple. Toujours fidèles à elles-mêmes et concentrées sur ce qu’elles font. Peu importe les opportunités qui existent, elles restent concentrées sur ce qui leur semble juste. Je fais la même chose, si je ne veux plus jouer, alors j’arrête.

Q : Donc ce sera deux ans, peu importe ce qui arrive ?

Oui, mais si quelque chose change au fond de moi et que je veux jouer plus, pourquoi pas. Pour l’instant, je ne pense pas que c’est ce que je veux.

Enfin pour finir, Kobe exprime son véritable amour du jeu, la seule chose qui compte vraiment pour lui :

Je veux jouer le plus dur possible parce que j’aime sacrément faire ça. Vous voyez ce que je veux dire ? Je communique de plus en plus avec le monde extérieur, en partie parce que les messages sont mélangés pour les jeunes joueurs qui arrivent, par rapport au temps que cela prend pour accomplir ce que vous voulez accomplir en tant que joueur de basket, et l’amour du jeu. C’est plus important que toutes ces conneries, les followers sur Twitter ou Facebook, les interviews comme celle-ci. Il ne s’agit pas de cela. Il s’agit de l’amour du jeu.

Du Kobe tout craché. Il n’y a pas à dire, mentalement il est fort le garçon, très fort. On peut lui reprocher beaucoup de choses au cours de sa carrière, mais on ne pourra jamais lui enlever son franc-parler, son éthique de travail, et son amour du jeu. Et sur TrashTalk, c’est tout ce qu’on aime.

Source interview et image : Sports Illustrated


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