C’était il y a 10 ans : le fiasco américain aux Jeux Olympiques d’Athènes !
Le 11 août 2014 à 13:16 par Bastien Fontanieu
Il fût une époque durant laquelle la sélection américaine n’était pas la meilleure équipe de basket au monde. Avant la rébellion récemment dirigée par Jerry Colangelo et Coach K, la Team USA passait par des heures bien sombres…
2004. Il y a dix ans. Coup de vieux ? Coup de vieux. Les Jeux Olympiques se déroulent à Athènes, un juste retour au bercail après avoir fait le plein de couleurs à Sydney quelques années auparavant. La France n’est pas qualifiée pour jouer à la balle orange, en partie parce que Fred Weis s’est pris Vince Carter au coin de l’arcade. Aux États-Unis ? L’ambiance est un peu morose. On ne sait pas trop quoi faire entre envoyer ses meilleurs joueurs ou développer les plus jeunes. Colangelo n’est pas encore à la tête des opérations basket pour sa nation, mais il baisse déjà la sienne : après un Mondial catastrophique à domicile en 2002, les soldats américains ne terminant que 6ème en jouant devant leur public, le devoir patriotique passe largement après une dizaine de priorités. Shaq ? Trop fatigué. Garnett ? Stage d’équitation. Kobe ? Trop occupé dans les hôtels de Denver. Plus les semaines passent, plus les forfaits s’accumulent. La bannière étoilée transpire en coulisses et décide alors d’envoyer un mix avec un peu de tout, beaucoup de n’importe quoi, mais surtout une alchimie d’équipe à te faire passer les Knicks de la saison passée pour les Spurs. Jugez plutôt.
Allen Iverson, Tim Duncan, Stephon Marbury, LeBron James, Carmelo Anthony, Dwyane Wade, Amar’e Stoudemire, Shawn Marion, Emeka Okafor, Lamar Odom, Carlos Boozer et Richard Jefferson.
Si on prend la meilleure saison en carrière de chacun de ces joueurs, on a en effet une équipe monstrueuse. Sauf qu’à l’époque, seuls Tim Duncan et Allen Iverson ont une carrière respectable. LeBron n’en est qu’à sa deuxième saison chez les pros, Carmelo aussi, sans oublier Wade. Boozer et Stoudemire ne sont pas plus expérimentés, surtout si on y ajoute Emeka Okafor qui vient d’être drafté. Shawn Marion ? Excellent dans son rôle habituel, à faire les poubelles un peu partout, mais c’est probablement le 4ème meilleur joueur de la sélection (sic). Enfin, Lamar Odom et Richard Jefferson se demandent clairement ce qu’ils font là, le premier étant aujourd’hui en désintox alors que le second n’arrive pas à tenir dans le cinq de départ du Jazz 2014. Ceci nous laisse au final avec la perle des perles, l’homme de lumière, celui qui ne pourrait mieux représenter l’esprit olympique : Stephon Marbury.
Maintenant, mixez le tout et demandez à un coach particulièrement patient de gérer ce bordel rempli d’égos et d’attentes. Larry Brown ? On avait dit patient les mecs. Fraîchement titré avec les Pistons après avoir démoli le tank californien, Larry commence tranquillement sa chute dans les bas-fonds de la NBA, alors que sa carrière est tout simplement exemplaire. Il emporte Gregg Popovich comme assistant, mais ce dernier est occupé H24 afin de consoler le pauvre Duncan, qui n’a jamais joué dans une équipe aussi peu organisée et solidaire. Iverson ne voit pas l’intérêt de s’entrainer, Lamar sort sa poudre en plein temps-mort, le trio Bron/Wade/Melo se demande ce qui se passe ici et Marbury tente de calmer tout le monde en passant Shook Ones de Mobb Deep à fond dans les vestiaires. Quel jeu proposer ? Qui sera le leader vocal ? Comment se faire respecter ? Le genre de questions qui ne quittera jamais cette équipe, maudite et détruite par des sélections mieux organisées et motivées par l’idée d’enfoncer les américains dans leur récente dépression basketballistique. Manu Ginobili est au sommet de son art, l’Italie réalise presque un exploit, et la Lituanie… Que dire de la Lituanie, si ce n’est que Sarunas Jasikevicius prend feu lors des poules ?
Grattant sa place en demi-finale après avoir écarté l’Espagne (encore eux), l’équipe américaine se retrouve alors face à l’Argentine, menée par la génération dorée. Fabricio Oberto, Walter Herrmann, Luis Scola, Andres Nocioni, Carlos Delfino, Ruben Wolkowyski et tous les autres roublards qui ont grandi ensemble au bled, l’occasion rêvée pour flanquer une fessée à l’empire de l’Oncle Sam qui domine depuis trop longtemps la planète basket. Ce groupe génial sera porté par un Manu Ginobili irrésistible, lui qui enchainera derrière sur une saison fantastique avec les Spurs, terminant champion NBA et méritant le titre de MVP des Finales même si Duncan fera une série de mammouth. El Manu est tout simplement intouchable en 2004, ses pénétrations acrobatiques aussi. La Team USA échoue devant des millions de téléspectateurs, elle qui réussira tout de même à se glisser sur le podium grâce à une performance divine de Shawn Marion pour le match de bronze. Le choc est tel qu’il mènera la sélection à revoir entièrement son plan d’attaque.
Depuis ? Colangelo et Coach K ont pris les rênes de leur pays et n’ont plus jamais regardé dans le rétroviseur. S’il fallait retrouver une compétition servant de déclic aux américains pour s’adjuger les titres de 2008, 2010 et 2012, c’était bien ces Jeux Olympiques de 2004. L’époque des Marbury, Jefferson et Odom… Quelque part, on aimerait bien que la planète basket revive un tel choc : le timing parfait dans quelques semaines ?
Source image : SIKids.com