La question de la mort qui tue : le trophée de MVP peut-il échapper à LeBron James ou Kevin Durant ?
Le 04 août 2014 à 11:02 par Giovanni Marriette
Le trophée de MVP est un luxe que peu d’êtres humains peuvent même espérer toucher du bout de leurs rêves les plus oufs. De Bob Pettit à Kevin Durant, ils ne sont que 30 à avoir atteint ce Graal, ce sommet d’une carrière (d’un point de vue individuel) qui vous classe d’emblée parmi les légendes de ce sport, et ceci pour l’éternité grâce à un simple nom couché sur un palmarès.
Depuis quelques années, 2 ogres à l’appétit féroce (surtout 1 en fait) monopolisent les honneurs et découragent la concurrence à grands coups de perfs de mammouths et de parcours individuels quasi-immaculés… Mais existe t-il seulement un troisième homme à même de venir contester la boulimie des 2 extraterrestres cités ci-dessus ? C’est la question à laquelle on a tenté de répondre…
Si l’on excepte 2011 et le titre décerné à un OVNI prénommé Derrick, beaucoup plus rapide et aérien que son homonyme de policier allemand et plus jeune MVP de l’histoire, ce sont donc 2 hommes qui se partagent les honneurs depuis 6 ans. Kevin Durant le MVP en titre et bien évidemment LeBron James, quadruple lauréat du Maurice Podoloff. L’an passé encore, si LaMarcus Aldridge ou Paul George avaient fait planer l’ombre d’un doute sur le verdict final du vote, l’espace de quelques matches en tout début de saison, on avait une fois de plus vite compris que la distinction suprême se jouerait entre les 2 zozos. En effet, seuls ces 2 joueurs furent capables d’assurer 80 matches sur le même rythme, entre triple-doubles, game-winners et orgies offensives en pagaille. Résultat ? 119 premières places sur 125 possibles pour KD, 118 secondes pour LeBron. A ce niveau-là on ne parle même plus de vote mais carrément de plébiscite tant le reste de la populace NBA n’a juste rien à faire dans le mano à mano que se livrent les 2 re-sta actuelles de la Ligue…
Existe t-il seulement un joueur, et ceci dès le 28 octobre prochain, à même de s’immiscer dans la course au trophée ? Existe t-il vraiment un seul joueur capable de hausser son niveau de jeu pendant toute une saison au point de faire un peu cogiter les votants ? Petit tour du propriétaire.
Ils peuvent encore
L’an passé, ils étaient 4 à avoir, à un moment donné de la saison, fait parler d’eux dans la course à ce trophée tant convoité. Et même si, en y réfléchissant un quart de seconde, personne n’y aura vraiment cru, ces quatre blazes sont tout de même ressortis au point de faire enclencher la seconde à LeBron et Kevin. On revient tout de suite sur 3 d’entre eux, le quatrième (Paul George) ne pouvant malheureusement plus faire partie de cette liste, du moins pour cette saison…
LaMarcus Aldridge fait partie de ces joueurs. A bientôt 30 ans, LMA est à l’apogée physique et statistique de sa carrière et son début de saison 2014 a logiquement fait de lui un candidat plausible au titre suprême. Des pointes très régulières à plus de 30/35 points et 15 rebonds avec une adresse folle, des Blazers rafraîchissants grâce à un roster complété intelligemment et le nom de LaMarquise revenait de plus en plus souvent dans les discussions de récompenses de fin de saison. Une blessure et un léger passage à vide plus tard, il n’en était plus rien, la faute à un Durant en mode record et à un LeBron passant les 60 points face aux Bobcats. A un an de la free agency, LaMarcus sera, comme tous les joueurs en fin de contrat, en mission. La mission de prouver qu’il vaut la thune qu’il s’apprête à demander et on sait de mémoire qu’un joueur poussé par ce genre de motivation trouve souvent et bizarrement une vigueur parfois enfouie… Et si Portland titille comme cette saison les 60 victoires (54 en 2014) et que LaMarcus nous sort une saison à 26/27 points et 12/13 rebonds (qu’il a très largement dans les pattes), KD et LBJ devront sortir le (très) grand jeu…
Autre intérieur statistiquement énorme, Blake Griffin. A la différence de LMA, le rouquin est encore jeune (25 ans) et est en pleine progression. Catalogué artiste de cirque à ses débuts, le Clipper s’est depuis acheté un shoot assassin à mi-distance et son jeu au poste est plus que respectable même si beaucoup de boulot reste encore à faire. Ses 24 points et 9.5 rebonds l’an passé ayant fait de lui l’indiscutable n°3 du scrutin, rien de plus logique donc de l’imaginer progresser encore et toujours pour venir accrocher le duo de tête. Leader d’attaque d’une franchise en perpétuelle ascension et qui devrait une nouvelle fois jouer le podium à l’Ouest, Griffin devra pour cela gagner encore un peu plus en dureté et en leadership aux côtés de Chris Paul pour pouvoir espérer titiller les plus grands. Blake a le moteur pour, ne reste plus qu’à débrider tout ça…
Toujours à l’Ouest, toujours à l’intérieur et encore et toujours un monstre statistique, Kevin Love. Peut être le seul mec de la ligue capable d’envoyer un 12/15 à 3 points le lundi et gober 24 rebonds le lendemain. Un espèce de robot des temps modernes au blaze parfait pour pécho, un cancer pour les défenses adverses, un tueur silencieux… Un homme ayant presque réussi, contrairement à James Harden, à nous faire oublier sa défense plus que limite tellement nos yeux sont focalisés sur son abattage en attaque… Un bémol cependant pour “l’Amour”, son plus que probable futur trade devrait le voir rejoindre une voire deux autres superstars et si ses chances de titre devraient se voir décuplées, son rendement statistique en prendra logiquement un coup…
Quelques cas à surveiller de près
On peut rajouter également à ce tableau de prétendants un garçon comme Stephen Curry, presque unanimement attendu comme l’un des favoris au titre de meilleur pointeur de la ligue depuis l’arrivée de Steve Kerr sur le banc des Warriors. Un très gros 30 de moyenne cumulé à une saison à 55 victoires (minimum) pour GS et “Baby Face” rentrera sans contestation possible dans la danse… Idem pour un John Wall (23 ans) en quête de maturité et qui pourra continuer cette saison de faire progresser les jeunes Wizards aux côtés de Paul Pierce tout en produisant de la stat à foison. Le même délire qu’un certain Al Jefferson, capable cette saison d’envoyer plus de 25 points et 10 rebonds tout en dépassant les 50 victoires avec les nouveaux Hornets 2.0… Mais si ces 2 derniers méritaient leur place dans ces lignes, on ne vous cache pas que voir l’un 2 chopper le Graal en fin de saison représenterait en NBA un séisme de puissance 1000, un peu comme un replacement de Kendrick Perkins à la mène en fait…
L’outsider
Comment parler d’un trophée de MVP sans mentionner Derrick Rose ? Tout simplement car le meneur des Bulls fait partie du palmarès et que sans 2 terribles blessures le gamin d’à peine 26 ans serait peut-être à l’heure actuelle triple lauréat du scrutin. Alors oui, le pari est immense mais si D-Rose a retrouvé la pleine possession de ses moyens et que la connexion avec l’une des plus grosses raquettes de la ligue (Gasol et Mirotic ont rejoint Noah et Gibson) se fait, attention les yeux… Dans toutes les têtes, les Bulls 2015, au complet, ont largement 60 victoires dans les pattes, l’une des conditions souvent nécessaires pour faire d’un joueur un MVP incontestable… On a également vu lors des différents training de Team USA que Derrick était bel et bien en forme mais l’intensité d’une saison NBA est telle que tous les doutes sont quand même permis quant à la solidité de son corps. Tout ce que l’on sait aujourd’hui c’est qu’à son meilleur niveau, le MVP 2011 est un candidat plus que logique. Wait and see…
Il aurait pu
On promettait monts et merveilles à Kyrie Irving à son arrivée dans la ligue mais le soufflé peine encore à gonfler… A seulement 22 ans et même si l’on devrait être un peu plus patient avec l’Australien de naissance, Kyrie Irving a pris un peu de retard sur la voie royale tracée pour lui depuis sa draft 3 ans en arrière. Plombé par la lose de Cleveland l’an passé, le jeune homme n’a pu élever ses performances au niveau attendu et devra à présent faire avec la compagnie princière de LeBron. Autant dire que pour les distinctions personnelles, il repassera. Next…
C’est un peu tôt mais ce n’est que partie remise
Voici venu le temps des rires et des chants, chez les Pelicans c’est toujours le printemps… Trêve de Casimir, on ne sait pas si Anthony Davis a prévu d’emmener New Orleans au firmament mais ce qui est sûr c’est que pour y accéder personnellement, il n’aura besoin de personne. C’est incontestable, l’Unibrow est l’une des futures très grandes stars de la ligue et la seule question est maintenant de savoir à quelle heure de la journée le terrifiant gamin va asseoir son boule sur la NBA. Cela paraît compliqué, puisque c’est la question que l’on se pose aujourd’hui, de le voir dès cette année se mêler à la lutte pour le trophée ultime du fait notamment du sex-appeal de bulot des Pelicans. Mais prenez rendez-vous car, trade ou pas, vous pouvez d’ores et déjà avec ce bonhomme partir sur du 28 points, 15 rebonds et 4 contres pendant 10 ans, le genre de stats ayant fait récemment de Tim Duncan ou Kevin Garnett des MVP plus que respectables. Encore un peu de patience…
La (très) grosse cote
Scénario : Surfant sur la vague de jeunesse amenée par une franchise de Utah victorieuse de 68 matches dont une série de 30 succès consécutifs pour attaquer l’année civile, Rudy Gobert signe son année sophomore d’une ligne statistique phénoménale. 27.2 points, 16 rebonds et 5.4 blocks par matches plus une sélection au All Star Game. Le Jazz a beau être vaincu par les Kings en finale de conférence, le pivot français est le premier tricolore de l’histoire a être élu MVP de la ligue, succédant ainsi à Kevin Durant au palmarès le plus pimpant du basket mondial. Lâchez-vous car pour 1 euro misé, le gain potentiel est évalué à 45 milliards…
Pour résumer : quelques big guys (LMA, Love, Griffin), un taureau en rédemption et un sniper à qui on ouvrira cette année toutes les vannes représentent l’armée des prétendants au fauteuil squatté depuis quelques années déjà par LeBron puis KD. En attendant un Anthony Davis encore un peu trop “Kev Adams”, l’éventuel voleur de trophée est à chercher entre ces hommes. Même si l’on ne vous cache pas que malheureusement pour eux, la surprise risque cette année d’avoir du mal à se faire une place. La faute à 2 cyborgs hommes, peut être tout simplement trop forts pour la concurrence…
image de couverture : @artkor7