Cela aurait pu être Chicago, Houston ou encore Los Angeles, mais c’est finalement à New York que Carmelo Anthony continuera sa carrière NBA. Pour certains, c’est le choix de l’argent, pour d’autres, c’est un manque d’ambition. Mais au final, la véritable raison pour laquelle Melo a décidé de rester dans la “Grosse Pomme”, c’est l’amour de New York.
Cela sonne peut-être un peu « conte de fée » au premier abord, et vous savez bien que TrashTalk n’a pas pour habitude de vivre dans un monde de bisounours. Sauf qu’à un moment donné, il faut dire les choses comme elles sont, peu importe ce que l’opinion générale peut penser ou ne pas penser. Un peu dans l’ombre du « I’m Coming Home » de LeBron James, Carmelo Anthony a lui aussi fait son annonce par une lettre explicative de sa décision (voir ci dessous). Sur son site internet, Melo a déclaré qu’il portait New York dans son cœur, et qu’il ne s’imaginait pas quitter le Madison Square Garden et ses fans. Évidemment, cela sent le plan communication à dix kilomètres, surtout que derrière, Anthony va empocher 124 millions de $ sur les cinq prochaines années. Et puis il y’a aussi Phil Jackson et son projet tout beau tout neuf (quoi que), ainsi que La La Vasquez (bon là on comprend) qui ont fait pencher la balance. Mais en fin de compte, cela n’a pas eu autant d’importance que l’on pourrait le croire. Parce que Carmelo Anthony et New York, c’est avant tout un attachement réciproque.
La lettre de Carmelo Anthony, tirée de son site officiel
“Il y’a quelques années, j’ai rêvé de revenir à New York City, l’endroit où je suis né, et le 23 février 2011, c’est devenu réalité. Cette organisation m’a supporté et en retour, je veux rester et construire avec cette ville et cette équipe. A ce tournant de ma carrière, je devais à ma famille et à moi-même d’explorer toutes mes options possibles. Mais en fin de compte, mon coeur n’a jamais hésité.
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Au final, je suis un New York Knick de coeur. J’ai hâte de continuer ma carrière en orange et bleu, et de travailler avec Phil Jackson, un champion qui a construit des équipes titrées. Le Madison Square Garden est la Mecque du basketball, et je suis entouré par les meilleurs fans du monde”
Né à Brooklyn, Melo a passé ses huit premières années à New York. Et quand vous grandissez dans cette ville folle de basketball, difficile de ne pas devenir un « Knick de cœur », comme il le dit justement dans sa lettre. Entre Rucker Park, les Knicks et le Madison Square Garden, New York sera toujours considéré comme la capitale du basket, peu importe les résultats de ses équipes professionnelles. Parce dans la “Grosse Pomme”, le basket est culturel. Ce n’est pas un passe-temps, ce n’est pas un juste un divertissement, c’est une religion. Et c’est exactement pour cela qu’Anthony a décidé de rester. Dans une interview accordée l’année dernière, Melo avait expliqué les véritables raisons de son amour pour la ville qui ne dort jamais :
« J’aime la grande ville qu’est New York, son authenticité. Quand vous jouez ici, vous ne représentez pas uniquement les Knicks, mais vous représentez New York, et il n’y a rien de meilleur que cela ».
Contrairement à d’autres joueurs, Anthony aime la pression et les attentes new-yorkaises. Il aime le fait de fouler un soir sur deux dans la “Mecque du basket”. Il aime jouer devant Spike Lee. Il aime voir l’Empire State Building aux couleurs des Knicks. Bref, il aime cette ville. Et il est conscient qu’il peut accomplir quelque chose de grand. Melo a l’opportunité de devenir une légende dans l’un des endroits les plus mythiques du monde. Cela fait quand même depuis le début des années 1970 et l’époque Willis Reed, Walt Frazier et Earl Monroe que les Knicks n’ont rien gagné. Presque un demi-siècle que New York attend une nouvelle bannière de champion. Patrick Ewing et John Starks ont bien tout essayé, mais Michael Jordan et Hakeem Olajuwon se sont dressés sur leur route. Contrairement à Los Angeles ou Boston, New York ne possède donc pas une tradition de victoire. Dans ce sens là, Anthony n’a rien à perdre, car presque tous ses prédécesseurs ont échoué dans la quête du titre.
Depuis son arrivée en février 2011, il est devenu le symbole des Knicks. Il est aujourd’hui l’espoir de New York, celui sur qui les new-yorkais comptent pour revenir au top. Et il voulait ce challenge. A 30 ans, Anthony va rentrer dans son dernier gros contrat, qui devrait correspondre à ses dernières années au meilleur niveau. Le temps presse donc. Contrairement aux autres grands joueurs de sa génération, son palmarès collectif est vierge. En une décennie, il a passé le premier tour des PlayOffs qu’à deux reprises, pendant que LeBron James ou Dwyane Wade remportaient des bagues de champion. Pire, il n’a même pas réussi à guider son équipe aux séries éliminatoires la saison dernière, même s’il n’a pas vraiment été aidé. Quitter New York aurait donc été tout à fait compréhensible, mais le fait qu’il reste doit également être respecté par chacun. Dans une ligue où les stars n’hésitent plus à jouer ensemble, Melo a décidé d’écouter son cœur et de continuer l’aventure sur Manhattan, à ses risques et périls. Certains pensent que c’est un mauvais choix, mais il n’y a pas de mauvais choix quand vous choisissez de jouer à New York. De plus, la présence de Phil Jackson rassure Carmelo Anthony, qui possède une confiance presque aveugle dans le “Zen Master”, alors que ce dernier n’a encore rien prouvé quand il s’agissait de véritablement construire une équipe. Mais son nom et son aura sont synonymes de titre, et l’avoir à côté de soi est forcément une bonne chose. Les arrivées de Derek Fisher sur le banc, ainsi que Jose Calderon à la mène sont les prémices de la nouvelle philosophie de jeu new-yorkaise, basée sur l’attaque en triangle. Anthony sait qu’il devra s’adapter, mais il sait également que ce système offensif a déjà fait ses preuves. Actuellement, les Knicks ne peuvent pas objectivement jouer le titre, mais la base est là, et Melo sait qu’il est au centre de tout ça. A lui de montrer à présent qu’il peut emmener SON équipe au sommet.
Peut-être que dans quelques années, quand sa carrière touchera à sa fin, Anthony sera toujours sans la moindre bague au doigt. Il sera alors probablement traité de « loser » (à tord), et restera à jamais dans la catégorie des Ewing, Miller et autre Iverson. Mais au moins, il aura accompli son rêve, celui d’exceller sous les couleurs orange et bleu de N-E-W Y-O-R-K, et ça, ce n’est pas donné à tout le monde.