Gregg Popovich abuse : il serait peut-être temps de faire vraiment jouer les Hall of Famers, non ?
Le 28 mai 2014 à 12:05 par Bastien Fontanieu
Comme un vieux sentiment qui date de l’année dernière… Comme un arrière-goût de déjà-vu. Nouvelle saison, mais même problématique pour les Spurs : il faudrait peut-être penser à faire jouer ses Hall of Famers quand on en possède dans l’effectif.
18 Juin 2013, il y a donc environ un an. Game 6, à Miami. Les Spurs mènent de trois points, le champagne est prêt, T-Mac touche son titre du bout du doigt et il ne croit pas ce qu’il est en train de voir. Nous non plus d’ailleurs, mais pour d’autres raisons. Sur ce qui devait être la dernière possession de la saison, Gregg Popovich décide de défendre aussi bien que possible selon son plan de jeu et décide donc de mettre… Tim Duncan sur le banc. Oui, Duncan, probablement le meilleur ailier-fort de l’histoire, et l’un des meilleurs rebondeurs du jeu, Gatorade en main et tête d’enterrement. Pas de Tim sur le terrain car en terme d’espacement et de couverture, on s’expose à de mauvaises rotations défensives. De mauvaises match-up avec Chris Bosh, capable d’aller sanctionner à distance.
On s’expose aussi à des rebonds offensifs.
Le reste, c’est l’histoire qu’on connait. San Antonio perdra sa Finale 2013 sur de nombreux points, de nombreux détails, mais sur cette action précise, la sanction est inévitable : Gregg Popovich a foiré. Il a tout simplement foiré dans sa démarche. Le meilleur coach de ces quinze dernières années (coucou Phil) a toujours eu cinq à dix coups d’avance sur ses adversaires. Capable de maintenir son équipe au meilleur niveau, dessiner des séquences offensives de génie en fin de rencontre, il ne fait aucun doute que la place du texan sera sur le toit du mont Coaching quand il aura enfin jeté sa plaquette une dernière fois. Seulement, Pop est encore en activité aujourd’hui. Et l’impression qu’il dégage par moment, c’est celle d’un vieux qui refuse de changer ses façons de faire. Le blasphème ne peut être vraiment avancé quand on voit la souplesse avec laquelle il a modifié sa franchise et ses joueurs au fil des années. Mais quand il s’agit d’utiliser son trio de Hall of Famers en PlayOffs, on peut tout de même se poser quelques questions.
Hier soir encore, certains journalistes en rigolaient en fin de match. Toujours aussi amusant, relax, blagueur, Gregg a tout simplement avoué qu’il pensait au match de Jeudi en ayant fait reposer ses stars. Oui oui, en ayant fait reposer Tony Parker, Tim Duncan et Manu Ginobili en pleine Finale de Conférence. Il serait extrêmement osé de notre part, sur notre petit site, de vouloir apprendre à un coach de la trempe de Popovich comment gérer son effectif. Après tout, si ses trois anciens jouent à un aussi bon niveau en fin de saison, c’est aussi parce que leur condition physique et leur endurance ont été gérés de main de maitre par l’homme et ses sbires. Simplement, nous sommes aujourd’hui à quelques matchs de la Finale NBA, et hier soir la feuille de match faisait peine à voir : 26 minutes pour Parker, 25 pour Duncan, 11 pour Ginobili. Fatigue ? Abandon ? Soit. En saison régulière, ça passe. Mais continuellement jouer avec le feu, surtout avec le Thunder, n’est pas la meilleure des idées en PlayOffs. Quelle tête fera l’entraineur si OKC remporte le Game 5 à San Antonio ? Quelle phrase nous sortira-t-il ?
‘Rendez-vous au Game 6’ ?
Cette confiance totale en lui est ce qui a aussi fait sa force, sa régularité dans le succès. Mais quand on voit trois des meilleurs joueurs de l’histoire du jeu à leur poste sur le banc, on peut se demander ce qu’ils y foutent à 2 victoires des Finales. Alors pour certains, le match était déjà plié, fini, dans la poche du Thunder. Pour d’autres, il aurait été possible de remonter, de faire jouer et installer le doute chez la bande à Scott Brooks. Ce dernier justement, qui reste fortement critiqué pour ses décisions parfois contradictoires, a compris sa leçon. Oui, lui en 2011 quand il a vu Dallas coller une gifle aux jeunes joueurs d’OKC en Finale de Conférence alors que le match semblait plié, il a compris qu’il fallait laisser ses meilleurs joueurs sur le terrain. Car aucune avance, aussi grande soit-elle, n’est tranquille en PlayOffs. Et c’est peut-être ce type de leçon que devrait comprendre Gregg Popovich, lui qui continue à refaire la même erreur que l’an passé en Finale face au Heat, lui qui continue à faire jouer tout son banc alors qu’aussi exceptionnel soit-il, il ne propose pas trois futurs Hall of Famers. Mis à part Ginobili bien sûr.
Il serait peut-être donc temps de se réveiller un peu, et de forcer ses chéris à aller au boulot. Oui, les risques de blessures sont bien présents. Oui, les risques de perdre un joueur existent. Mais oui aussi, le risque de voir le Thunder prendre l’avantage dans cette série est on-ne-peut-plus vivant. L’heure est donc au passage en mode Finales, en donnant nettement plus de temps de jeu à Tim Duncan, Tony Parker et Manu Ginobili, plutôt qu’à Marco Belinelli, Matt Bonner et Aron Baynes. Les Hall of Famers n’attendent que de jouer, faut arrêter d’abuser.
Source image : ESPN