Pourquoi vouloir critiquer Russell Westbrook quand Kevin Durant ne fait même pas son boulot ?

Le 30 avr. 2014 à 16:06 par Bastien Fontanieu

La question fait tâche, d’entrée. Si l’actualité a été largement dominée par des propos racistes venus de Los Angeles, l’attention pourrait vite être tournée sur Kevin Durant s’il n’assume pas son propre discours tenu en début de saison dernière. L’heure est donc à la flagellation, qu’il le veuille ou non.

En Janvier dernier, après avoir joyeusement fêté la nouvelle année, TrashTalk écrivait ces quelques lignes cinglantes concernant Kevin Durant, notamment sur sa tendance à vouloir chialer quand les choses ne vont pas dans son sens. Une série de droites bien envoyées par la rédaction, qui concordait parfaitement avec le contexte de l’époque, c’est-à-dire trois défaites subies en grande partie à cause d’un soi-disant leader, qui n’assumait pas du tout ses responsabilités et faisait passer Russell Westbrook pour le franchise player du Thunder par la même occasion. Un clin d’oeil évident en référence aux PlayOffs de l’an passé, quand le meneur s’était explosé le genou au premier tour et qu’OKC devait affronter Memphis en demi-finales, avec la douleur de ne pas pouvoir compter sur son All Star. Par la suite, Durant annonçait même que son statut de second l’énervait au plus haut point. Second à la Draft, en Finales, chez les MVP : cette saison 2013/2014 devait sonner la révolte dans son camp et mettre tout le monde d’accord. Fast forward, 2014. Mieux : 11 Janvier 2014.

Comme s’il avait lu cet article et l’avait placardé dans son vestiaire, Kevin Durant proposa alors une fin de mois de Janvier exceptionnel, avec des performances écœurantes et même la mise à genou du Heat sur leur propre parquet. LeBron, Durant, un duel les yeux dans les yeux enfin remporté par la tige du Thunder, et ce sans son meneur. On se disait alors que le déclic avait eu lieu, et que rien ne pourrait arrêter la machine, sur sa route pour un premier titre de MVP puis des PlayOffs sensationnels. Des sorties à 30, 40 et 50 points. Des équipes qui doublent et triplent en défense, mais rien à faire. Le kid dominait enfin son sport et on sentait que la Conférence Ouest s’inquiétait. C’est donc dans une atmosphère joviale et pleine d’espoir que Russell Westbrook fit son retour, et que les tendances passées ont alors refait surface. Paralysie pour Kevin, monopole de la balle pour Russell, le Thunder échoue à la maison face à Miami, et les questions refont bien évidemment surface. Est-ce que ça marche avec RW, que se passe-t-il entre les deux copains, Scott Brooks peut-il mener cette équipe jusqu’au bout ? Quelques semaines de saison régulière plus tard, la franchise terminait en seconde place à l’Ouest et devait donc se coltiner… Memphis, au premier tour. Comme un signe du destin : après avoir perdu contre eux l’an passé sans son meneur, puis avoir réussi à tabasser le grizzly entre Octobre et Mars, Durant retrouvait son ennemi juré et pouvait donc aborder la série avec enthousiasme et motivation. Fast forward, aujourd’hui. Mieux : demain.

Kevin Durant passe totalement à côté de sa série. Les chiffres ? On va dire que ça passe : 28 points, 10 rebonds et 4 passes. Mais encore une fois, si l’aspect numérique du basket dominait le reste, Rudy Gay serait un Hall of Famer. Durant est bel et bien retombé dans ses travers de début Janvier, ceux qui nous avaient poussés à le pointer du doigt pour la méforme du Thunder. Chialade, enfant gâté, l’esprit troublé. Les haterz sont pourtant bien en places, solides sur leur question : mais Russell Westbrook les mecs, vous en faites quoi ? Le bras droit du futur-MVP a en effet son lot de responsabilités dans la déconvenue de la franchise jusqu’ici. Mais s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est qu’il se donne à fond pour tenter d’améliorer les choses, et qu’il fait limite passer Scott Brooks pour un grand coach. Les tirs clutchs jusqu’ici pour le Thunder ? C’est Westbrook qui les a pris. Trois points avec la faute, son interception hier soir, une défense de feu et un leadership physique et psychologique exemplaire. Alors oui, ses décisions sont parfois contestables. Mais comment ne pas le comprendre quand son associé ne fait pas son boulot ? Kevin Durant est en train de faire passer Tony Allen pour Scottie Pippen, tant le pitbull de Memphis est entré dans son crâne. Aussi agressif qu’un moineau et motivé qu’un balai à chiottes, Durant semble perdu sur le terrain et ne peut plus cacher l’évidence : il a totalement perdu confiance en lui. Un constat affreux quand on se souvient de sa détermination en Janvier, sa hargne, son envie de bien faire et son leadership sur comme en dehors des terrains. Le natif de Washington doit donc repasser par toutes ces étapes dans les 24 prochaines heures, celles qui lui ont permis de devenir ce joueur indéfendable, s’il souhaite passer le 1er tour et éviter de rejoindre certaines légendes nommées MVP mais allongées dans leur canapé pour mater Roland-Garros.

Le basket, plus qu’une histoire d’heures passées en salle, est un sport où il faut également imposer sa volonté physique comme mentale. Et Durant, à moins de nous choquer avec un virage à 180° dans les prochaines semaines, devrait échouer une nouvelle fois en PlayOffs à cause de cette inaptitude, que ce soit avec ou sans Russell Westbrook. L’heure est donc au silence, et surtout à la musculation : sur le corps, et dans la tête.” C’était en Janvier dernier. Nous en sommes au même point aujourd’hui, sauf que l’élimination approche. Alors, toujours énervé de finir second ? Rendez-vous demain soir.

Source image : ESPN


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