Playoffs Revival : duel d’anthologie au Texas

Le 28 avr. 2014 à 12:20 par Nicolas Meichel

Playoffs revival SPurs Mavericks
Source image : Youtube

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde plus que d’un œil discret ces rencontres sans véritable enjeu. Entre les joueurs mis au repos, les coaches qui testent des rotations et les équipes qui tankent, difficile de vibrer avec intensité. Pour vous aider à patienter, petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.

Alors que Dallas et San Antonio se rencontrent actuellement au premier tour des Playoffs, cette série 100% texane a déjà une belle histoire derrière elle. Aujourd’hui, TrashTalk a décidé de revenir huit ans en arrière pour vous faire revivre un Game 7 de légende entre les Spurs et les Mavericks. Le 22 mai 2006, les deux équipes se disputent un ultime match à Fort Alamo avec comme enjeu une finale de conférence contre les Phoenix Suns. Dans un match épique qui se finira en prolongations, Tim Duncan et Dirk Nowitzki se livrent un duel d’anthologie qui restera à coup sûr dans les mémoires.

Le contexte – domination texane en NBA

Ultra dominants en saison régulière, les Spurs et les Mavericks se croisent déjà en demi-finale de conférence. Avec un bilan respectif de 63-19 (victoires-défaites) et 60-22 pour San Antonio et Dallas, on peut dire que c’est véritablement une finale de conférence avant l’heure. Les deux équipes possèdent les deux meilleurs % de victoire sur la saison, mais les Mavs ne finissent que 4è puisqu’ils évoluent dans la même division que les Spurs. San Antonio, champion en titre après avoir battu Detroit en 2005, élimine les Sacramento Kings au premier tour sur le score de 4-2. Les Mavs quand à eux, sweepent facilement les oursons de Memphis. Les deux équipes texanes se rencontrent donc au second tour et ce sont les Spurs qui possèdent l’avantage du terrain. Le Game 1 est ultra serré puisqu’il faudra un 3pts de Bruce Bowen à deux minutes de la fin pour permettre à San Antonio de s’imposer sur le score de 87-85. Sur la dernière action du match, Jerry Stackhouse commet une bourde énorme lorsqu’il décide, pour une raison encore inconnue, de reculer derrière la ligne des 3pts pour tenter un tir impossible qui finira en brique, alors qu’il avait l’occasion d’attaquer le panier pour égaliser. Le Game 2 est quand à lui remporté assez aisément par les Mavs qui reprennent donc l’avantage du terrain.

Les deux matchs qui suivent vont atteindre des sommets d’intensité et de suspense puisqu’ils vont se décider à quelques possessions près. Dans le Game 3, une perte de balle à quelques secondes de la fin sera fatale aux Spurs, alors que dans le Game 4, Jason Terry prend feu (32pts) en prolongations et fait la différence pour Dallas, qui prend ainsi une grosse option sur la série. Menés 3-1 et donc dos au mur, les Spurs réagissent en champion. Dans un Game 5 hyper accroché, San Antonio arrache la victoire grâce à une action défensive cruciale de Bruce Bowen sur Dirk Nowitzki, à six secondes de la fin. Vainqueur 98-97, l’équipe de Gregg Popovich retourne à Dallas pour un Game 6 qu’elle maitrisera dans la plus pure tradition Spurs. Derrière un trio Tim Duncan-Manu Ginobili-Michael Finley cumulant 70pts, San Antonio s’impose 91-86 face à des Mavs maladroits et en manque de solution offensive. L’absence de Jason Terry, suspendu suite à un coup donné à Finley à la fin du Game 5, fait très mal à Dallas. Désormais à égalité 3-3, les deux formations joueront leur qualification au SBC Center de San Antonio, dans un Game 7 qui sera à l’image de la série, à savoir très passionnant et très serré.

La performance – lutte acharnée entre deux des meilleurs poste 4 de l’histoire

L’heure de vérité est arrivée. Il n’y aura pas de lendemain, c’est « Win or go home » pour les deux équipes. Face à face, deux des meilleurs intérieurs de l’histoire vont se livrer un duel mémorable. D’un coté, Tim Duncan, de l’autre, Dirk Nowitzki. On dit souvent que les grands joueurs répondent présent dans les moments importants. On en aura l’illustration parfaite en ce soir de mai 2006. Le début de rencontre est clairement à l’avantage de Dallas. Les Mavericks rentrent mieux dans le match et mènent 17-8 après quatre minutes de jeu, grâce notamment au duo Josh Howard-Dirk Nowitzki, auteur de 13 points. Dallas poursuit sur sa lancée, et est véritablement en feu en attaque, à l’image de l’allemand qui fait un chantier terrible : mi-distance, fadeaway…bref la totale. Derrière, Jason Terry rajoute son grain de sable et les Mavs mènent 37-27 à la fin du premier quart-temps.

On attend forcément une réaction des Spurs, mais c’est bien le JET qui va planer sur le match. Il inscrit 10 points uniquement dans le second quart-temps pour donner jusqu’à 20 points d’avance (58-38) aux siens, à trois minutes de la fin de la première mi-temps. Les Spurs arrivent tout de même à recoller un petit peu au score grâce à Duncan, Parker et Finley, mais les Mavericks sont toujours confortablement en tête 64-50 à la pause. Auteur de 15 points en première mi-temps, Tim Duncan va être omniprésent dans le troisième quart-temps. Que ce soit en attaque, en défense ou au rebond, il va tout simplement prendre le match à son compte et permettre aux Spurs de recoller peu à peu au score. Il inscrit 13 points, prend 6 rebonds, et San Antonio revient à seulement 6 points de Dallas (84-78 à la fin du troisième). En face, Dirk (8 points dans le quart-temps) permet aux Mavs de rester devant, malgré une attaque en berne (70% au tir en première mi-temps, 40% dans le troisième quart-temps). Keith Van Horn rentre également deux tirs primés très importants pour donner un peu d’air à Mark Cuban qui voit progressivement l’avance au score de son équipe fétiche se réduire.

Le dernier quart-temps est insoutenable. Duncan et Nowitzki se livrent un superbe duel et portent véritablement leurs équipes respectives sur leurs épaules. Dirk réussit à provoquer des fautes et à se présenter souvent sur la ligne des lancers-francs. Il inscrit 9 points en sept minutes, alors que dans le camp adverse, Dream Tim et Manu sont en version Shaq et Kobe. Les deux joueurs vont inscrire les 19 premiers points de leur équipe dans ce quart-temps (10 pour Duncan, 9 pour Ginobili), et ainsi permettre à San Antonio de revenir à 99-97 à deux minutes de la fin. En face, le jeune Josh Howard ne tremble pas sur la ligne, et donne 4 pointts d’avance aux Mavs. Mais ce n’est que partie remise. Tim Duncan, victime d’une prise à deux entre Erick Dampier et Josh Howard, libère l’ancien Maverick Michael Finley qui inscrit un tir primé capital pour recoller à 101-100. Le suspense est insoutenable, et la tension à son comble. Jason Terry tente de redonner un second souffle à son équipe, mais il rate la cible. Les Spurs égalisent derrière par Tim Duncan, qui ne rentre cependant qu’un de ses deux lancers.

A une minute du buzzer, tout reste donc à jouer. Dirk, exceptionnel durant la rencontre, rate l’occasion de donner l’avantage à son équipe, alors qu’en face, Manu Ginobili sort un tir from downtown à 32 secondes de la fin. 104-101 Spurs, l’univers est impitoyable pour Dallas. Mais comme si cela ne suffisait pas, ce match était loin d’être terminé. Remise en jeu Dallas, Dirk reçoit la balle à proximité de la ligne à 3pts. Face à lui, un véritable chien de garde, Bruce Bowen. Mais le Wunderkid était innarêtable ce soir là. Il pénètre, provoque la faute de Manu, et rentre le panier. AND 1 ! Il met le lancer derrière et remet le score à égalité. La balle de match est pour Gino, qui rate son lay up. Duncan prendra bien le rebond, mais il se fera contré par…..Dirk Nowitzki (oui vous avez bien lu). Le match et la série vont donc se jouer en prolongations. Alors que l’on attendait que les Spurs prennent le dessus, c’est Dallas qui va se montrer impérial. Que ce soit par l’intermédiaire de Jerry Stackhouse, Jason Terry ou Dirk Nowitzki, les Mavs montrent qu’ils ont des nerfs d’acier, et infligent un 15-7 à San Antonio. Mark Cuban exulte, les siens ont réalisé l’impossible. Après avoir mené 3-1 dans la série, et de 20pts dans le Game 7, les Mavericks étaient à deux doigts de tout gâcher. Mais ils sont repartis du SBC Center avec une victoire 119-111, leur permettant d’accéder aux finales de conférence.

Le duel Dirk Nowitzki-Tim Duncan aura été sensationnel. L’allemand termine avec 37 points, 15 rebonds (11/20 au tir, 15/16 aux lancers-francs), alors que le double MVP de la ligue et triple MVP des Finales finit avec 41 points – 15 rebonds – 6 assists (12/24 au shoot, 17/23 aux lancers-francs). Cela nous a presque rappelé l’incroyable Game 7 qu’avait opposé les Hawks de Dominique Wilkins aux Celtics de Larry Bird lors des Playoffs 1988. Ce soir là, ni Dirk, ni Tim, ne méritait de s’incliner. Mais comme on dit dans le jargon, “There can only be one”, et c’est donc ainsi qu’allait s’achever l’une des plus belles séries de l’histoire des Playoffs NBA.

La suite – le titre attendra pour les deux franchises

Après cette victoire mémorable, Dallas poursuivra sa route jusqu’en finales NBA. Les Mavericks élimineront les Suns en finale de conférence sur le score de 4-2, avant de s’écrouler contre le Miami Heat de Dwyane Wade. Dallas remporte bien les deux premiers matchs de la série, mais laissera filer le Game 3 à Miami malgré une avance de 13 points dans le dernier quart-temps. Les Mavs ne s’en relèveront pas, et le Heat, porté par un D-Wade jordanesque, enchaine quatre victoires consécutives pour remporter la série en six matchs. L’année d’après, Dallas réalise la meilleure saison régulière de son histoire avec 67 victoires, mais se fera sortir au premier tour, à la surprise générale, contre les Golden State Warriors. Dirk Nowitzki, MVP de la saison régulière, reçoit son trophée alors qu’il est déjà éliminé…

Cette même année, c’est au tour de San Antonio de jouer les finales NBA. Face à eux, les Cleveland Cavaliers du jeune phénomène LeBron James. Largement au dessus, les Spurs sweepent les Cavs, et remportent le quatrième titre de leur histoire après ceux de 1999, 2003 et 2005. Cerise sur le gâteau, c’est notre Tony Parker national qui est élu MVP de la finale.


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