Al Horford, Jeff Teague ou Paul Millsap : mais qui est le vrai leader des Hawks ?
Le 08 nov. 2013 à 12:36 par Bastien Fontanieu
Premiers matchs pour les Hawks sous l’ère Budenholzer, premières leçons enregistrées. Les joueurs d’Atlanta se sont déjà retrouvés à plusieurs reprises dans des fins de matchs serrées, et n’ont pas su faire le nécessaire pour sécuriser la victoire. La faute à qui ?
98 à 90 pour les Hawks, 6 min à jouer. Ce Jeudi à Denver, la bande à Jeff Teague se relaxait dans un siège des plus confortables, celui de coller 10 points d’avance aux malheureux Nuggets, qui n’ont toujours pas gagné un match et dont le moral commence à plonger bien bas. Les Hawks sont confiants, McGee et Faried se rentrent dedans pour un rebond qui leur est donné, la balle sort pour Atlanta. Dans ce genre de situation, quand on est une grande équipe et dont le coach sait ce qu’il fait, il n’y a que deux scénarios possibles : soit on fait péter le barrage et on passe de 10 à 15 points d’avance, soit on maintient le strict minimum, entre 6 et 8 pépitos pour un matelas correct, et on assure aux lancers pour quitter la salle avec la victoire en poche.
Sauf que les Hawks n’ont pas su choisir un des deux scénarios. Pire encore, ils en ont créé un troisième, celui de laisser le public pousser ses joueurs, et permettre aux locaux de réaliser un come-back du feu de dieu, 19 à 9 en presque cinq minutes : victoire des Nuggets sur le fil. En comparaison, les Spurs s’étaient rendu dans la même arène quelques jours auparavant, s’accrochaient avec la même équipe pendant le quatrième quart-temps, avant que Gregg Popovich et Tony Parker disent stop. Il suffit. La victoire est à nous. Hormis le fait que la comparaison soit facile à réaliser à cause du lien entre ces Spurs et Hawks new generation ainsi que le hasard du calendrier, c’est surtout ce soucis de finition dans les dernières minutes d’un match qui empêche de poursuivre le jeu de miroir réalisé entre Atlanta et San Antonio. On ne pioche pas de Tim Duncan tous les matins, on en est bien conscient, et il en va de même pour Tony Parker, Manu Ginobili, la mise en place de la mentalité Spurs et la dictature Popovich. Mais quand on voit l’évolution suivie par certaines équipes comme OKC il y a quelques années, Houston l’an passé, et même les Pacers pour celle à venir, toutes ces franchises ont un point commun, qui les rassemble et de ce fait les sépare des Hawks : elles ont un leader. Un ou plusieurs, mais au moins une étoile qui brille plus que les autres, et qui peut montrer la voie au quotidien, que ce soit en début de match, en plein temps-mort, ou sur les dernières possessions d’une rencontre à haute tension.
Combien de fois avons-nous vu les Kevin Durant, Tony Parker, Kyrie Irving, Paul George et autres James Harden prendre un match à leur compte et sécuriser la victoire pour leur franchise ? Aussi anti-hero ball que sont les Spurs, il ne faut pas faire l’aveugle quand on voit qu’à l’heure actuelle, les grosses fins de matchs sont gérées par le français, et Phoenix peut en témoigner avec la dernière victoire des texans. Mike Budenholzer rencontre donc son plus gros challenge actuellement à Atlanta : être capable d’imposer une philosophie axée sur le jeu collectif, un résultat assez plaisant jusqu’ici puisque les Hawks pratiquent un basket très structuré et nettement plus construit que les années précédentes, mais pouvoir aussi compter sur un joueur, un leader, quand le score se resserre et que certains ont les mains moites. Chez les Lakers Dimanche dernier, c’est Jeff Teague et Paul Millsap qui tentaient de recoller au score pour l’emporter sur le fil : too late. Sur le parquet des Kings ce Mardi, c’est Al Horford qui prenait le match à son compte pour rappeler qui était le patron. Hier soir à Denver, Teague et Horford tentaient de terminer le travail sur pick-and-pop, mais sur le tir de l’égalisation qui fût loupé, Paul Millsap avait la balle au poste en isolation. Qui est quoi ? Comment le savoir ? Où dois-je me placer ? La réussite du Heat et des Spurs suivie par les Pacers et Warriors réside dans le fait que chacun connait son rôle, sa place, ses objectifs, et ses limites. Après avoir annoncé lors de son arrivée en tant que coach qu’Al Horford était l’homme fort de l’équipe, Paul Millsap a sortit un énorme début de saison et a repoussé le numéro 15 vers un second-rôle. Jeff Teague, prolongé maladroitement par les Hawks puisqu’il se dirigeait vers Milwaukee, fait lui aussi une belle première semaine de compétition, mais se retrouve balancé entre le rôle de scoreur et celui de facilitateur. Le retour de Lou Williams de blessure pourrait-il venir combler ce soucis de création et de responsabilité dans certains moments du match ? L’arrière avait proposé de belles premières semaines de compétition à Atlanta l’an passé avant de s’exploser le genou, notamment dans la victoire des siens sur le parquet hostile du Thunder lors de laquelle ‘Louis’ dépeçait la défense d’OKC balle en main. Il faudra attendre son come-back vers Noël pour mieux en juger.
Ces Hawks sont donc dans une période tout à fait normale dans le cadre d’une reconstruction, qui est celle d’identification. Quel joueur mettre en avant, quelle défense travailler, comment aborder les fins de matchs : toutes ces questions résonnent dans la tête des fans des Hawks et de leur coach, mais ils ne doivent pas s’inquiéter pour autant. En effet, après quelques premiers matchs joués surtout à l’extérieur, l’ambiance de groupe et la capacité de concentration à travers laquelle on pourrait limite voir les coups de fouets de Gregg Popovich est excellente. Sur quelques erreurs de répartition et donc d’identité, la franchise d’Atlanta est aujourd’hui à 2 victoires pour 3 défaites. Elle aurait tout autant pu dominer l’Est avec 4 victoires et une seule défaite à Dallas. Ces situations de fins de matchs tendues, elle les retrouvera à de nombreuses reprises, mais il faudra éviter de reproduire les mêmes erreurs si les résultats longs-termes veulent augmenter. Pour le moment donc, trois étoiles accordées à Budenholzer pour ses débuts, et une quatrième à portée de main si le plan de reconstruction tient sa route.
Pour cela, il faudra donc choisir qui mène la barque, en début comme en fin de match. Réconforter la main chaude du soir, responsabiliser un joueur pour le faire passer au statut de All Star indiscutable : Al Horford, Paul Millsap et Jeff Teague sont tout ouïe. Et nous aussi.