Finaliste en 2012, le Thunder faisait office de favori à la contestation d’un Back to Back du Heat. Avec un Kevin Durant de plus en plus monstrueux, un Russell Westbrook capable d’énormes performances et une très bonne défense, Oklahoma City était annoncé comme le grand rival de Lebron et sa clique. Mais, après une saison à 60 victoires, la blessure de Westbrook, lors du premier tour de playoffs face aux Rockets, s’est avérée être un problème insurmontable pour KD et ses coéquipiers qui n’ont pas pu passer l’obstacle Memphis en demi-finale de Conférence.
Continuité et talent
Alors évidemment, à l’aube de la nouvelle saison, plusieurs questions me trottent dans la tête (et je ne dois pas être le seul) concernant les pensionnaires de la Chesapeake Arena. Où en est le Thunder aujourd’hui ? Aussi bien en terme d’effectif qu’en terme de développement tactique ou de perspectives d’avenir… Le Thunder est-il toujours un prétendant au titre ? Oui, oui, on peut tout à fait douter aujourd’hui des capacités du Thunder à se hisser au niveau des meilleures équipes de la Ligue.
Commençons par une rapide revue d’effectif avant d’aller plus loin et de tenter de répondre à ces deux questions. Ce sont aujourd’hui 14 joueurs qui peuplent les rangs du roster d’Okahoma. Sam Presti, le General Manager, a donc encore une place à pourvoir éventuellement si jamais le besoin s’en fait sentir. Peut-être même que nous allons voir un joueur débarquer avec un contrat au minimum dans les prochains jours ou les prochaines semaines. Hormis Kevin Martin et sans faire offense à DeAndre Liggins ou Daniel Orton, on peut dire que le Thunder n’a pas vraiment perdu d’éléments de valeur. On peut également constater qu’aucun gros joueur n’est arrivé. Deux rookies, le pivot australien Steven Adams et l’arrière/ailier Andre Roberson, ainsi que l’ailier vétéran Ryan Gomes sont venus gonfler l’effectif de Coach Brooks.
Pas de changement majeur donc, le 5 de départ va d’ailleurs être le même que la saison dernière avec Russell Westbrook qui sera à la mène dès qu’il sera revenu de sa blessure au genou. En attendant, Reggie Jackson, auteur de belles performances en pré-saison, assurera l’interim et sera chargé d’apporter son punch en sortie de banc quand Westbrook rependra sa place. Thabo Sefolosha, le “couteau suisse” et spécialiste de la défense, occupera le poste 2, Kévin Durant est un monstre dans l’aile, Serge Ibaka progresse année après année au poste 4 et Kendrick Perkins au pivot qui déçoit de plus en plus, année après année.
Sur le banc, on attend de Jeremy Lamb qu’il reprenne le rôle de Kevin Martin et apporte du scoring à la second unit. Derek Fisher est là pour son expérience et sa capacité à guider les jeunes. Perry Jones III va continuer à rendre des services entre le poste 3 et le poste 4. Il doit cependant apporter plus désormais pour permettre à l’équipe de “vivre” un peu mieux sans Durant. Nick Collison est toujours là, fidèle au poste et prêt à faire son travail de soutier. Hasheem Thabeet reste une énigme mais, en revanche, le rookie Steven Adams a montré de belles qualités en ce mois d’octobre. Du haut de ses 2m13, Adams pèse sous le cercle, il se bat au rebond, il est capable de scorer au près. Ce rookie va être un vrai renfort pour le Thunder et ce, dès cette saison !
En fait, d’un point de vue talent, jeunesse et capacités athlétiques, OKC a toujours un 5 majeur de très grande qualité excepté pour le poste de pivot. Reprenons, Russell Westbrook va revenir. Il est l’un des meilleurs meneurs de cette ligue. Kevin Durant est un véritable ovni offensif tout simplement indéfendable en un contre un, il prend beaucoup de rebonds et s’améliore continuellement en matière de “playmaking”. Si on ajoute à ça le fait qu’Ibaka va, petit à petit, peser de plus en plus lourd offensivement et que cette équipe, jeune et athlétique, est capable de défendre dur, on obtient un 5 très très solide.
Je dirais même un roster solide, pas juste un 5 car même si on parle parfois de manque de qualité sur le banc, il y a tout de même quelques bons éléments comme Reggie Jackson qui profite à fond de l’absence de Westbrook pour progresser, Jeremy Lamb, voire même Perry Jones ont le talent pour scorer en sortie de banc. J’ai parlé plus haut de ce que va apporter Nick Collison et des belles promesses de Steven Adams. Non, clairement, avec cette continuité et ce roster très solide, Oklahoma City est tout à fait capable de gagner encore 55 ou 60 de matchs cette année pour finir dans le Top 3 de l’Ouest. Pourtant l’équipe donne l’impression de stagner, certains observateurs voient les Clippers faire une meilleure saison voire parfois les Warriors ou les Rockets. En tous cas, cette année, personne ne met réellement le Thunder dans les gros prétendants au titre.
Problème de pivot et faiblesse tactique
Pourquoi ? Qu’est-ce qui fait que le Thunder donne cette impression de stagner, de ne plus pouvoir passer un cap en playoffs ? Il y a, pour moi, deux raisons principales. La première s’appelle Kendrick Perkins et la deuxième s’appelle Scott Brooks.
Kendrick Perkins est le moins bon pivot titulaire de la ligue. Il a joui pendant de nombreuses années d’une incroyable bonne réputation. Lorsqu’il était à Boston, il contribuait certainement à la bonne ambiance du vestiaire (très ami avec Rondo), on parlait de lui comme d’un excellent pivot défensif. Laissez moi rire ! Je dirais plutôt que sa lenteur, son manque d’anticipation et sa détente négative étaient admirablement bien masquées par le boulot monstrueux de Kevin Garnett. Voilà la vérité. Sans parler du fait que Perkins n’apporte rien en attaque si ce n’est quelques bons écrans de temps à autres. Le pivot souriant d’OKC s’était pourtant bâti une réputation de joueur dur, de pilier de défense depuis 10 ans qu’il évolue en NBA. Un “tough guy” soit disant le Kendrick…
Et puis, statistiquement parlant, la carrière de Perkins est celle d’un simple role player qui jouerait une douzaine de minutes par rencontre alors que le Perk’ est titulaire depuis sa 3ème saison. Sa meilleure saison, il l’a effectué sous le maillot de Boston (aux côtés de Garnett) en 2009/10. Cette année-là, il a tourné à 10,1 points, 7,6 rebonds et 1,7 contres par match. Pas de quoi sauter au plafond. En carrière, Perkins est à 6 points et à peine plus de 6 rebonds par match. Depuis qu’il est au Thunder il tourne à 4,7 points et 4,7 rebonds en moyenne (sur 160 matchs de SR) !! Et pourtant, il va toucher quasiment 9 millions de dollars cette saison et 9,8 millions en 2014/15. Kendrick Perkins est une blague. Il pénalise énormément le Thunder. Il est trop lent pour défendre sur les pick n’ roll, il se fait manger par la plupart des pivots NBA qui ont ne serait-ce qu’un move au poste bas, il est incapable de marquer à plus d’1m50 du cercle. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le Thunder a essayé de le trader cet été mais qu’il n’y est pas parvenu. Non, non, c’est tout sauf un hasard ou de la malchance. C’est juste qu’à ce prix-là, il est intransférable. La vraie place de Perkins est sur un banc et pour le minimum vétéran…
Mais si le Thunder souffre autant de la faiblesse de son pivot, c’est aussi parce que Scott Brooks n’ose pas le mettre sur le banc quand il est évident que le Perk’ pénalise trop son équipe notamment sur le plan défensif. On l’a vu face au Small Ball du Heat lors des Finales de 2012. On l’a revu face aux Rockets ou pire face à Memphis lors des derniers playoffs où le Thunder a bien évidemment souffert de l’absence de Westbrook mais aussi, et surtout, perdu la série contre les Grizzlies sans réellement se donner les moyens de la gagner. Le duo Randolph-Gasol est très dur à défendre mais il manque notamment de mobilité en défense alors que les extérieurs de Memphis, eux, sont très mobiles. Pourquoi dans ce cas garder Perkins sur le terrain ? Pourquoi ne pas décaler Ibaka en 5 et Durant en 4 afin de perturber la défense hermétique des Oursons ? Pourquoi laisser son équipe prendre l’eau sans tenter quelque chose pour l’aider ? Avec KD en 4, il n’aurait pas été plus simple de défendre mais, au moins, en attaque la donne aurait été différente surtout compte tenu de l’absence de Westbrook. On ne va pas refaire l’histoire, Memphis a très bien joué, Memphis a gagné cette série et est allé se faire démanteler par Tony et sa bande en Finale de Conférence.
Mais tout de même, ces mauvais choix ou même cette absence de choix tactiques de la part de Scott Brooks dans des moments clés a de quoi inquiéter. Car, franchement, gagner des wagons de matchs en saison régulière avec un Westbrook en 23/8/4 et un Kevin Durant 28/4/8 (Points/Passes/Rebonds) et en les laissant faire le jeu comme ils le sentent, c’est quelque chose qui est à la portée de tout coach NBA à l’heure actuelle. En revanche, répondre à un défi tactique proposé par un autre entraîneur, répondre à un problème précis posé par un type de joueur ou une paire de joueurs afin de faire gagner son équipe et de la faire avancer, ça c’est une tout autre chose. Et Scott Brooks ne semble pas en être capable. Il vit sur le talent de ses deux stars…
Ces derniers temps, on a souvent pu lire ou entendre que les jeunes Lamb et Jones tardent à montrer de quoi ils sont capables. Ces deux joueurs ont des aptitudes offensives évidentes. Que Brooks commence par les mettre dans de bonnes conditions en mettant en place de vrais systèmes quand KD est sur le banc et on en reparlera. Un Jeremy Lamb avec des tirs ouverts, ce seront des points qui tomberont dans l’escarcelle du Thunder. Un Perry Jones sur le terrain en tant que poste 3 et bien servi au poste bas et ce seront des points qui tomberont dans l’escarcelle du Thunder. Malheureusement, quand on voit jouer Oklahoma, cela ressemble trop souvent à du Streetball. Le talent de Durant et de Westbrook fait illusion en saison régulière mais quand le temps des playoffs arrive, la donne change. Les adversaires s’adaptent, défendent mieux sur KD et sur RW et profitent de l’absence quasi-totale de systèmes du Thunder.
Cette faiblesse tactique assez criante est vraiment le principal souci actuel à Oklahoma. Scott Brooks doit se faire violence et mieux préparer les gros matchs, les moments importants. En est-il capable ? Peut-il enfin faire des choix cohérents et faire passer un cap au Thunder ? Car aujourd’hui, Kevin Durant est de plus en plus fort, il est le seul joueur capable de rivaliser avec Lebron James alors que le Thunder, lui, donne l’impression de ne pas avancer.
D’autant plus inquiétant qu’à l’Ouest, les “vieux” Spurs seront là, les Clippers vont passer un cap avec le Doc pendant que Warriors et Rockets ont bien l’intention de venir manger leur part du gâteau… Où en est le Thunder dans cette jungle qu’est la Conférence Ouest ? Pas facile de le dire avec certitude, il n’est plus le gros favori qu’il était l’a dernier en tous cas…