Derrick Rose, Kobe Bryant, Kevin Love… Nous n’allons pas lister tous les blessés du moment, c’en est indécent, et ça ne servirait qu’à remuer le couteau de boucher dans la plaie. Aujourd’hui, nous allons nous attarder sur un homme en particulier. Cet homme, c’est Rajon Rondo, le vilain petit canard à son arrivée en NBA propulsé aujourd’hui Franchise Player d’une franchise mythique en pleine reconstruction. Après sa grave blessure au genou survenue en janvier, RR9 a subi une longue rééducation (pas encore terminée), mais un autre défi l’attend, et il est d’une toute autre envergure : mener à nouveau Boston vers les sommets, sans le trio de 2010. En est-il capable ? Voici quelques éléments de réponse.
Rajon Rondo est arrivé en NBA en 2006, dans la peau d’un joueur lambda. On attendait pas grand chose de lui, si ce n’est de mener le jeu d’une équipe en perdition malgré sa star Paul Pierce. Mais petit à petit, Rajon a pris le pas de La Grande Ligue pour devenir le meilleur meneur-passeur d’un point de vue statistique. Bien sûr, le numéro 9 de Boston n’a pas encore la vista de Steve Nash ou de John Stockton, mais il marche sur les records de ces deux-là d’une manière déconcertante. Et tout cela à seulement 27 ans.
Un caractère de champion
Rajon Rondo sait se sublimer. Rappelez-vous de la série Bulls – Celtics du premier tour des playoffs 2009, de ces quatre matches avec prolongations, de ses rebondissements incroyables. Le meneur des Celtics a été l’un des acteurs majeurs de ce péplum, alternant les performances majuscules et les sorties plus difficiles. Il n’était pas encore le joueur qui l’est aujourd’hui, mais il y a quatre ans, on voyait ici les prémices du basketteur qu’il est aujourd’hui. A tel point que RR9 est le 4ème joueur de l’histoire au classement des triple-double en playoffs (10, derrière LeBron James, Jason Kidd et Magic Johnson, qui lui en compte 30).
D-Rose tuerait sa mère sur un terrain, mais Rajon Rondo ne se contenterait pas de la tuer, il irait plus loin dans le vice. Le mental de cet homme peut parfois lui jouer des tours. A tel point qu’il en oublie la politesse de féliciter son adversaire lorsqu’il se fait éliminer par Miami en 2012. Mais c’est cette haine de la défaite qui le pousse à devenir monstrueux dans les moments importants.
Alors comment douter de la bonne foi de Boston pour cette saison 2013/2014 ? On entend ici et là que les Verts vont pratiquer le tanking. Certes, la draft 2014 est alléchante, mais avec un tel homme en tant que leader, comment peut-on faire exprès de perdre ? Sans oublier que Brad Stevens, le successeur de Doc Rivers, n’est pas du genre à s’avouer vaincu sans combattre.
Sur le terrain, Rajon Rondo peut parfois passer en mode “on fire”. Le natif de Louisville n’est pas un scoreur né. Son petit pêché mignon, c’est de délivrer des offrandes à ses coéquipiers. A tel point qu’il en devient parfois une parodie de lui-même lorsqu’il tente de battre le record de Magic Johnson par rapport aux matches d’affilée à plus de 10 passes décisives. Il en réalisera 37 entre la fin de saison 2011/2012 et le début de l’exercice de 2012/2013.
Mais dans le match où son record s’arrêtera, RR9 s’énerve, sentant qu’il n’arrive pas cette fois à passer la barre des 10. Il finira par ses faire exclure de la rencontre l’opposant aux Nets. C’est la face sombre du mauvais perdant qu’il est. La raison n’est pas forcément de son côté lorsque Rajon Rondo est sur le terrain. Il n’empêche que le lutin d’1m85 peut se targuer d’être un travailleur hors-pair. Souvent moqué pour son shoot (très atypique il faut l’avouer), Rajon Rondo a su développer depuis quelques mois un tir très honnête à mi-distance. Même très efficace.
Alors que les défenses le laissaient seuls à cet endroit du parquet, elles commencent désormais à se resserrer, en sachant pertinemment que lui laisser trop d’espaces serait vite sanctionné. Avec cette nouvelle donne (et on imagine que le Celtic a profité de sa convalescence pour s’améliorer dans le domaine), Rondo a de quoi faire peur aux défenses adverses.
Un retour en pointillé…
Désormais, le problème réside dans la durée de son absence. Alors qu’il était attendu pour le training camp au départ, Rajon Rondo va finalement être sur le banc au moins jusqu’à mi-décembre. On a vu mieux pour préparer une saison de reconstruction comme celle qui attend Boston. D’autant plus que Rajon Rondo sera clairement la pierre angulaire du système de Brad Stevens. Car le meneur va débarquer dans une équipe bien différente de celle qu’il a connu au TD Garden. Exit les Pierce, Garnett et Jet, place désormais à Kris Humphries ou encore Gerald Wallace. Ce ne sont pas des manchots, mais le calibre est tout de même bien différent.
Quand les spécialistes évoquent le tanking et Boston, il est clair que le retour de Rondo et son acclimatation avec le reste de l’équipe sera la clé pour espérer atteindre ou non les playoffs. Mais d’autres paramètres rentrent en compte comme le bilan de Boston avant le retour du “héros”. Et on doute que Danny Ainge prenne des risques avec son joueur majeur alors que sa franchise est à la dérive. Car la valeur du numéro 9 celte est bonne sur le marché. Si le GM crie à qui veut l’entendre que son joueur n’est pas à vendre, la dernière free agency nous a prouvé que Danny Ainge était capable de tout pour le “bien” de son équipe.
Alors reverra t-on Rajon Rondo avec le maillot vert ? Bien sûr. Mais quand et surtout dans quel état ? Il est impossible de le savoir aujourd’hui, mais on attend tout autant son retour que celui de D-Rose ou Kobe Bryant, car il va être intéressant de voir l’évolution du quatrième larron de l’ancien Big 4 des Boston Celtics.