Que de maux pour le phénomène Jeremy Lin la saison passée ! Après avoir secoué la planète Basket sous le maillot des Knicks de New York en sortant des performances venues d’ailleurs il y a peu, l’actuel meneur des Houston Rockets, touché par plusieurs blessures, n’a fait que semblant d’exister durant l’exercice 2012-2013 avec sa nouvelle franchise. Lors d’une conférence, récemment donnée à Tapei en Chine, devant plus de 20 000 fidèles acquis à sa cause, le jeune joueur livre sa propre confession sur les derniers épisodes poignants et douloureux qui ont mis un frein à l’éclosion continue de sa carrière et, par la même occasion, à la “Linsanity”…
Devenu une véritable déferlante médiatique en moins d’une semaine qui a submergé tous les journaux télévisés du monde entier en 2012, le parcours épique de Jeremy Lin est donc devenu tout autre cette saison, allant jusqu’à prendre une tournure radicalement opposée. Avec des statistiques en baisse, comptant 13,4 points, 6,1 passes décisives et 3 rebonds par rencontre, l’opinion publique en attendait bien plus de sa part et, en conséquence, a peu à peu fait replonger son image de marque dans l’oubli insignifiant de ses débuts. Malgré cela, Lin, en bon garçon qu’il est, en tire toute la responsabilité et ne cache pas sa culpabilité dans cette affaire.
“J’étais prêt à dynamiser la passion de toute la ville de Houston. J’étais supposé devenir le renouveau du basketball de Houston. J’étais si obsédé de devenir un grand joueur… d’essayer d’incarner “Linsanity”, ce phénomène qui a soulevé, pareil à une tornade, toutes les foules de la NBA. Mais les entraîneurs ont perdu foi en moi, les fans se sont moqués de moi.”
En somme, victime de son propre succès si soudain, si renversant, Jeremy Lin prouve qu’il n’a jamais su dompter cette créature tant imposante qu’incontrôlable, dont les exploits lui ont conféré gloire et reconnaissance. Cet alter ego, cette ombre saisissante, révélée par les lumières transcendantes du Madison Square Garden lors d’une démonstration fulgurante face aux Lakers de Los Angeles en antenne nationale, expose alors le danger de vouloir systématiquement personnifier le reflet esquissé par les attentes structurées en émotions et toujours plus exigeantes du public envers leurs idoles, dont les médias ne manquent jamais l’occasion d’en sublimer l’éclosion, jusqu’à en manipuler la condition humaine de ce héros d’un soir afin de parvenir à leur fins.
Ceci étant dit, Jeremy Lin demeure encore bien trop jeune pour laisser cette dimension oppressante, digne d’un film de super-héros, prendre définitivement le pas sur sa carrière. Grâce à la confiance accordée par les dirigeants de Houston et les arrivées de James Harden et de Dwight Howard, il ne reste plus qu’au porte-drapeau du basket-ball asiatique en NBA de se concentrer uniquement sur son jeu afin, tout comme LeBron James en son temps, de faire taire ses détracteurs, cachés derrière leurs masques. Si cette “Linsanity” décriée est à présent révolue, à lui seul d’en créer une nouvelle, plus réaliste et fidèle à sa personne, autrement dit cette fois-ci, qui lui ressemble vraiment.
Source: RealGM / Houston Chronicle