Quand le cinéma d’auteur s’engage à réfléchir sur le basket-ball, l’émerveillement suscité affirme alors toute sa splendeur à l’écran, en élevant cet exercice de style comme un genre à part entière. Avec Gus Van Sant (Gerry, Elephant, Last Days) aux commandes, A La Rencontre De Forrester prend une valeur universelle, poétique en brossant le portrait somptueux d’une amitié hors du commun.
Sous les attraits d’un tempo volontairement ralenti et pictural, l’oeuvre resplendit par l’interprétation magistrale de Sean Connery (Goldfinger, Le Nom De La Rose, Haute Voltige) en le personnage de William Forrester, écrivain à succès coupé du monde, recroquevillé dans les tours lugubres d’un appartement du Queens, et de Rob Brown (The Express, Coach Carter, Dance With Me) dans la peau de Jamal Wallace, un adolescent afro-américain autant passionné et talentueux pour le basket-ball que pour l’écriture littéraire. Soulignant le caractère singulier de deux acteurs isolés d’un univers allergique à l’originalité, l’intrigue détaille de toute une complexité, de tout un combat envers le regard malsain et conformiste des préjugés, ainsi que des conséquences d’un communautarisme exacerbé, enclavant les esprits par catégorie pré-définie. Par ailleurs, bien plus qu’une découverte anodine, la rencontre centrale se veut être le fruit de la construction d’une amitié admirable qui s’apparente à la défense colorée de chaque fragment de culture, de savoir, de différence où qu’il soit et quel qu’il soit.
Plus qu’une leçon de vie, A La Rencontre De Forrester reflète l’une des maximes fondamentales du basket-ball, à savoir les vertus salvatrices de la fraternité, nuancée avec ses particules d’humour, de complicité au-delà des méandres du racisme et de l’ignorance. Autrement dit, le long-métrage insiste sur le fait que chacun peut, doit saisir l’opportunité de dépasser sa condition, de se libérer de la cage où il est tenu en otage afin de faire jaillir au grand jour toute l’étendue de ses qualités, de son unicité, avant qu’il ne sombre dans l’oubli béant de cet engrenage sociétal et arbitraire de masse.
Le trailer: