Salué par deux nominations aux Oscars en 1987, dont celle du meilleur acteur dans un second rôle pour l’éternel Dennis Hooper (Easy Rider, True Romance) et de la meilleure musique, Hoosiers (ou Le Grand Défi) s’impose en effet comme étant l’un des tous meilleurs films sportifs réalisés jusqu’alors. Seulement chez TrashTalk, l’art de la nuance fait force de loi et nous incite à toujours nous interroger en profondeur, plus précisément ici, sur les traces laissées par un long-métrage aussi explicite que celui-ci, porteur du parfum de toute une époque centrale de l’histoire des Etats-Unis.
Tout comme Norman Dale, personnage intrépide, ex-alcoolique et expressivement passionné par le culte de la balle orange, interprété par Gene Hackman (Mississippi Burning, La Firme, Impitoyable), le spectateur entame son voyage initiatique en se heurtant d’emblée à l’immensité dominatrice des paysages de la ville d’Hickory dans un Indiana de l’après deuxième guerre mondiale, subjugué par la couleur grisonnante propre à une ruralité conservatrice, traditionnelle, voire autarcique. Dès lors, le film s’articule autour d’un climat oppressant tant pour le spectateur que pour le héros. Ce-dernier se voit alors tiraillé entre sa volonté de fer à faire appliquer sa science exigeante du jeu à l’équipe du lycée locale en panne d’inspiration et le dédain de toute une communauté fermière, emprisonnée par des convictions radicales plus proches de l’ignorance que du progrès. Équation classique pour un résultat convaincant, le compromis principal, qui sera pour le coach Dale d’emmener contre vents et marées sa jeune équipe en finale du tournoi de l’Etat, soulève une émotion non dissimulée, rythmée par une musique épique et solennelle, dessinant ainsi le portrait illuminé des valeurs fondamentales du basket, de la persévérance au concept même de fraternité.
Or, si cet aspect de Hoosiers s’avère conforme à nos attentes, l’ensemble a quelque peu subi l’épreuve du temps, d’un siècle à un autre. Le choix et l’enchaînement des différents plans du film ont peine à cacher leurs premières rides, si bien que les scènes de jeu et les instants plus apaisés de dialogues souffrent d’une répétition agaçante, synonyme du manque d’un second souffle moderne, intemporel qui aurait eu toute son importance encore aujourd’hui. Néanmoins, en corrélation avec l’hyperactivité d’un Gene Hackman persuasif et débordant de courage, on apprécie tout particulièrement la présence prestigieuse de Dennis Hooper. Par le personnage tourmenté de Shooter, il incarne ce profond sentiment de malaise d’une société enracinée, aveuglée à l’extrême par l’éclat archaïque de principes identitaires et religieux.
Avec Hoosiers, le basket, sous toutes ses formes et ses déclinaisons, se veut une fois de plus salvateur, guérisseur à tous les âges, perçu comme étant l’un des éléments libérateurs d’une jeunesse apprenant à se construire. Sans plus attendre, voici le trailer de ce message émouvant aux accents historiques.