Généralement, le mélange basket/jeunesse constitue un élixir détonant qui suscite une émotion fournie, familière à chaque spectateur, du fait qu’elle touche aux cordes fragiles du souvenir. N’échappant pas à la règle, Blue Chips de William Friedkin (L’Exorciste, Traqué, French Connexion) s’inscrit dans cette dimension intime en mettant en images une description détaillée, vue de l’intérieur du fonctionnement et des pratiques, parfois douteuses, du basket-ball universitaire à l’américaine.
Au même instant que le virus NBA commence à se répandre mondialement grâce aux fadeaways impériaux de Michael Jordan, ce film-référence s’attaque de près aux sombres coulisses de la pré-intégration des futurs prospects de la Ligue, dès leur sortie triomphante du lycée. Sous l’impulsion d’un Nick Nolte (Warrior, La Ligne Rouge, Gangster Squad) aussi explosif qu’attachant, la particularité de ce long-métrage se concentre autour de la mise en valeur des hauts et des bas de la vie d’un entraîneur charismatique sur le déclin.
De plus, Blue Chips étonne de par sa sincérité naturelle mais également de par la prestation à l’écran remarquée de quelques visages familiers. On savoure notamment l’entrain dominateur d’un Shaquille O’Neal et l’attitude décontractée, respirant le talent d’un Penny Hardaway rajeunis, ou encore les retrouvailles, sur le fameux Lookin’ At My Back Door du groupe Creedence Clearwater Revival, du Coach Pete Bell avec une légende à la retraite, un certain Larry Bird, sur ses terres reculées de French Lick dans l’Indiana. Par ailleurs, l’opus présente des scènes de jeu très stylisées, fidèles à l’intense réalité d’un match universitaire, autrement dit de la symétrie entre la magie invoquée par le public en tribunes et l’engagement déployé par les joueurs sur le parquet. Grâce à une caméra toujours en mouvement, le spectateur pénètre sans mal au cœur des temps-morts et occupe ainsi une place privilégiée sur le champ de bataille.
Cependant, le fin mot de ce récit plaisant laisse un goût amer à propos d’un système universitaire aux angles controversés, où l’argent devient un pouvoir néfaste au devant des lois et des valeurs véhiculées par le sport. Fier d’une mécanique bien huilée, vacillant entre une photographie moderne, alerte de la NCAA et un devoir de moralisation à son sujet, Blue Chips échappe à tout préjugé larmoyant afin de ne garder que le dynamisme divertissant qui fait tout le charme du basket-ball.
Tout de suite, la bande-annonce de notre n°8: