Dossier : Chris Paul a-t-il joué son dernier match aux Clippers ?

Le 01 mai 2013 à 15:43 par Bastien Fontanieu

En perdant à domicile hier soir face à des Grizzlies affamés, les Clippers se sont mis dans une position des plus inconfortables : gagner obligatoirement à Memphis ce Vendredi, sous peine de se faire éliminer au premier tour des PlayOffs, bonnet d’âne ultime. Au-delà de cette possible sortie controversée, c’est surtout le scénario de voir Chris Paul fuir Lob City cet été qui devrait inquiéter toute la franchise. Est-ce vraiment possible ? Que Chris Paul quitte le navire après seulement deux saisons ?

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Avant de commencer toute introspection, il convient de s’armer de tous les éléments présents dans l’équation pour tenter de mieux comprendre le choix qu’affrontera CP3 d’ici quelques semaines et se fonder un avis des plus tranchés possible. Nous tenterons donc de présenter toutes les cartes sur la table, afin que Madame Fraya fasse son taff de voyance le plus précis possible.

Le destin de CP3 dépend-t-il de Vinny Del Negro ?

Actuellement, le plus gros problème des Clippers fait dans les 193 centimètres pour 88 kilos. Non, pas Willie Gren. Aussi charismatique qu’une chaise et utile qu’un compas, Vinny Del Negro c’est surtout trois lettres bien connues : VDN. Quoique, du côté de chez nous c’est VDM, tellement son instinct de loser arrive à abuser de la confiance de ses supérieurs pour faire exploser un effectif. Après avoir fait deux trois folies du côté de Chicago, Del Negro s’est fait embaucher chez les Clippers en héritant de ce dont tout coach rêve : Chris Paul. En bon leader, CP3 a retourné la cité des anges, pour faire de Lob City l’attraction numéro un à voir, loin devant les Lakers. Accepté et adulé par tous, le All Star s’est tout de suite sentit comme un poisson dans l’eau avec ses nouveaux coéquipiers, et a même réussi à emmener une équipe de bras cassés en demi-finale des PlayOffs l’an passé avant de se faire laminer par des Spurs trop expérimentés et surtout moins blessés. Le management de la franchise décidait du coup de conforter son général en l’entourant d’une armada à rendre jaloux le Bayern Munich : Crawford, Hill, Odom, Turiaf et Barnes s’ajoutaient à un effectif déjà bien complet, de quoi donner aux angelinos de réelles chances de faire transpirer un certain Miami Heat au mois de Juin.

Puis la saison a commencé. Et hormis un mois de Décembre exceptionnel, les Clippers n’ont pas impressionné. Avec seulement 24 victoires pour 20 défaites entre le 1er Janvier et le poisson d’Avril, les premiers nuages commençaient à noircir le ciel de Los Angeles et le tout sans que personne ne pointe VDN du doigt. Pire encore, lors des quelques matchs d’absence de Chris Paul, les Clippers perdaient tout contrôle et se prenaient des branlées par Toronto (sic) et même Phoenix, ce qui reste une performance rare quand on voit la saison des Suns. Adepte des constructions d’avions en papier avec ses feuilles tactiques, capable de passer deux minutes à développer un speech de coach high-school sur comment jouer dur et ensemble en plein quatrième quart-temps, Del Negro montrait aux yeux de tous les vraies limites de ses capacités, et affrontait alors la fin de son contrat la peur au ventre. Heureusement pour lui, CP3 revenait rapidement pour calmer tout le monde jusqu’au 20 Avril : mais depuis, c’est la débandade. Pas de système, ni en attaque ni en défense, pas d’autorité, des joueurs qui s’embrouillent, l’impossibilité de trouver la moindre solution face à des Grizzlies disciplinés, le mur arrivant à pleine vitesse ce Vendredi pour les Clippers, et Del Negro en premier. Chris Paul pourra-t-il rester sous ses couleurs si la franchise prolonge le contrat Del Escroc ? Il semble évident que ce dernier ne sera pas retenu, même si certains affirment qu’il a permis à la franchise de décrocher son premier titre de division, les mêmes personnes qui voulaient que Pau Gasol quitte Los Angeles en Février selon nos sources : si VDM est chassé de la franchise, Chris Paul décidera-t-il de rester ? C’est de loin le meilleur choix à effectuer si la franchise souhaite avancer. En effet, le simple fait d’imaginer cet effectif sous les ordres d’un Stan Van Gundy ou un Nate McMillan devrait filer la gastro aux Spurs, Thunder et Grizzlies, et le sourire au MVP du dernier All Star Game. C’est donc à Gary Sacks de faire le bon choix, qui nous semble, en tout cas, des plus évident à première vue…

Les Clippers peuvent-ils gagner un titre avec cet effectif ?

Si on enlève donc le plus gros cancer de l’équipe, on garde un groupe encore bien compétitif en quête de leader tactique. Hormis les quelques Lamar Odom, Chauncey Billups, Matt Barnes ou Ronny Turiaf, qui auront certes la possibilité de partir mais pourront être facilement prolongés puisqu’ils apprécient l’atmosphère qui règne chez les Clippers, le plus gros de la troupe reste à bord et offrira à CP3 ce qui se fait de mieux en terme de soutien. Savoureux mélange d’expérience (Caron Butler), de vitesse (Eric Bledsoe), de qualités athlétiques (Blake et DeAndre) et de punch offensif (Jamal Crawford), Lob City continuera sa belle tournée la saison prochaine quoi qu’il arrive, et ne demande qu’à ce que son meneur reste pour que la fête reste aussi belle. Mais sera-ce assez pour contrer les Thunder, Grizzlies et autre Spurs dans la conquête de l’Ouest qui a lieu chaque mois d’Avril ? Chacune de ces équipes possède dans son effectif deux superstars, deux vraies superstars. Deux joueurs à qui on peut donner la balle et laisser le jeu se développer, sans se soucier des décisions qui seront prises ou des réactions des défenses adverses. Kevin Durant et Russell Westbrook à Oklahoma City, Zach Randolph et Marc Gasol à Memphis, le trio Duncan-Ginobili-Parker dans le Texas : la NBA demande depuis des années à ce qu’un leader soit entouré de joueurs majeurs pour que ce dernier tente de se procurer une bague.

Une réalité que LeBron James a très bien compris, en quittant les Cavaliers qui ne lui proposaient que Mo Williams et Antawn Jamison en sparring-partner… Une grosse blague que les gens ont fini par comprendre après la folie qu’apportait The Decision, même si la façon dont il a agit reste grandement critiquable. C’est en jouant aux côtés de deux stars que le King s’est offert sa première bague, comme Kobe a dû attendre Pau Gasol pour retrouver la joie du titre, comme Duncan a pu confirmer sa place dans les légendes du jeu, et comme New York devra bientôt faire s’ils veulent accomplir leurs objectifs autour de Carmelo Anthony. Chris Paul, c’est triste à dire, est seul. Aussi doué soit-il, Blake Griffin n’est pas une star, une star du parquet. Limité en défense comme en attaque, ses pirouettes aériennes charment l’oeil des spectateurs mais les aveuglent également d’une évidence : Blake n’a pas le niveau des meilleurs joueurs de NBA. Incapable de poster et réaliser trois mouvements offensifs dignes de son statut, Tim Duncan et Marc Gasol se régalent depuis des mois à lui laisser 2 à 3 mètres pour le voir dégainer un tir qui ne devrait avoir sa place que dans un stand de Chamboule-Tout à la Foire du Trône. Du coup, les chances d’avancer en PlayOffs sont minces chez les Clippers. Dans une saison régulière où les défenses sont détendues et le rythme de jeu nettement plus rapide, Griffin fait partie des meilleurs finisseurs que le jeu ait connu de par ses qualités athlétiques hallucinantes. Mais au printemps ? Les défenses se resserrent, les analyses vidéos sont davantage poussées, et on a affaire à un rendement des plus critiquables. Combinant donc l’escroquerie de Vinny Del Negro à l’incapacité de Blake Griffin d’évoluer dans sa palette offensive, Chris Paul se retrouve bloqué. Restera-t-il si le management n’arrive pas à ramener une autre star ? Aura-t-il conscience de la réalité que LeBron a décidé de suivre pour devenir champion ? Connaissant l’esprit de compétition du diablotin, on se demande si cette perspective de jouer uniquement aux côtés de Blake Griffin l’excite vraiment.

Quelle équipe pourrait récupérer CP3 ?

Dans le cas où les deux questions que nous venons de poser donnent lieu à des réponses négatives, du genre VDM prolongé ou un effectif qui ne change pas drastiquement, Chris Paul sera du coup dans une dynamique de déménagement, et on est en droit de se demander quelle franchise ouvrirait grand ses bras pour l’accueillir. Premièrement, il est important de se rappeler de certains éléments concernant le meneur des Clippers : père de deux enfants, CP3 est le patron d’une famille en pleine construction, et qui demande aussi un minimum de stabilité. Le premier kid, tout le monde le connait du haut de ses 4 ans, puisqu’il a fait certaines conférences de presse sur les genoux de son papounet adoré. Le second, débarqué en Juillet dernier, n’a donc même pas encore un an. Ajoutez à cela le fait de devoir réaliser un nouveau transfert, avec toute la pression et les critiques que cela peut comprendre, le bonheur que la famille Paul semble se procurer dans la cité des anges, et vous obtenez un joueur qui a de grandes chances de rester à Los Angeles. Mais qui dit Los Angeles dit également… Lakers ? Après un premier transfert qui avait été abrogé il y a deux ans par un duo David Stern – Dan Gilbert en quête d’égalité concernant des Hornets qui leur appartenaient encore, Chris Paul avait dû subir un atterrissage forcé dans la même ville, mais sous les couleurs des Clippers.

Deux fois, non. Mitck Kupchak ne laissera pas passer une nouvelle occasion de pouvoir signer le meilleur meneur de la Ligue. Le gros stop qu’il s’était mangé en tentant de vendre Pau Gasol à Houston l’a particulièrement retourné, et il saisira en premier sa chance en proposant à CP3 de continuer son train de vie exceptionnel pour lui et sa famille dans la même ville, mais en changeant simplement de maillot et de coéquipiers. La possibilité également de pouvoir jouer avec Kobe Bryant et Dwight Howard, deux amis proches des aventures olympiques de 2008 notamment, où les garçons s’étaient franchement bien rapprochés. On ne se penchera pas sur ce que cela pourrait produire en terme de résultat chez les or et violets, puisque Mike D’Antoni est lui aussi encore au poste, mais force est de constater que le scénario a de la gueule et que Mitch y pense déjà depuis des mois. Il n’hésitera pas à dégainer champagne, bougies et lettres d’amour dès l’élimination des Clippers, pour tenter de convaincre CP3 que la franchise voisine maudite ne changera pas de destin. Est-ce assez pour le convaincre ? Possible. On se dit simplement qu’entre des Lakers qui feront tout pour se séparer de Gasol, qui pourraient même aller jusqu’à utiliser l’Amnesty sur Kobe, et qui ont pour phobie de ne plus participer aux PlayOffs et perdre Dwight Howard, cette solution semble la plus probable. Créer un sign-and-trade concernant Gasol pour attirer Chris Paul ? Et du coup rassurer Dwight en lui proposant un contrat prenant en compte l’arrivée de CP3 ? Beaucoup d’hypothèses, un projet qui promet d’être titanesque, mais quand on voit qu’à la base Pau Gasol était arrivé en terre californienne contre deux tours de Draft et Kwame Brown, on n’est plus trop étonnés de ce qui peut se passer à Los Angeles…

Comme on peut donc le voir, la décision que devra affronter Chris Paul cet été est difficile et prend en compte de nombreux éléments. Grand compétiteur sur les parquets, mais aussi papa solide dans son foyer, CP3 a peu-être joué hier soir son dernier match sous les couleurs des Clippers. Et bien qu’il ne faut jamais vendre la peau du Grizzly avant de l’avoir complètement tué, le challenge qui attend le dernier MVP du All Star Game ce Vendredi à Memphis peut faire basculer sa franchise pour les années à venir. Si Lob City parvient à atteindre les demi-finales, un Thunder diminué les attendra pour tenter d’atteindre les finales de Conférence. Mais si l’élimination au premier tour a lieu dans trois jours seulement, la poisse légendaire des Clippers refera surface sans même s’être rendu compte des deux années de bonheur que Chris Paul leur a procuré.


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