Une légende disparait : Rasheed Wallace prend sa retraite

Le 17 avr. 2013 à 17:51 par Bastien Fontanieu

Souvent rigolé, rarement apprécié à sa juste valeur, Rasheed Wallace a marqué la NBA d’une empreinte indélébile, dont elle se souviendra pour de nombreuses décennies à venir. La plus grande bouche de ces quinze dernières années vient d’annoncer sa retraite officielle.

Retrouvant les parquets face à Charlotte ce Lundi, le Sheed avait fait sourire nombreux de ses fans, lui qui avait apporté une intensité et une expérience énorme au sein des Knicks en début de saison. Sa science défensive et son leadership étaient connus de tous, sans compter sur une capacité à parler 24/24h, que cela soit auprès des arbitres comme de ses propres coéquipiers. Un départ qui n’empêchera pas réellement le club de la Grosse Pomme de cartonner, mais un petit plus qui aurait fait la différence dans les moments chauds.

“Ils ont sifflé que de la merde. Mike Callahan et Kenny Mauer, vous avez bien vu ça, que c’était de la merde. Les mecs n’arrêtent pas de flopper pendant tout le match et l’autre il siffle des conneries. C’est plus du basket moi je dis, c’est du divertissement. Et vous le savez tous très bien.”

1 109 matches nous contemplent. Et si ses modestes 14.4 pts et 6.7 rbds de moyenne ne semblent pas sortir du lot, Rasheed Wallace fait partie des plus grands de l’histoire. Dès sa sortie de lycée, les comparaisons sont unanimes : Wilt Chamberlain, rien que ça. En même temps, 16 points, 15 rebonds et 7 contres en 19 minutes de jeu, si on étale les statistiques sur 40 minutes on obtient un Hall of Famer. L’université de North Carolina récupère le phénomène, qui assure chaque match et commence déjà à annoncer la couleur : don’t fuck with the Sheed.

“Je ne sais pas ce qu’ils ont tenté de faire pour nous arrêter… Mais quoi qu’ils aient tenté, ça n’a pas marché.”

Seulement, l’épopée des Blazers lors de son arrivée en NBA sera surtout marquée par des sorties controversées. Capable d’aller menacer un arbitre dans un parking comme de prendre une faute technique pour avoir insisté sur un regard, Rasheed souffre de son image, lui qui a largement de quoi dominer le championnat. La NBA n’en peut plus de ce phénomène, qui aligne certes des performances de rêve, mais ne peut pas s’empêcher de s’échapper du moule que David Stern essaye d’imposer. Le Sheed, c’est peu dire, s’en tape totalement. Préférant jouer devant 20.000 personnes comme s’il était sur un playground de Philadelphie, l’ailier-fort écoeure ses adversaires, soirs après soirs, de Portland à Detroit. Injouable au poste, ses tirs pris à haute altitude sont impossibles à contrer. Mieux encore, il demande à ses défenseurs s’ils souhaitent qu’il pivote à droite, à gauche, joue avec la planche ou ficelle. Il joue chaque match de la même façon, comme un certain Charles Barkley : le public, les arbitres, les adversaires, Rasheed joue trois matchs dans le match, et s’en sort généralement vainqueur.

“Bon les gars on se casse le c** et on joue comme si on était les Bulls sur NBA Jam.”

Il remporte ainsi sa bague de champion à Detroit en 2004 après avoir été transféré quelques mois auparavant, créant une paire mythique avec Ben Wallace. Souvent sous-estimé en défense, le Sheed avait une philosophie qui rendait fier les Olajuwon et autre Russell : discipline, mobilité, aide, la totale. Mieux encore, après avoir souvent joué dans la peinture lors de ses premières années, Wallace décide de muter en sniper en allant ajouter un tir à trois points dévastateur à son arsenal déjà bien complet. La sanction est immédiate, le génie écarte le jeu merveilleusement, et Boston en profitera par ailleurs lors de l’avant-dernière pige du vétéran, en quête d’un énième titre ajouté à son palmarès.

“Faut qu’ils comprennent que c’est un put*** de flopper. C’est tout ce que (Hedo) Turkododo fait. Le fait de flopper, ça ne devrait mener aucune carrière franchement, on dirait que je lui ai tiré dessus. C’est pas de la défense, c’est de la merde. Heureusement je sais qu’il ne me reste que quelques années…”

Un petit mix d’anecdotes s’impose donc, sur ce que le Sheed aura apporté d’exceptionnel au jeu, à sa façon, toujours.

1) Invité au McDonald’s All-American Game, il arrive même à se faire exclure du match.

2) Pénalisé à de nombreuses reprises pour ne pas avoir participé aux interviews d’après-match : il appelait tout le temps sa mère en premier.

3) Premier entraînement de l’année à North Carolina, Sheed se fait pousser par Montross et Salvatori dans la raquette, des coups bas et du trashtalking d’école. Sur son premier tir, il se fait contrer par les deux plus âgés qui lui disent de ne plus jamais tirer comme ça sur eux. L’action suivante, Wallace part en coast-to-coast et balance la balle contre la planche, avant de la rattraper en l’air et de l’écraser sur Montross. S’en suit cette phrase mythique : “Tu ferais mieux de me reconnaître, enc*** de ta mère ! Je viens pour prendre ta place !” Montross tente alors de se battre, les deux hommes étant séparés par leurs coéquipiers. Sheed finira l’entraînement par faire des tours de terrain, et jouera dans le cinq des Tar Heels.

4) Le General Manager de Portland, John Nash, compare le Sheed et Kenyon Martin, ajoutant que ce dernier est plus tenace: “Je me bran** totalement de ce que ce mec pense… Regardez par vous-même où ses réflexions l’ont emmené… Autre chose à dire ?”

5) Chaque fois qu’il rentrait un tir sur un rookie, il retournait en défense en rappelant au jeune homme “Ne t’en fais pas mon garçon, je suis payé pour faire ça, je suis payé pour te mettre ça”

6) “Personne ne peut m’arrêter ! Et puis au pire, j’ai une bague de champion.”

Merci Rasheed, pour tout. Et comme dirait un certain Magic Johnson concernant Larry Bird, il n’y aura plus jamais, jamais, jamais de nouveau Rasheed Wallace.


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