Westbrook restera-t-il encore longtemps dans l’ombre de Durant ?

Le 06 févr. 2013 à 21:16 par Cyrille

Sélectionné en quatrième position du premier tour de la Draft 2008, Russell Westbrook s’est très vite imposé comme l’un des tous meilleurs meneurs de la ligue grâce à son jeu explosif. Malgré toute la confiance que lui a accordée Oklahoma City en prolongeant son contrat de cinq années supplémentaires à hauteur de 80 millions de dollars, il ne semble toujours pas être complètement épanoui aux côtés de Kevin Durant, avec qui il forme pourtant le meilleur duo de scoreurs de toute la NBA. L’ailier du Thunder est en effet l’option numéro un en attaque et dispose d’un statut de franchise-player qui force quelque peu son jeune coéquipier à évoluer dans son ombre. Nous avons donc décidé de nous intéresser de plus près aux perspectives d’avenir qui s’offrent à Westbrook pour les prochaines saisons.

D’un point de vue purement statistique, il n’y a pas à dire, Russell Westbrook c’est quand même la crème des meneurs de jeu NBA. En 48 matchs disputés cette saison, il tourne en moyenne à 22.6 points (7ème de la ligue), 8.2 passes décisives (5ème), 5.3 rebonds et 1.92 interception (4ème) en 36.1 minutes. C’est un attaquant né, il n’hésite pas à venir défier les big men dans la raquette et à tenter sa chance en première intention. On pourra encore lui reprocher un nombre de pertes de balle trop important (3.5 de moyenne par match) et des décisions pour le moins suspectes quand il s’agit de remporter la victoire dans les derniers instants d’un match, mais en terme d’impact sur le scoring global de l’équipe, on ne peut que constater son hyper efficacité. Côté défense, il ne rechigne pas à la tâche, même si certains diront qu’il s’est fait récemment humilié par Kyrie Irving. En même temps, à part Kobe Bryant, qui n’a pas souffert cette saison face aux dribbles endiablés du phénomène Uncle Drew ?

Le Thunder est une équipe parfaitement bien construite et semble être plus prête que jamais pour aller décrocher un titre de champion qui viendrait conclure en beauté son impressionnante montée en puissance depuis sa création en 2008. Avec un Kevin Durant tout simplement irrésistible et candidat numéro un au titre de MVP, la franchise de l’Oklahoma possède tous les ingrédients nécessaires pour régner en maître cette saison, d’autant plus que Miami ne semble pas au mieux, pour le moment en tout cas. Finalement, la seule ombre au tableau pourrait bien venir de Westbrook, qui, malgré toute l’étendue de son talent, suscite les interrogations de pas mal d’experts au sujet de son attitude sur le terrain et de son comportement dans l’équipe.

Souvent comparé à celui d’un enfant de CM1, et à juste titre d’ailleurs, le comportement de Westbrook n’est pas digne d’un meneur de jeu qui joue dans une équipe candidate au titre. Son rôle de lieutenant aux côtés de Durant ne semble guère le combler entièrement de bonheur, surtout quand on voit le genre de réaction qu’il peut avoir pour de simples broutilles. On se souvient notamment de sa prise de bec avec KD l’année dernière et de sa récente crise de nerfs lors du match contre Memphis le 31 janvier dernier.

Sans aller jusqu’à excuser un tel comportement puéril, il ne faut pas oublier que notre bon Russell est avant tout un passionné de basket et un jeune homme très émotif, ce qui peut parfois conduire au fait que ses émotions prennent le dessus et le rendent incontrôlable. Depuis qu’il a assisté au décès de son ami d’enfance, Khelcey Barrs III, mort sous ses yeux sur le terrain à cause d’une malformation cardiaque en 2004, Westbrook s’est juré de jouer chaque match comme si c’était le dernier de sa vie et porte un bracelet en son hommage pour se le rappeler à chaque instant. Celui qui porte le numéro zéro à OKC est donc un personnage complexe, marqué par cet évènement tragique à jamais gravé dans sa mémoire.

Malgré des stats exceptionnelles, sa situation actuelle l’oblige à évoluer dans l’ombre de Kevin Durant, et on en viendrait presque à se demander s’il n’aurait tout simplement pas préféré être le franchise-player de son équipe. Malheureusement pour lui, cela risque bien de ne jamais arriver, tant le jeu proposé par Durantula se rapproche de la perfection. La problématique pour Westbrook est donc toute simple : accepter ce rôle de lieutenant à la Scottie Pippen ou s’attirer les foudres des fans d’OKC et de ses dirigeants. Ces derniers n’hésiteront surement pas à se séparer de lui dans les deux ou trois prochaines saisons à venir si le Thunder n’a toujours pas décroché le moindre titre d’ici là, et surtout si Westbrook n’a pas évolué dans son comportement.

Alors que les autres joueurs se sont clairement mis aux services de KD, Westbrook ne semble pas partager cette même soif de réussite collective. Oklahoma City dispose en effet d’un effectif parmi les plus complets de toute la ligue. On soulignera notamment l’impact des role players comme Serge Ibaka qui a beaucoup progressé en attaque et de Thabo Sefolosha, la version moderne et athlétique de Bruce Bowen. Sans oublier notre bon vieux Nick Collison et la recrue estivale Kevin Martin, tout simplement impeccable dans son rôle de sixième homme. Westbrook aurait beaucoup à apprendre d’un joueur comme K-Mart, que les dirigeants de Sacramento puis de Houston avaient élu franchise-player plus par défaut que pour toute autre raison. Discret dans les médias et peu gourmand en ballons sur le terrain, Martin est devenu en l’espace de quelques matchs seulement le complément idéal à cette jeune équipe très ambitieuse.

En conclusion, on peut dire que Russell Westbrook a son destin en mains. Soit il se plombe la tête et devient enfin le véritable bras droit de Durant, soit il pourra dire adieu à Oklahoma City et bonjour à une équipe du fin fond de la ligue, où là il sera le franchise-player incontesté et où tous les feux des rares projecteurs présents là-bas seront braqués sur lui. Entre gloire individuelle et titres collectifs, il va falloir faire un choix Russell !