Le Spectrum Center : un nid de frelons abonné à la défaite

A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction la Caroline du Nord et plus particulièrement Charlotte, pour une visite guidée du Spectrum Center qui accueille les Hornets (anciennement Bobcats) depuis 2005.

La fiche

  • Nom actuel : Spectrum Center
  • Ancien nom : Charlotte Bobcats Arena, Time Warner Cable Arena
  • Adresse : 333 East Trade Street
  • Ville : Charlotte, Caroline du Nord
  • Date d’ouverture : 21 octobre 2005
  • Affluence maximum : 19 077 personnes
  • Propriétaire : ville de Charlotte
  • Surnoms : The Cable Box, The Hive, La Ruche
  • Prédécesseur : Charlotte Coliseum

Histoire

Le Spectrum Center entame sa construction durant l’été 2003 dans le quartier d’Uptown, au cœur de la ville de Charlotte. Bâti pour faire revenir une franchise en ville après le départ des Hornets du côté de la Nouvelle-Orléans en 2002, le stade portera d’abord le nom de Charlotte Bobcats Arena. Avoisinant les 265 millions de dollars en coût de construction, la salle ouvrira ses portes le 21 octobre 2005, à l’aube de la 57ème saison de la NBA. Pendant une seule saison, le complexe a accueilli le Sting, franchise WNBA, avant qu’elle ne disparaisse en janvier 2007. Depuis 2015 et le départ des Checkers, équipe de hockey sur glace, les Hornets sont les derniers résidents de l’enceinte du Spectrum Center.

Pour leur premier match officiel sur leur parquet flambant neuf, le 5 novembre 2005, les Bobcats s’étaient imposés face aux Celtics de Paul Pierce sur le score de 107 à 105 après une prolongation. Le trio Brevin Knight – Gerald Wallace et Emeka Okafor combine 58 points pour venir à bout de The Truth en très bonne forme ce soir-là (34 points) et de son coéquipier Ricky Davis qui posait 21 points et 10 rebonds – a priori cette fois sans forcer le dernier pour atteindre un double-double. L’occasion aussi de voir The Red Mamba sur un parquet ainsi que Raymond Felton qui n’avait pas encore découvert le self. Possédant l’un des meilleurs écrans du pays, les fans peuvent prendre place dans les tribunes parmi les 19 077 sièges disponibles (par ici la visite) et ainsi profiter du beau jeu de leur équipe favorite. Pour ne pas voir jouer Nic’ Batum en 2019-20, vous pouviez débourser 74 dollars en moyenne pour assister à une rencontre, d’autres places peuvent être trouvées pour moins de 10 dollars, le moins cher. Si vous voulez aller vous asseoir à côté de tonton Jordan en revanche, il faudra débourser près de 1 500 dollars, le prix à payer si vous avez envie de vous asseoir courtside. Au niveau du parquet, il a forcément connu quelques changements en raison de l’évolution du nom de l’équipe, passant des Bobcats aux Hornets. Fini le Lynx, on passe aux Frelons et le terrain arbore désormais le logo dans le rond central ainsi que l’appellation “Buzz City” de chaque côté du terrain. Notons aussi la spécificité du parquet qui ressemble à une ruche lorsqu’on le regarde de haut. Lors de certaines soirées vintage, c’est un parquet et des jeux de maillots old-school que les fans sont chanceux d’avoir. Comme un retour dans les nineties.

Etant une enceinte multifonctions, elle accueille bon nombre d’événements, que ce soit du catch, du basket ou des concerts. Au total ce sont près de 200 manifestations sportives et culturelles qui prennent place chaque année au Spectrum Center. Concernant le basket, elle aura accueilli le tournoi de l’Atlantic Coast Conference et le tournoi de la NCAA East Regional. Plus récemment, c’est bien le All-Star Game 2019 qui s’est tenu à Charlotte, marquant la première titularisation du meneur Kemba Walker dans un match des étoiles. Parlons désormais des records, c’est évidemment le meneur All-Star qui repart avec le trophée de la meilleure performance offensive avec 60 pions inscrits sur la tête de Jimmy Butler et des Sixers le 17 novembre 2018. Sous les paniers, c’est bien Emeka Okafor qui goba 25 rebonds le 29 décembre 2006 face aux Lakers et pour les caviars il faudra remonter au 10 janvier 2006 puisque c’est Brevin Knight qui en distillera 18 contre les Rockets. Attention au record de passes décisives, un certain Devonte’ Graham est plutôt doué lorsqu’il s’agit de donner la balle aux coéquipiers, à suivre.

Meilleur souvenir au Spectrum Center

On a beau creuser, les bons souvenirs au Spectrum Center, il n’y en a pas des masses. Alors on a décidé de parler de l’un des seuls rayons de soleil de la franchise ces dernières années : Kemba Walker. Sélectionné en neuvième position de la Draft 2011, le produit de Connecticut a appris à grandir dans la défaite et s’est imposé comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire des Hornets. On fait alors un zoom sur sa performance monstrueuse face aux Sixers le 17 novembre 2018, où il inscrivait 60 points sur la tête de Jimmy Buckets. Un lance-flammes qui n’a pu empêcher la défaite des siens, voici le résumé de la carrière de Kemba. Le monsieur avait bien choisi son jour, parquet et maillot old-school étaient de sortie cette soirée-là, Butler devait défendre sur le meilleur attaquant adverse et par définition le All-Star de Charlotte. L’un des tous meilleurs défenseurs de la Ligue collé à ses baskets toute la soirée mais aucun problème pour le meneur d’1,83 m. Dès le premier quart, il annonce la couleur et plante 12 points à 4 sur 7 aux tirs. Il arrive tant bien que mal à tenir le retard en ne perdant que de 7 points à la pause, Kemba est déjà à 23 points et le public ne sait pas vraiment à quel genre de spectacle il assiste. Le début de la seconde période est un peu timide puisqu’il faudra attendre les cinq dernières minutes de ce troisième acte pour le voir empiler 11 points et ainsi remettre son équipe devant sur le tableau d’affichage, ses coéquipiers souffrent d’un manque d’adresse certain mais le navire tient bon. Mais ce n’était rien face au dernier quart de Mister Clutch dans la défaite puisqu’il inscrit coup à coup trois tirs longue distance, ramenant à lui seul son équipe pour combler un déficit de 10 points. Cet énorme shoot sur la tête de Buckets à 45 secondes du buzzer final fait exploser le public. Les Sixers repassent tout de même devant et le meneur ira chercher une ultime faute pour ramener son équipe à égalité sur la ligne des lancers-francs. Prolongations et Kemba est à 58 points. Les fans doivent se dire qu’ils vont enfin gagner un match mais le meneur va sûrement fatiguer puisqu’il ne marquera que deux petits points en affichant un tir réussi sur cinq tentés dans l’overtime. Défaite 122 à 119 finalement mais le record de franchise est brisé, auparavant affiché à 52 points, c’est désormais le nom de Kemba Walker qui figure tout en haut de cette liste.

Pire souvenir au Spectrum Center

Sans manquer de respect aux fans de la franchise, il faut dire que les Hornets cumulent les saisons dans la mouise, seulement trois campagnes affichent un bilan supérieur à 50% depuis le retour à Charlotte. On va alors se concentrer sur la pire saison all-time, pas seulement de l’équipe mais aussi de la NBA entière. Nous sommes en 2011 et le lock-out de la Grande Ligue empêche la saison de reprendre à la date initialement prévue. La saison des Bobcats commencent le lundi 26 décembre 2011 face aux Bucks avec une victoire. On va lâcher le steak maintenant : leur saison se terminera avec un horrible bilan de 7 succès pour 59 défaites. C’est tout simplement le pire pourcentage de victoire de l’histoire de la Ligue. Pour couronner cette campagne historique, l’équipe connaîtra une série de 23 défaites. Il fallait être courageux et avoir un mental d’acier pour vouloir assister aux matchs de cette team-là. Ou sadomaso, au choix. Le roster était pourtant composé de gars comme D.J. Augustin, Bismack Biyombo et Kemba Walker (les deux rookies), et notre Boris national. Au-delà d’afficher le pire bilan de l’histoire, ils étaient derniers dans quasiment toutes les catégories : defensive rating comme offensive rating et points par match, les Hornets étaient nuls il n’y a pas d’autres mots. Le prix des tickets était en moyenne vendu à 29 dollars à cette époque, mais pour ce prix-là vous pouviez faire tellement mieux… Un resto entre potes, déjà ça coûte moins cher. Ou tu peux aussi inviter cinq de tes potes au grec, c’est le même prix et t’as souvent plus de spectacle qu’à un match des Hornets. Et enfin l’ultime achat pour moins de 30 dollars, un plaid, parce que rien ne vaut une soirée devant un bon film d’action à la télé, à défaut d’en avoir au Spectrum Center. Ceux qui ont vécu cette saison sont priés d’aller voir un psy, on en connaît un chez nous si vous voulez. Les saisons se sont ensuite améliorées mais tout de même, les vingt dernières années n’ont pas été faciles du tout pour les fans de la franchise de Michael Jordan, courage on n’est pas du tout ensemble.

Maillots retirés au plafond du Spectrum Center

  • #13 : Bobby Phills, le 9 février 2000

Palmarès au Spectrum Center

  • Meilleur bilan : 48-34 (2016)
  • Pire bilan : 7-59 (2012)

 Et maintenant ?

N’ayant pas vu la couleur des Playoffs depuis 2016, les Hornets semblent mal partis pour espérer rejouer fin avril à court-terme. La saison 2019-20 a apporté un courant d’air frais dans le Spectrum Center avec l’arrivée et la mise en avant de nombreux joueurs, certes jeunes mais qui affichent un potentiel très intéressant. Jeff Borrego et son staff devront prendre soin de leurs petits protégés et s’armer de patience avant de pouvoir prétendre de jouer à nouveau la postseason.

Le spectacle était bizarrement au rendez-vous ces derniers temps, à tel point que les matchs des Frelons devenaient kiffants à regarder. Le Spectrum Center devrait continuer sur sa lancée et distribuer du show, il faudra juste espérer que Michael Jordan ne fasse pas n’importe quoi avec la franchise. Allez, encore une fois, bon courage aux fans.

Source image : YouTube/Charlotte Hornets