La Gainbridge Fieldhouse : deux paniers plantés au milieu des champs de maïs

A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction l’Indiana et plus particulièrement Indianapolis, pour une visite guidée de la Gainbridge Fieldhouse qui accueille les Pacers depuis 1999.

La fiche

  • Nom actuel : Gainbridge Fieldhouse
  • Anciens noms : Conseco Fieldhouse, Bankers Life Fieldhouse
  • Adresse : 125 South Pennsylvania Street
  • Ville : Indianapolis, Indiana
  • Date d’ouverture : 6 novembre 1999
  • Affluence maximum : 17 923 personnes
  • Propriétaires : Capital Improvement Board et la ville d’Indianapolis
  • Surnom :‎ The Fieldhouse, le champ de maïs
  • Prédécesseur : Market Square Arena

Histoire

En plein cœur d’Indianapolis, dans le Wholesale District, au bout de Georgia Street, repose la Gainbridge Fieldhouse accueillant les Pacers mais aussi le Fever en WNBA. Connu pour ses champs à perte de vue, l’état d’Indiana possède aussi une culture basket que l’on ne retrouve nulle part ailleurs comme nous le prouve cette phrase prononcée par notre père spirituel à tous, James Naismith, et que l’on retrouve écrite sur un guichet de la salle : “Le basket a réellement commencé dans l’Indiana, qui demeure la capitale de ce sport”. Rien de plus logique pour la terre des exploits d’un tel génie comme Lance Stephenson. Structurellement, le bâtiment a adopté une façade faisant référence aux lycées et universités du coin, sans parler du toit en forme de tonneau pour conserver le précieux breuvage de monsieur Born Ready. Parachevée en 1999, l’arène des Pacers fut inaugurée comme il se doit le 6 novembre 1999 avec un succès 115-108 face aux C’s de Paul Pierce. Ce soir-là, Reggie Miller gratifiait la foule d’une belle perf au scoring en marquant 29 points à 7/11 au tir dont 4/5 depuis son nouveau vestiaire. Ajoutez à cela 11 lancers-francs réussis en 12 tentatives et vous obtenez une ligne de stats très propre offensivement.

En 2019-20, les Fermiers passionnés de NBA déboursaient entre 16 et 357 dollars pour prendre place sur l’un des quelques 18 000 disponibles. N’étant plus tout jeune, le building va opérer un gros chantier de rénovation s’étalant sur trois phases. Pour l’année 2020, les ouvriers commenceront les travaux à l’intérieur de l’enceinte sans pour autant fermer la salle et tous les matchs se joueront normalement. En 2021, sera l’occasion pour le BTP local de donner les premiers coups de pelle à l’extérieur dans le but d’offrir une nouvelle entrée ainsi qu’une nouvelle devanture à la Gainbridge. Enfin, tous ces travaux qui ne coûteront pas moins de 360 millions de dollars devraient se terminer en 2022. Grâce à ces rénovations, la salle pourra enfin recevoir toutes les stars de la NBA pour son premier match des étoiles prévu en 2021 même si la Coupe du Monde de basket 2002 se déroulait déjà dans la Gainbridge. Toujours niveau basket, la Conférence Big Ten de NCAA aime profiter du paysage d’Indianapolis puisqu’elle y organise régulièrement son tournoi depuis 2002. Enfin, si vous n’aimez pas la balle orange, sachez que des rencontres de hockey sur glace s’y jouent parfois. Si Jermaine O’Neal détient la plus grosse perf au scoring pour un Pacer dans la Gainbridge Fieldhouse avec ses 55 points à 19/25 sur la charity line lors d’un match contre les Bucks en 2005, un certain LeBron James avait décidé en 2017 de transformer l’arena en véritable salle de jeux avec un 41-12-13 des familles contre Paul George et ses potes lors du Game 3 du premier tour des Playoffs 2017. Un triple-double bien fat, comme Jermaine. Ce dernier partage aussi le record de rebonds des locaux avec Domantas Sabonis qui est monté à 22 rebonds contre les Clippers en 2019 tandis que Jamaal Tinsley est le virtuose de la passe avec ses 23 assists lors de la visite de Michael Jordan et ses Wizards en 2001.

Meilleur souvenir à la Gainbridge Life Fieldhouse

En 2012, le Fever devient la première franchise de l’Indiana à remporter un titre à la Gainbridge Fieldhouse grâce à sa victoire face au Lynx dans le Game 4 des Finales. Néanmoins, une autre page de l’histoire s’est écrite à Indianapolis durant la cinquième manche des Finales de Conférence contre Miami chez les garçons, en 2014. Le Heat des Tres Amigos mène 3-1 avant le tip-off et les coéquipiers d’un Paul George MIP en titre n’ont d’autre choix que de s’imposer pour continuer l’aventure. Ça tombe bien, LBJ passe complètement à travers de son game. Le boss de la Ligue terminera à 7 petits points à 2/10 au tir. La raison de ce coup de moins bien ? La technique de déconcentration la plus WTF de l’histoire puisque Born Ready, étant en charge du bestiau, ne va rien trouver de mieux à faire que de souffler dans les oreilles du kid d’Akron. Une image qui est depuis passée à la postérité et qui fera le tour du monde en peu de temps. Enfin bon, il ne faut quand même pas oublier qu’il y a eu un match, et quel match ! L’horloge indique un peu moins de quatre minutes à jouer quand LeBron décide ramener tout le monde à égalité en lâchant une bombe from downtown. Sauf que le duo West-George ne lâche pas le steak, les deux Pacers font le taf et reprennent cinq points d’avance. Côté South Beach, Rashard Lewis joue son rôle de facteur X à merveille en enfilant les perles longue distance. C’est alors qu’intervient le duel cinq étoiles. À 1’48 de la fin, PG attaque contre LBJ, patiente avant de s’élever face à Sa Majesté. Comme un symbole, la bombe fait mouche et redonne deux possessions d’avance aux hommes de Coach Vogel. Ce soir-là, Paulo semble intouchable, surtout dans les moments clutch car c’est encore lui qui terminera le Heat à l’aide de son troisième triple du quart-temps. Le contre de LeBron James précédant une nouvelle fléchette de Lewis n’y changera rien, le boss de la night s’appelait Paul. Au coup de sifflet final, Paulo la Science finira à 37 points marqués dont 21 dans le dernier quart. Vous avez dit clutch ? On parlait précédemment de l’inauguration réussie de la Gainbridge en 1999. Sachez que cette année-là, les joueurs de Coach Bird iront jusqu’aux Finales NBA pour leur première saison dans leur nouvelle salle. L’histoire aurait pu être parfaite s’il n’y avait pas eu Shaquille O’Neal et les Lakers pour les ramener sur terre en six manches.

paul george in game 5 of the 2014 eastern conference finals vs lebron d wade and the heat. with the pacers facing elimination Paul George:

37 points
6 rebounds
6 steals.
for the series: 24-5-4 on 45/38/71 shooting splitspic.twitter.com/9mlQyUD28y

— Jamal Cristopher (@JamCristopher) July 17, 2021

Pire souvenir à la Gainbridge Fieldhouse

Nous sommes en 2003-04, les Fermiers sortent de la meilleure saison régulière de leur histoire grâce à un Reggie Miller de plus en plus sur la jante, à Jermaine O’Neal frais comme un gardon tournant en 20 points, 10 rebonds et 2 contres et à Ron Artest élu DPOY à la fin de l’exercice. Sous la houlette de Rick Carlisle, Indiana remportera 61 victoires qui leurs donnent le statut légitime de favoris pour rallier les Finales NBA. Après un premier sweep facile face aux Celtics, le duo O’Neal – Artest rencontrera quelques difficultés contre le tandem Wade – Odom mais malgré deux duels perdus, Indiana s’avance jusqu’en Finale de Conférence où ils retrouvent leurs dauphins de saison régulière, les Pistons, pour un face-à-face axé sur la défense. Ceux qui n’ont jamais connu autre chose que le basket des années 2010, passez votre chemin car si vous voyez les boxscores de cette série vous risquerez de voir flou pendant quelques temps. Moyenne des points inscrits par Indiana : 72,7 unités. Ouais, mais c’est parce que Detroit défend fort. La moyenne des Pistons est à combien ? 75,2. Ah, mais en fait ils ne savaient pas jouer ? Non non, c’est juste que ça défendait l’adamantium comme des morts de faim.

Les faux frères Wallace, Billups plus Tayshaun Prince d’un côté, le trio Miller-O’Neal-Artest de l’autre, éloignez les plus jeunes, y’a pas de place pour les câlins par ici, comme au Game 2 où Tayshaun Prince nous sortira un contre du futur. Detroit mène de deux unités avec une possession à jouer, si les Pacers défendent bien, ces derniers joueront la dernière balle du temps réglementaire. Il reste 9 secondes sur l’horloge des 24 quand notre bon vieux Sheed rencontre Jermaine O’Neal en haute altitude mais se fait rejetter tel un bourré qui se présente devant le videur de la salle. La balle reste néanmoins dans les mains des Pistons mais avec seulement cinq secondes à jouer car la gonfle n’a pas touché l’arceau. Mr Big Shot se précipite et perd le ballon au contact d’un défenseur, le cuir atterrit donc vite dans les mains de Reggie, parti en contre qui n’a plus qu’à finir pour envoyer tout le monde en prolongation. Mais ça, c’était sans compter sur Tayshuan Prince. Le gonze, voyant la balle perdue et ayant quelques mètres de retard, va piquer un sprint à la Usain Bolt pour empêcher ce bon vieux Reggie d’inscrire le lay-up égalisateur en effectuant THE chasedown block de la décennie. Grâce à ce plongeon qu’il terminera dans les tribunes, Prince évite une potentielle prolongation en assurant la win au Game 2. On veut pas faire du basket-fiction mais à 2-0 pour Indiana, la donne aurait pu être différente. Au lieu de ça, les Bad Boys finiront le boulot en six matchs avant de décrocher une bague.

Tayshaun Prince hustles back for the lead-saving chasedown block in Game 2 of the 2004 Eastern Conference Finals! @DetroitPistons would go on to win their 3rd NBA championship. #NBABlockWeek pic.twitter.com/6OeR0u811q

— NBA History (@NBAHistory) August 19, 2019

Maillots retirés au plafond de la Gainbridge Fieldhouse

  • #30 : George McGinnis, le 2 novembre 1985
  • #31 : Reggie Miller, le 30 mars 2006
  • #34 : Mel Daniels, le 2 novembre 1985
  • #35 : Roger Brown, le 2 novembre 1985
  • #529 : Bobby Leonard (entraîneur aux 529 victoires avec les Pacers), le 15 mars 1996

Palmarès à la Gainbridge Fieldhouse

  • Champions de Conférence (2000)
  • Champions de Division (2000, 2004, 2013, 2014)
  • Championnes WNBA (2012)
  • Meilleur bilan : 61-21 (2004)
  • Pire bilan : 32-50 (2010)

Et maintenant ?

Une salle refaite de fond en comble, un All-Star Game en 2024 et une assurance de NBA jusqu’en 2044-45, il faudra encore compter sur les Pacers pendant un bail. Avec une affluence moyenne de 91,8% sur la période 2015-2020, on ne doute pas de l’intérêt de la population locale pour le basket. Après tout, le panier-ballon vient un peu de là comme le disait si bien James Naismith. Enfin, un nouveau contrat de naming a été signé en septembre 2021 pour permettre de financer les travaux de rénovation en cours.

Tout près de l’exploit au premier tour des Playoffs 2018 contre LeBron James, les Pacers sont une franchise historique chez qui il ne fait pas bon se rendre au sein de la Conférence Est. C’est là tout le charme de ce petit marché avec une histoire bien plus riche que de nombreuses autres franchises.

Source image : YouTube/IndianaFever