Flashback : Robert Parish dépasse Kareem Abdul-Jabbar au nombre de matchs joués en NBA

Le 06 avr. 2024 à 14:13 par Julien Vion

Robert Parish
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Robert Parish est un modèle de longévité en NBA. Il fait partie de ceux qui peuvent enchaîner deux décennies de sport professionnel en évitant les blessures majeures, ceux qui ne comptent pas les heures supplémentaires, et ceux présents qu’il neige ou qu’il vente. 

À l’instar de Dirk Nowitzki, John Stockton, ou LeBron James, l’ancien pivot des Celtics rentre dans la catégorie des Iron-Man de l’histoire de ce sport. Le corps est un outil soigneusement entretenu au gré des années, malgré les acrobaties en tout genre et les guerres contre Thanos. Dans son cas, c’était plutôt les guerres Celtics – Lakers des années 1980, mais vous avez compris l’idée.

Mais aucun cœur bionique n’est à constater dans le torse de Robert Parish. Le 6 avril 1996, c’est bien du haut de ses 42 ans d’humain qu’il dépasse Kareem Abdul-Jabbar au nombre de matchs joués en NBA. The Chief, troisième homme du Big 3 légendaire de Boston avec Larry Bird et Kevin McHale, n’a jamais convoité la lumière. Mais tout en haut de la liste des joueurs les plus capés de l’histoire de la NBA, il trône seul. 1661 rencontres au total, ça en fait des sauts à l’entre-deux.

Le 1561ème match du Chief, modèle de pivot inoxydable

Évoquer la carrière de Robert Parish, c’est penser aux trois bagues avec les Boston Celtics, à un mi-distance réglé comme du papier à musique, à une grosse patate dans la tête de Bill Laimbeer et bien plus encore. Mais penser aux Hornets, ça non, ce n’est pas l’association d’idées la plus évidente.

Pourtant, c’est bien à Charlotte que Parish, qui ne se fait plus tout jeune, atterrit à la fin de son aventure verte en 1994. Et ce 6 avril 1996, il entre dans l’histoire en posant les pieds sur le parquet pour la 1561è fois de sa carrière. Abdul-Jabbar dans le rétroviseur, personne n’a fait mieux.

Pivot remplaçant pendant ses 18 premiers mois chez les frelons, il est de nouveau propulsé dans le cinq de départ dans le dernier tiers de la saison 1995-96. Alors qu’il va sur ses 43 ans, il continue à enchaîner les matchs, comme un symbole de sa longévité exceptionnelle.

On this date in 1996 — Robert Parish becomes @NBA‘s all-time leader in games played #Celtics #BuzzCity pic.twitter.com/EZY0jOwfeX

— NBA.com (@NBAcom) April 6, 2017

Ce soir-là, des Hornets dans le ventre mou de l’Est espèrent toujours accrocher la huitième place pour jouer les Playoffs. La réception des Cavaliers, équipe du haut de la conférence, reste une échéance importante au-delà de la soirée record du numéro double zéro.

Ça tombe bien, Parish n’a aucune intention de faire acte de présence. Aux côtés de Larry Johnson et Glen Rice, le pivot joue… 39 minutes et livre l’un des matchs les plus aboutis de son année. 14 points à 67% au tir, 9 rebonds, 4 passes décisives (record de la saison) et 3 contres pour agrémenter le tout. 42 ans et 8 mois à ce moment-là, on le rappelle. Bob Sura, l’arrière de Cleveland, n’avait que 3 ans quand le Chief a commencé sa carrière.

Le record all-time est dans la poche, la victoire aussi, mais Charlotte manque finalement les Playoffs d’un match cette année-là. Sa performance reste toutefois inédite et ne représente pas sa saison, plutôt difficile. Avec une quinzaine de minutes par soir et 4 petits points de moyenne, la fin de la carrière du chef est proche. Mais être capable de se mettre sur son 31 pour une grande occasion, c’est la marque des plus grands.

L’année suivante, Robert Parish quitte la Caroline du Nord pour rejoindre les Bulls de Michael Jordan. En renard, il empoche une dernière bague en 1996-97 avant un repos bien mérité. Celui qui a commencé sa carrière avec les Golden State Warriors restera l’homme des Celtics, avec qui il a joué quatorze saisons. Un total de 1611 rencontres disputées en 21 ans de carrière, bonjour comment il devait être fatigué à la fin.

Yoga, Haagen-Dazs et longévité

Par la suite, Parish a livré les secrets de son impressionnante capacité à enchaîner les saisons. Éviter les blessures ne relève pas de la chance, bien au contraire, mais d’une méticuleuse gestion de son corps et de ses articulations. Alors qu’il était encore dans la baie d’Oakland, c’est notamment grâce au yoga que le pivot a appris à connaître son physique.

“Lors de mon premier cours de yoga, j’étais tellement gêné. Il y avait des femmes plus âgées qui pouvaient toucher leurs orteils et pas moi. Je me suis dit : “Je suis un athlète professionnel. Comment pourrais-je ne pas toucher mes orteils ?” Et eux étaient des athlètes du dimanche (…) Je pense que la seule raison de ma longévité dans le basket, ce sont les étirements.”

– Robert Parish, via Celtics Wire

Malgré ses 2 mètres 16 pour plus d’une centaine de kilos, celui qui était également surnommé “Slim” a développé sa souplesse au début de sa carrière. Sans cela, il n’aurait jamais été capable de lacer ses chaussures tous les soirs :

“Je n’oublierai jamais ça. Nous jouions contre les Dallas Mavericks quand j’étais avec les Celtics, j’ai trébuché sur une zone humide en tête de raquette et j’ai fait une fente. Si je n’avais pas fait du yoga et des étirements, si je n’avais pas pris cela au sérieux… notre médecin et celui des Mavs ont dit que ma carrière aurait été terminée. Je me serais déchiré toute la zone de l’aine, j’aurais tout simplement tout gâché”.

Rien de bionique ni de magique dans la longévité, la connaissance et l’entretien de son corps par un athlète en est la clef de voûte indispensable. Pour mettre les choses en perspective, Robert Parish a joué contre John Havlicek en 1976-77, et contre… Kobe Bryant en 1997. Ça en fait un paquet de joueurs croisés.

Surtout, il a joué 20 saisons consécutives en disputant minimum 72 matchs par an. Les matchs manqués, il ne connaît pas.

Un joueur qui entre en NBA à 19 ans doit s’armer de patience s’il compte un jour dépasser Robert Parish au nombre de matchs joués. S’il joue 20 ans, 80 matchs par saison et prend sa retraite à 39 ans, il aurait 1600 rencontres au compteur, soit… 11 de retard sur The Chief. Quand même.

Dernier conseil du double zéro, toujours faire attention à sa diète. Même si c’est de notoriété publique que l’alimentation est la base d’un corps sain, il rappelle qu’il a lui même dû s’adapter au début de sa carrière :

“Les étirements, les exercices de musculation et l’absence de sucre. Avant, j’avais des méchantes habitudes gourmandes – les glaces Haagen-Dazs, je les détruisais. Et on dit toujours que le sucre est le talon d’Achille de tout athlète.”

Robert pas riche en sucreries glacées, mais riche en rencontres disputées. Pendant plus de 20 ans, impossible de le rater dans les raquettes de NBA. Parish est d’ailleurs l’anagramme parfait de “Saphir”, on comprend alors pourquoi il a été un joueur si précieux. 

Source texte : NBA, Basketball Reference, Celtics Wire, ESPN