Basket aux Jeux Olympiques – Berlin 1936 : première officielle sous les yeux de James Naismith

Le 29 févr. 2024 à 10:16 par David Carroz

Le basketball aux Jeux Olympiques - Berlin 1936
Source image : FIBA

1936. Le basketball a désormais atteint une certaine maturité alors qu’il s’approche tranquillement de son demi-siècle d’existence. En tout cas, il dispose d’une nouvelle légitimité puisque pour les Jeux olympiques de Berlin cette année-là, il sera officiellement de la partie. Un vrai tournoi, pas comme la kermesse de 1904 lorsqu’il n’était que sport de démonstration – tout comme en 1924 à Paris.

Mais les Allemands, pas forcément de grands connaisseurs de la balle orange et plus préoccupés à montrer la grandeur du Troisième Reich, n’ont pas mis le basket en haut de l’affiche.

Si des moyens énormes ont été déployés pour construire l’Olympiastadion, la Basketballplatz quant à elle est un regroupement de quatre terrains de tennis en extérieur dont le revêtement est un mélange de terre et de sciures. Rappelons qu’en 1891, Naismith avait comme contrainte de trouver un sport qui se joue à l’intérieur pour éviter les soucis de météo en hiver. La fédération internationale de basket, à l’époque responsable de l’organisation de ce tournoi, n’a pas dû recevoir le mémo. C’est ballot de ne pas maîtriser son propre sport.

Des vingt-trois nations prévues, l’Espagne n’est pas de la partie. Disons qu’à l’ouverture des Jeux le premier août, nos amis ibériques entrent pour leur part dans leur troisième semaine de guerre civile donc ils ont d’autres chats à fouetter. La Hongrie ne se pointe pas non plus, mais les parents n’ont pas fait de mot d’excuse, donc nous ignorons la raison de cette absence.

Bien entendu, les Américains sont bien présents. Avec un observateur de choix, même si beaucoup ignorent qui il est, un certain James Naismith. Celui qui a inventé ce sport s’est vu offrir son voyage. Quelques mois plus tôt, les facs et écoles américaines ont organisé une journée spéciale, reversant une part des recettes des matchs et mettant sur pied des quêtes afin d’envoyer Naismith à Berlin.

Ça aurait pu être une réussite, mais non.

Alors que l’idée était de payer le voyage au couple Naismith mais aussi d’utiliser l’argent supplémentaire pour un mémorial ou un gymnase, la somme collectée permet juste de financer les Jeux olympiques pour James Naismith, sa femme restant en outre au pays, trop fatiguée après une attaque cardiaque.

Ce n’est que le début.

Arrivé à Berlin, James Naismith découvre que personne ne l’attend ou n’a prévu de ticket pour lui. Il se trouve comme un con. Heureusement, un arbitre américain a vent de l’histoire et trouve une solution via l’organisation allemande et la fédération de basket. Le comité olympique US ? Circulez, il n’y a rien à voir.

Outre une cérémonie sans grande envergure pour célébrer la seule personne ayant inventé un des sports pratiqués lors de ces Jeux, ainsi qu’un dîner avec les hauts dignitaires allemands – dont Adolf Hitler – James Naismith assiste aux rencontres. De quoi lui remettre en tête les raisons d’une pratique indoor du basket à l’origine.

Car oui, même en été il peut pleuvoir.

Si les premières rencontres se disputent sans encombre – en dehors du fait que les Uruguayens souhaitent que soient disqualifiés tous les joueurs de plus d’un mètre soixante-douze – le vent se lève, mais les officiels considèrent qu’il désavantage de la même façon les deux équipes. Donc on continue malgré la bise qui souffle de plus en plus.

Ce n’est rien à côté de la finale opposant le Canada aux États-Unis à laquelle s’invite la pluie. Le match se joue dans la gadoue tandis que le public ne doit certainement rien calculer de la rencontre, caché sous les parapluies. Pas facile de dribbler dans ces conditions, donc on mise sur un jeu de passes. Guère plus aisé car les ballons de la marque allemande Berg n’est que moyennement rond et surtout ne dispose d’un cuir complètement lisse. Déjà compliqués à prendre en main par temps sec, on est proche de la savonnette avec le déluge qui s’abat sur les joueurs.

Malgré cela, les Américains s’imposent 19-8;

Le podium, 100% Nord-américain car complété à la troisième place par le Mexique, reçoit ses breloques de la part d’un James Naismith ravi par la tournure des événements :

“Mon pays natal a joué contre le pays que j’ai choisi. Et le pays que j’ai choisi a gagné.”

Le début d’une habitude pour Team USA qui enchaîne six autres titres olympiques au basketball, et qui ont récupéré seize des vingt médailles d’or remises dans la compétition à ce jour.

Malgré le vent, la pluie, la boue et la quasi absence de gradins, cette première apparition officielle du basketball aux Jeux olympiques n’en demeure pas moins une réussite. Des milliers de fans sont venus voir la balle orange rebondir – ou tenter de rebondir – dès le premier jour et James Naismith a pu vivre cela. Certes, cela ne pèse guère à côté des exploits de Jesse Owens mettant à mal l’idéologie nazie, mais l’histoire est en marche pour que les ballers fassent rêver à l’avenir la planète entière.

Le basketball au Jeux Olympiques de Berlin en 1936 – en bref

– Du 7 au 14 août 1936

– Basketballplatz de Berlin

– 21 équipes

– Podium :

  • Or – États-Unis
  • Argent – Canada
  • Bronze – Mexique

Source image : FIBA