Basket aux Jeux Olympiques – St. Louis 1904 : les Buffalo Germans remportent le titre dans un sport encore en démonstration

Le 22 févr. 2024 à 16:25 par David Carroz

Buffalo Germans Jeux Olympiques 1904
Source image : TrashTalk via Midjourney

En 1904, le basketball n’est encore qu’un adolescent. Sorti de la tête de James Naismith en décembre 1891, il n’a pas encore soufflé sa treizième bougie. Malgré cette jeunesse, la balle orange est bien de la partie pour les troisièmes Jeux Olympiques de l’ère moderne qui se déroulent à St. Louis dans le Missouri.

Pas d’enflammade pour autant, le basket n’est pas là en vedette, simplement en sport de démonstration pour cette olympiade qui marque le début de la remise d’une triplette de médaille : or – argent – bronze. Mais pas pour les ballers donc, contrairement à la crosse, au roque – un croquet sauce américaine – ou encore au tir à la corde. On savait s’amuser à l’époque.

Pour l’organisation, on est un peu en mode à l’arrache.

Les Jeux sont loin d’être la grosse bamboche médiatique que l’on connaît aujourd’hui et seules douze nations sont de la partie pour ce qui ressemble donc à un championnat nord-américain ouvert à quelques autres participants. Notés qu’ici, le masculin est clairement volontaire car seules six femmes sont listées dans les quelques 651 athlètes qui viennent s’enjailler dans le Missouri. Le ratio est pas ouf.

Mais revenons-en à notre balle orange qui est plutôt marron d’ailleurs en 1904, avec de belles coutures apparentes. Pas top pour dribbler, mais au début du vingtième siècles, les ball handlers à la Kyrie ne sont pas légion. Sur les quatre mois et demi que durent les JO de juillet à novembre – même si les événements majeurs se déroulent du 29 août au 3 septembre – les tournois de basket occupent une partie de l’été, du 4 juillet au 17 août. Bref, personne ne comprend quand ça commence, quand ça finit, les sports qui font vraiment partie des Jeux.

Attention, quand on dit les tournois, on ne parle pas de homme/femme, 5×5/3×3.

On est plutôt sur la cohabitation entre une compétition universitaire, deux compétitions lycéennes, deux compétitions pour l’école primaire, une autre amateure et enfin d’une dernière pour les YMCA… alors que celles-ci prennent aussi part à celle amateure. Ne cherchez pas à comprendre là non plus, ce gros bordel ressemble fort à un grand tournoi UNSS mélangé à un dimanche aprem sur le playground du coin. Mais c’est peut être bien ça l’esprit Pierre de Coubertin.

Passons rapidement sur le concours des écoles pour voir ce qui se passe chez les darons en amateur car c’est cette compétition qui est vendue comme celle en démonstration. Sur deux jours – les 11 et 12 juillet – six équipes s’affrontent. Toutes sont américaines : les Turner Tigers de San Francisco, la Central YMCA de St. Louis, le Missouri Athletic Club, le Xavier Athletic Club de New York, la West Side and Central YMCA de Chicago et les Germans de la YMCA de Genesee Street à Buffalo.

Ce sont ces derniers qui s’imposent en remportant leur cinq rencontres, tranquille. En même temps les mecs partaient un peu favoris. Trois ans plus tôt, ils avaient déjà plié la concurrence lors de jeux pan-américains à Buffalo, là déjà sans la moindre défaite. Et le rythme n’a pas faibli depuis, avec des victoires à la pelle dans le monde amateur. Cette équipe formée en 1895 monte en puissance depuis sa création par Fred Burkhardt. Celui qui est le coach des Germans – blase choisi car de nombreux immigrés allemands sont dans l’équipe – fait partie des pionniers de la balle orange. Le basket, il l’a découvert directement à Springfield, sous l’enseignement de James Naismith. La filiation entre le papa de la balle orange et les champions est claire.

Suite à ce succès aux Jeux, les Buffalo Germans passent professionnels. Ils se mettent alors à tourner de ville en ville – principalement dans les alentours de New York – pour faire rentrer de l’argent. Un maigre pécule qui ne les dispense pas de leurs tafs à côté. Mais en basculant en mode barnstorming, nos champions olympiques – même s’ils font plutôt leur promo en se déclarant champions du monde en toute modestie – ouvrent la voie à de futures équipes qui marqueront à leur tour l’histoire, comme les Original Celtics, les New York Rens ou encore les Harlem Globetrotters.