TrashTalk était à Los Angeles pour les 30 ans d’Anthony Davis : récit de Lakers – Raptors, en direct de la Crypto.com Arena

Le 11 mars 2023 à 15:15 par TrashTalk

Source image : Brieux Férot

Anthony Davis en leader attendu mais ce sont bien D’Angelo Russell, Austin Reaves ou encore Dennis Schroder qui ont offert à AD un beau cadeau d’anniversaire hier, face aux Raptors de Scottie Barnes et Obi Wan Anunoby. Sans LeBron James ni Russell Westbrook, il semblerait qu’une équipe solidaire et fluide soit (enfin) en train d’émerger chez les Lakers… C’est l’heure de vous raconter ça en mode inside, puisque TrashTalk était à Los Angeles ce vendredi.

Par Brieux Férot, à Los Angeles

Ce vendredi soir, le sujet de discussion, ce sont les 30 ans d’Anthony Davis… du lendemain. Une belle intention que de penser à lui. En même temps, ces derniers temps, compliqué de l’éviter. Darvin Ham dégaine le premier, juste avant le match, très à l’aise : « 30 ans, c’est un âge plus important dans une carrière pour les grands que pour les petits. Il bénéficie des conseils de LeBron, mais quand il joue à ce niveau comme il le fait en ce moment, je lui vois un futur radieux… » Sauf que très vite, la question de l’âge fait mal. La preuve : sa présence est annoncée « probable », sous réserve que sa blessure au pied droit ne se réveille pas, dixit la feuille de match. Parce qu’AD, cette année, ce sont les blessures qui lui font des passes décisives. Ham, lui, mise sur son groupe : « C’est une ligue qui demande un gros roster. J’en ai un. Ce qu’on vise, ce sont des rebonds et des bonnes transitions, et sur ce dernier point Schroder nous aide beaucoup.. »

A 1h30 du tip-off, alors qu’il pleut fort dehors, sur le parquet, Phil Handy, l’assistant qui répète assez régulièrement qu’il veut devenir head coach, s’échauffe. Il va alors jouer un rôle fondamental dans la préparation du match. Il bosse ses ateliers vidéos sur ordi depuis le banc puis crée des situations d’opposition sur le terrain pour faire des gammes contextualisées, où il accroche des bras, challenge, frictionne. D’abord, avec Lonnie Walker IV puis avec Austin Reaves. Revenu avec beaucoup d’ambition, D’Angelo Russell s’échauffe seul, le casque sur les oreilles et sans un sourire quand Rui Hachimura et Reaves se vannent, hilares. Troy Brown Jr. discute lui longuement avec son invitée du soir, Hannah Alattar, academic advisor à la NBPA. Voilée et masquée, elle fraie à côté d’une montagne chauve et en short, dans son immense maillot Metta World Peace 37. Ainsi va la Crypto.com Arena. Non loin, Maria est soucieuse. En espagnol : « Ce soir, je veux vraiment que tout le monde voit ce que D’Angelo Russell peut nous apporter, les gens ne se rendent pas compte. C’est le meilleur trade de l’année… Avec Malik Beasley..» Beasley qui, lui, marque tout de suite des points en se présentant aux fans sur écran géant avec sa chanson préférée : “My 1st Song” de Jay-Z. Le banc des Lakers s’est vidé. Tout le monde est au vestiaire. Tout le monde sauf un homme : Darvin Ham. 2 minutes de regard fixe sur les joueurs des Raptors pour évaluer les forces en présence. Mystique.

Entre-deux facilement gagné, et D’Angelo, forceur, qui veut de suite s’imposer… mais qui enquille les ratés, quand Pascal Siakam et Jarred Vanderbilt se baladent : -12 (10-22) au bout de 6 minutes. Ce soir, le King, pour l’instant, n’est pas assis au bout du banc. Temps mort où on apprend sur l’écran que James Worthy et Pau Gasol partagent la même moyenne de points aux Lakers (17). D’Angelo Russell prend alors les choses en main et attaque le panier au centre. Panier primé. Ham avait vu juste avant le match : « Il nous apporte un profil de plus sur les pick and rolls, et avec sa qualité à trois points on a beaucoup de chance de l’avoir. » Austin Reaves rentre alors en jeu. Une ovation. Hachimura enchaîne à trois points et la dynamique change. -4 à la fin du premier quart-temps (31-35).

Deuxième quart-temps sous forme de montée en puissance d’AD. Les Raptors mèneront tout de même de 15 points mais l’énergie du soir est du côté angelinos. Toujours à 4 points à 5 minutes de la pause, le colosse décide de passer en mode anniversaire. Ecrans, rebonds, contre et dunk dans la foulée. La salle le pousse, plus que les autres. Avant que D’Angelo Russell ne prenne le relais sur une double action dragster en lay-up puis tir à trois points. Hachimura et Reaves emmènent l’équipe à +8 (70-62 à la mi-temps).

Sous les combles, dans la section 308, c’est au tour de l’orchestre de la franchise – le Lakers Band – de se la jouer March Madness avec une vingtaine de cuivres. Effet assuré… Pas sur Tino, en revanche, qui lui, a toujours la mâchoire un peu crispée. Le type de fan plutôt rancunier de la vie, qui ne trouvera de plaisir que dans un titre… Allez Tino, respire : c’est quoi, la bonne surprise de cette trade deadline ? « Bah y’a pas vraiment débat, non ? Westbrook s’est barré et c’est très bien, il ralentissait l’équipe avec son profil… »

Troisième quart-temps bourré d’imprécisions, quand Scottie Barnes ou Anunoby ne lèvent pas le pied. Le Soudanais Wenyen Gabriel rentre et régale. Et puis, une agitation du côté du tunnel des Lakers. Une présence immense sort du couloir, avec son attelle, en boitant. Les fans ont le sourire. C’est lui, la légende, il est venu : Mo Bamba ! Dans les travées, un joueur suscite l’incompréhension. Lonnie Walker IV absent de la rotation: « Lonnie doit jouer plus” estime Bryan. “Il crée du rythme avec un jeu d’équipe qu’il a rôdé aux Spurs. Sa taille peut marcher dans plein de rotations… » Côté Raptors, l’équipe déroule avec du passing game à la texane. À signaler, pour la beauté du geste, un superbe airball… sur lay-up pour Pascal Siakam. Une pépite. Coïncidence ? Pas sûr : un ado enchaîne les shoots trop courts lors d’un concours à trois points. Lorsqu’il touche enfin l’anneau correctement, la salle explose. Un autre champion tentera un tir du milieu de terrain quelques minutes plus tard pour un chèque géant. Il finira à 4 mètres du panier. Un génie. – 5 (85-90) en fin de quart-temps.

Dernier quart-temps. Reaves poursuit son festival à la mène : pénétrations, lay-ups, ballons volés et trois points : les murs tremblent. Des « MVP » improbables tombent pour saluer la joie que Reaves a réussi à créer dès qu’il touche la balle tel un nouveau Caruso… Une ambiance de folie s’empare de la salle. Des insultes aux arbitres tombent des tribunes. A 5 minutes de la fin, AD signe son retour. Scottie Barnes se présente sur la ligne des lancers-francs et se fait huer. 1 minute plus tard, il plante un panier à trois points devant le banc des Lakers vers lequel il se retourne, chambreur. En sortie de temps mort, D’Angelo Russell sort le grand jeu, avant de se faire copieusement insulter par un Schroder des grands soirs (23 points) sur un placement hasardeux. Victoire 122-112, des cotillons tombent du plafond (pour une victoire en saison régulière : une folie que n’aurait pas beaucoup appréciée Kareem Abdul-Jabbar) et une équipe plus solidaire que jamais, avec encore tout à prouver. Mais quel potentiel… D’Angelo finit la soirée avec 28 points. AD, lui, avec 7 shoots, 8 points et 9 rebonds, aura joué un autre rôle que l’habituel. Et si cette discrétion contrainte allait lui permettre de limiter son risque de blessure ?

Darvin Ham conclura la soirée avec le sourire : « C’est un soir de célébration. Ça a été un gros match. On s’est bien servis de nos corps pour empêcher Siakam et Barnes de se balader. AD a été muselé, c’était leur plan mais avec les chiffres qu’il aligne habituellement, c’était logique. Nous, ce soir, on a tout fait pour gagner. » Austin Reaves analysera plus précisément en conférence de presse : « C’est l’espace qu’il nous libère qui fait qu’on peut avoir des shoots. Moi, en plus, j’ai D’Angelo qui n’arrête pas de me dire tout le temps d’être agressif et d’être moi-même. On a une bonne énergie, on fait des efforts les uns pour les autres, je trouve… » D’Angelo Russell, le héros convaincu du soir, reste philosophe : « Avant, je n’avais pas confiance ici, j’étais jeune, et désormais, c’est à moi de leur amener de la confiance… Quant à AD, il est tellement altruiste, c’est fou ! » Un journaliste se lance sur la hype et le swag que l’équipe suscite en ville depuis le record de LeBron puis l’arrivée des nouvelles recrues. Darvin Ham en rigole: « Oui, oui, c’est ça, le coach ou les joueurs, dans le vestiaire, ce à quoi on pense, c’est à notre swag… » Avant de partir dans un grand rire. Comme le dit l’expression consacrée : l’équipe vit bien. « On a des fans qui explosent ici, on doit mettre de l’énergie. Pas de BS, juste être positif. Là, on se bat les uns pour les autres…»