Celtics – Nets de l’intérieur : TrashTalk était au TD Garden pour l’un des comebacks de l’année

Le 04 mars 2023 à 20:52 par TrashTalk

TD Garden Celtics

Dur et doux à la fois : c’est encore et toujours le sentiment qui domine après les deux matchs à domicile des Celtics dans la foulée de la première expulsion de Jayson Tatum en carrière face aux Knicks quelques jours plus tôt. On attendait la confirmation que JT était un leader. Disons que la réponse fut mitigée. TrashTalk était au TD Garden et vous raconte tout de l’intérieur…

Par Brieux Férot, à Boston

Le Massachusetts, c’est le Nord. En plus froid. En ce vendredi soir, il neige. Le vent glacial s’engouffre dans les multiples coursives du TD Garden. Cela n’empêche pas un nombre assez conséquent de petits hommes verts celtiques de se promener comme d’hab’ en tee-shirts. « Go Celtics » Jonas vend ses tee shirts verts à la sauvette. Des pépites : « Lebron is a douche » ou bien « Kyrie is a douche ». C’est que les habitués n’ont pas vraiment la mémoire courte. Boston est une ville qui gagne, dans tous sports. Red Sox, Patriots, Bruins et Celtics donc, pour un record en NBA. « Si tu n’es pas des nôtres, tu es contre nous, il n’y a pas de juste milieu. » Jeff, sosie barbu de Mark Wahlberg en encore plus vénère, claque, bourré, l’épaule d’un mastodonte de la sécurité. Aucune réaction. Dans les coursives, hier soir des drapeaux arc en ciel. C’est la Pride Night. Un show queer est prévu à la mi-temps, des drag Queens pullulent dans les couloirs autour du vestiaire. Et la chanteuse qui entonne l’hymne américain a longtemps été un homme. Une soirée pour rassembler les bonnes volontés de la ville dans la promotion du progressisme. Boston, une ville ouverte sur le monde, berceau de la Biotech, où Harvard et le MIT servent. Une ville ouverte, donc. Comme la défense des Celtics. On va y venir.

Deux jours plus tôt, un mercredi soir, glacial également. Le Garden scrutait le retour de JT. Jayson Tatum. Un autre homme l’attendait aussi. Donovan Mitchell. Les Cavs l’avaient emporté deux fois de suite en prolongations pour les deux premiers affrontements de la saison entre ces équipes. Le risque de revoir Spider brillé était réel. Dans ce match, Mitchell aura livré un duel perdu mais épique (44points). Hué à chacune de ses apparitions derrière la ligne, il aura inspiré le respect tout le match, prenant a revers JT sur ses crossovers et son premier pas foudroyant, et ce, malgré une cheville qui a sérieusement tourné au troisième quart-temps. Côté Celtics, c’est la concentration – « be focus » – qui est revenu dans toutes les bouches à la fin du match. Un exemple : Robert Williams III, joueur sous-coté, tant l’engagement qu’il apporte à chaque bout du terrain n’a pas de prix pour cette équipe. White, le bon side-man, est toujours à la manœuvre quand les 2 J sont pris. 31 points pour Tatum au milieu du troisième quart temps avec à ses côtés, un Horford gonflé à bloc, enchainant les paniers a 3 points. Les Cavs auront bien essayé quelque chose : laisser la balle à Tatum sans trop le coller pour l’obliger à organiser le jeu et miser sur des imprécisions dans les passes, plutôt qu’au lay up. Quelques balles perdues et un exploit de Garland – 11 points dans la dernière minute – pour au final revenir a -4 – clôturera cette drôle de soirée. En conférence de presse, Joe Mazzula répondra simplement a une question sur la bonne défense de son équipe, sans trop revenir sur la dernière minute de match : « On fait comme on a déjà fait contre eux ce soir: ce que je retiens c’est qu’offensivement, on est allé plus loin que d’habitude. » Jayson Tatum, lui, allumera à demi-mot le load-management : « J’ai besoin de jouer, je ne peux pas ne pas rentrer si on est devant. Je me souviens du gamin que j’étais qui rêvait tous les jours de jouer en NBA un jour. Depuis 6 ans, je vis un rêve éveillé chaque jour… »

Jersey Tatum Celtics

Hier soir, c’était une autre affaire, dans un match a priori plus simple face à des Nets fortement remaniés, véritable Pôle Emploi de la ligue depuis la Trade Deadline. Un match qui s’est donc transformé en bourbier sans que personne ne puisse l’empêcher ni vraiment l’expliquer. « Je n’ai pas d’explication plus intelligente : rien n’a marché ce soir », bottera en touche Mazzula. Le cauchemar commence pourtant logiquement pour… Brooklyn : -22 points (15-37) dans le premier quart temps, avec déjà 7 joueurs des Celtics qui marquent contre 4 seulement pour les Nets, puis -28. Un match plié a priori, rideau. Le symbole ? 3 fautes dès les 3 premières minutes – un bel exploit – pour Cam Johnson. Des premiers pas toujours aussi foudroyant de Tatum mais une raquette qui se ferme, et des shoots tellement courts – Brown, Tatum, Horford, où la peur d’être pris dans la raquette aux rebonds par Johnson. Dans la salle, sur l’écran, on apprend que Derrick White aime le poulet, quand Al Horford est honoré au milieu du 1er quart temps : c’est son 1000e match avec les Celtics.

Le deuxième quart-temps voit les Celtics proposer du bon jeu. La paire Tatum-Brown est un sérieux problème pour la ligue. Rien de nouveau ici. Al Horford enchaine encore les banderilles derrière la ligne, Williams III fait son trou au rebond offensif – et du moins bon : comme être pris de vitesse dès que les adversaires courent. Cam Johnson, lui, s’en fout : il continue son festival et prend sa quatrième sur un tir de Brown au contact en suspension, pour 21 points a la mi-temps signés le barbu masqué. Le moment fort de ce quart temps ? L’hommage à des « heroes among us » de la cause LGBT, avec une salle debout. Au tableau, les Nets reviennent : -9 (55-64) a la mi-temps. Un quart temps raté mais toujours un petit matelas d’avance. C’est le troisième quart temps qui va énerver au plus haut point les fans des Celtics. « Ce qui peut nous empêcher de gagner le titre ? On n’est pas assez décisifs quand il faut tuer le match », confessera Eddie. Dis autrement dans la bouche de Joe : « Tatum, comme tous les joueurs de Duke, est trop doux. Jamais je n’irais avec lui à la guerre. C’est une “fiotte” (pussy). » Pour la soirée des fiertés, on repassera. Egalité 70-70 et un match qui se dilue pour les Celtics. L’entrée en jeu ovationnée du rugueux Pritchard et le leadership offensif du soir, Jaylen Brown, ne changeront rien. +5 pour les Nets (89-84) au bout de trois quarts.

Le dernier quart temps confirme les layups fébriles sans conclure de Tatum (22 points seulement au final, 0/7 de loin, peu d’agressivité avec une première faute à… 2 min de la fin!) . Côté Nets, on a pu voir une nouvelle confirmation que deux de leurs joueurs peuvent marquer la fin de saison : Cam Johnson à 20 points – et contrôlant ses 4 fautes avec brio… avant de prendre les 2 dernières a 30 secondes de la fin !-, et Mikal Bridges, terminant sur un magnifique 38 points. Perdre après avoir eu 28 points d’avance ? C’est le deuxième pire comeback subi par la franchise verte en 25 ans. Une vraie difficulté a se faire mal, et une faiblesse dans l’exigence personnelle et la défense en un contre un. Pire, et c’est un point qui avait mis en rogne Marcus Smart après la défaite contre New York : les shoots ratés ont un fort impact sur le moral de chaque joueur en phase défensive. Ce qui peut conduire à du grand n’importe quoi. Les Celtics n’ont pas de leader qui peut prendre la parole et ajuster sur le terrain lorsque l’équipe déraille, mais elle a un talent offensif que peut d’équipes peuvent lui contester…

À Boston, le public est dur, bagarreur et impatient : « Soit on gagne cette année, soit on ne gagne jamais. » Des sifflets sont tombés du TD Garden. Peu, mais tout de même : la loyauté des fans est à ce prix. Et il reste peu de temps pour rendre ce bel effectif aussi durs que les bras et les mots des fans des Celtics, qui en ont vu beaucoup d’autres…