Mais qui est Skip Bayless ? Profil de l’homme le plus détesté des médias sportifs américains

Le 01 déc. 2022 à 14:51 par Jérémy Marty

Skip Bayless 28 novembre 2022
Source : YouTube

Alors qu’il pourrait très bien être un chef étoilé habile pour faire griller de la viande dans le restaurant familial, Skip Bayless est sans doute le journaliste sportif le plus détesté de l’univers médiatique américain. Le septuagénaire se plaît à être montré du doigt, c’est d’ailleurs ce qui fait sa renommée. Mais Bayless s’est coltiné un sacré chemin avant de devenir le hater numéro uno de LeBron James. Petit focus sur le bonhomme. 

“Peut-être pas ce que vous voulez entendre, mais ce que vous avez besoin d’entendre.” Un tour sur le profil Twitter de Skip Bayless et vous comprenez directement l’ampleur du personnage qui compte tout de même 3,2 millions de followers… mais qui ne suit personne. Sur l’oiseau bleu comme dans la vie, le natif d’Oklahoma City n’a pas que des amis et la plupart de ses posts sont destinés à piquer les acteurs majeurs du sport US et donc ceux de la NBA. Il ne faut d’ailleurs pas remonter bien loin pour trouver une gentillesse envers son joueur préféré (pas du tout) : LeBron James. Pas impressionné par le match du King face aux Spurs, il qualifie le joueur des Lakers de “pire tireur à 3-points de la NBA”… Sacré Skip.

LeBron (39), taking candy from babies tonight in San Antonio. 143-138. Once, the Spurs played defense. LeBron, by far the NBA’s worst 3-pt shooter, caught hot streak (7-12). You know what that means: Next game he’ll go 1-10. Hurts team jacking up so many threes.

— Skip Bayless (@RealSkipBayless) November 27, 2022

Ne l’appelez plus jamais John Edward Bayless II

Skip n’est d’ailleurs pas son prénom d’origine, lorsque qu’il voit le jour en 1951, ses parents l’appellent John Edward Bayless II. C’est du moins ce qui est écrit sur les papiers, car en réalité ses parents vont l’appeler “Skip” ou “Skipper”. Ce surnom restera et le principal intéressé finira d’ailleurs par l’adopter de manière officielle. Une dénomination que l’on traduit par “capitaine” et qui doit sûrement plaire à l’esprit ambitieux de celui qui jouait au baseball et au basket durant sa jeunesse. Dans un entretien pour The Starting Five en 2009, Skip racontait l’origine de son prénom :

“Lorsque je suis né et que mon père m’a regardé pour la première fois, il a dit “Voici mon skipper”. Le nom est resté et ils m’ont appelé “Skip” ou “Skipper”. Pas une seule fois dans ma vie mes parents m’ont appelé John Edwards, même lorsqu’ils étaient sous le coup de la colère.”

Aujourd’hui, quand on évoque Skip Bayless, on pense directement au journaliste, insider, consultant… et bien sûr polémiste qui ne se gêne pas pour dire ce qu’il pense dans son émission “Skip and Shannon : Undisputed” qu’il anime avec l’ancien joueur de NFL, Shannon Sharpe, sur Fox Sports 1. Les deux acolytes discutent et analysent l’actualité sportive en passant forcément par la NBA. Dans cet univers géant que représente la Ligue, Skip Bayless fait figure de méchant en balançant des amabilités à tout va. Si beaucoup soulignent son aspect de polémiste, il ne faut pas oublier que le nemesis de LeBron a un CV assez impressionnant. Amoureux de sport depuis tout petit, Skip Bayless tombe dans le monde du journalisme au lycée grâce à sa prof d’anglais :

“Plus j’écrivais, plus j’aimais ça et mieux j’y arrivais. Lors de ma dernière année, ma prof m’a inscrit à un concours organisé une fois par an qui accordait au gagnant une grosse bourse d’étude pour l’université de Vanderbilt.”

D’un restaurant de barbecue à l’un des meilleurs journalistes du pays

Le garçon issu d’une famille spécialisée dans le barbecue va décrocher cette bourse qui le mènera à poursuivre son cursus universitaire du côté de Nashville dans le Tennessee. En gagnant le prix Grantland Rice – célèbre journaliste sportif du début de 20ème siècle – Skip Bayless va s’ouvrir les portes d’une carrière qui sera plus tard auréolée de nombreuses récompenses. Du prix Eclipse, en 1977, pour un article sur la victoire du cheval Seattle Slew lors de la fameuse course équine Triple Crown, au journaliste sportif de l’année dans l’Illinois en 2000 sans oublier le prix Lisagor obtenu lors de sa première année au Chicago Tribune ou ses titres de rédacteur sportif de l’année au Texas en 1979, 1984 et 1986. Bref, la plume de Skip Bayless fait des ravages partout où elle passe, de sa sortie de Vanderbilt en 1974 à son arrivée sur les plateaux télés aux prémices des années 2000.

Entre temps, le journaliste roule sa bosse du Miami Herald au Chicago Tribune en passant par le Los Angeles Times et le Dallas Times Herald. Dans la cité texane – qui est son environnement de prédilection de 1982 à 1998 – il écrit d’ailleurs trois bouquins sur les Cowboys qui sont alors une institution de NFL. Mais Bayless n’est pas du genre à garder sa langue dans sa poche alors, au début des années 90, il passe aussi sur les ondes de différentes radios dont celle d’ESPN. Il fait également quelques apparitions sur le petit écran par l’intermédiaire du fameux média ricain. Le sport comme domaine de prédilection, pas vraiment une passion familiale :

“J’etais le mouton noir de ma famille. Je suis tombé amoureux du sport alors que personne dans toute ma famille n’aimait le sport. Tout le monde avait une formation en cuisine, en restauration… mon grand-père avait un restaurant drive-in, mon frère gravitait là-dedans aussi. Je ne sais pas si vous le connaissez.”

Une salière spéciale LeBron James pour chaque occasion

Un brin d’ironie pour rappeler à tout le monde que son frère Rick Bayless est l’un des chefs spécialisés dans la cuisine mexicaine les plus réputés du pays de l’Oncle Sam. Les deux frères Bayless ont donc une même passion : mettre des épices là où ils passent. Certes, son CV est éloquent, mais Skip Bayless fait surtout parler de lui par ses frasques et son côté hater qu’il adore cultiver sur les plateaux de télévisions depuis 2004. À ce moment-là, il signe un contrat avec ESPN où il animera l’émission First Take jusqu’en 2016, faisant notamment équipe avec Stephen A. Smith à partir de 2012. Skip Bayless quittera ensuite ESPN pour Fox Sports, média qui lui offre un contrat bien sympa de 32 millions de dollars sur 4 ans en 2021. Aujourd’hui encore, son émission “Undisputed” rassemble tout autant qu’elle divise et permet bien évidemment au bougre de sortir la salière.

Tout le monde est au courant, sa cible préférée est LeBron James, qu’il avait même surnommé le “Froozen one” après les Finals NBA 2011. Depuis, chaque faux pas du Cyborg donne du grain à moudre au moulin Skip Bayless. Tout est bon pour atteindre LBJ, alors Skip s’attaque aussi à certains de ses coéquipiers comme Russell Westbrook, qui visiblement n’est pas doté du calme de son patron. Depuis le début de sa carrière, l’enfant d’Akron n’a jamais répondu aux dires du trublion de Fox Sports qui tente pourtant de le faire sortir de ses gonds dès qu’il en a l’occasion.

Yoooo… watch your mouth. Don’t say anything here you wouldn’t say to my face. https://t.co/0u8nFXYLY8

— Russell Westbrook (@russwest44) June 25, 2022

Skip Bayless est forcément réputé pour son côté provocateur qu’il cultive depuis le début de sa carrière. C’est aussi ce qui a fait la renommée d’un journaliste talentueux et ambitieux, qui a suivi les grandes histoires du sport US aux premières loges. Des Cowboys de Dallas aux Bulls de Michael Jordan en passant par ses taquets à LeBron James… Une destinée assez unique et folle pour celui qui a grandi dans un restaurant de grillade dans l’Oklahoma… et qui rêve sans doute d’une confrontation avec le King.

Sources texte : Skip Bayless, The Starting Five, Chicago Tribune, Sports Illustrated, Russell Westbrook / @russwest44.