Le coup de poing de Draymond Green sur Jordan Poole : épisode bientôt oublié ou incident qui va plomber la saison des Warriors ?

Le 18 oct. 2022 à 08:11 par Nicolas Meichel

Draymond Green 1er mai 2022
Source image : NBA League Pass

Vous n’avez pas pu passer à côté. Dix jours avant le début de la saison régulière NBA 2022-23, Draymond Green a fait la une après avoir lâché une grosse droite à son coéquipier Jordan Poole lors d’un entraînement. La vidéo a fait le tour de la planète basket et même si Draymond n’a au final pas été suspendu par les Warriors, on se demande si cet incident peut venir plomber le champion en titre au cours de la saison à venir. 

Avant d’aller plus loin, quelques liens qui peuvent servir :

Pas la première altercation impliquant Draymond Green…

On connaît tous le personnage Draymond Green. Sa passion, son énergie et son côté tête brûlée font partie de ses plus grandes qualités mais quand les fils se touchent ça peut vite dégénérer. Depuis le début de la dynastie Warriors au milieu des années 2010, Draymond s’est retrouvé au cœur de plusieurs petits incidents, avec des adversaires évidemment, des arbitres, mais aussi des membres de sa propre équipe. Impossible évidemment de ne pas se souvenir de son embrouille avec Kevin Durant un soir de novembre 2018 à Los Angeles, quand Green a envoyé des noms d’oiseaux en rafale dans la face de KD après une ultime possession mal gérée.

Cet épisode entre Draymond et Durant reste l’une des images fortes de la dernière saison de KD à Golden State, lui qui a fini par quitter la Baie l’été suivant pour rejoindre Brooklyn. La preuve, les deux en ont encore parlé l’année dernière dans une interview sur Bleacher Report, dans laquelle Dray n’avait d’ailleurs pas hésité à blâmer le front office des Warriors pour sa manière de gérer la situation (rappel : Green avait été suspendu pour un match).

Deux années auparavant, lors de la saison historique à 73 victoires en 2015-16, il y a aussi eu l’embrouille avec Steve Kerr à la mi-temps du fameux match à Oklahoma City dans lequel Stephen Curry a envoyé un double BANG mémorable. Forcément, cet incident n’est pas autant gravé dans notre mémoire car il s’est déroulé derrière des portes closes, mais Draymond a vraiment pété un plomb face à son coach ce soir-là. La raison ? Une critique de Kerr qui aurait eu du mal à passer chez Green, transformant le vestiaire des Warriors en véritable volcan. En furie, Draymond a balancé pas mal de mots doux et s’imaginait sans doute en train d’arracher la tête de son coach, avant de finalement s’excuser après la victoire face au Thunder.

… mais un épisode à part

Les Warriors ont toujours réussi à se relever des différentes altercations qui ont pu venir perturber le groupe. Alors pourquoi est-ce que ce serait différent avec ce nouvel incident impliquant Draymond et Jordan Poole ? Déjà parce que contrairement à celui avec Kevin Durant ou Steve Kerr, on est passé de l’altercation verbale à l’altercation physique. Certes ce n’est pas une première en NBA, il suffit de demander à Kerr qui s’est pris une droite de Michael Jordan lorsqu’il jouait chez les Bulls dans les années 1990, mais on a clairement atteint le niveau supérieur. C’est une chose de balancer des insultes, c’en est encore une autre de lâcher une droite dans la face de son propre coéquipier. Pour ne rien arranger, l’incident a été filmé puis diffusé sur toutes les plateformes possibles et imaginables, de quoi rendre furax le coach Steve Kerr. Et pour cause, impossible de se cacher, impossible de nier, impossible de rétrograder l’altercation à une simple chamaillerie de groupe. Enfin, même si Draymond et d’autres membres des Warriors assurent qu’il n’y a absolument aucun lien, la situation contractuelle de Green et Jordan Poole – tous les deux éligibles à une extension de contrat au moment de l’incident – a donné à manger à tous ceux qui voulaient ajouter de l’huile sur le feu. Autant dire que ça fait beaucoup, et Coach Kerr ne s’en est pas caché en conférence de presse récemment.

“C’est la plus grande crise qu’on a pu avoir depuis que je coache ici. C’est quelque chose de très sérieux.”

Quel impact sur la saison de Golden State ?

La pregunta de la muerte version Warriors, la voici. Impossible de ne pas se poser cette question de la mort à l’aube de la saison 2022-23, durant laquelle Golden State tentera de défendre son titre. Car même si Draymond a purgé sa peine en payant l’amende qui lui a été infligée et qu’il sera là pour l’Opening Night face aux Lakers étant donné qu’il a évité la suspension, on est sur un incident qui est suffisamment gros pour qu’il pèse potentiellement sur l’équipe tout entière pendant une bonne partie de la saison. Et pas sûr que la culture Warriors ne soit cette fois-ci assez forte pour surpasser ce challenge qui n’est définitivement pas comme les autres.

Dans les jours qui ont suivi l’épisode de la patate, on a eu des excuses publiques de Draymond Green, qui a également pris quelques jours loin de l’équipe pour faire le point et se remettre les idées en place avant de rejoindre à nouveau le groupe. Quant à Jordan Poole, il a continué sa vie comme si (presque) rien ne s’était passé, enchaînant notamment les grosses performances en pré-saison tout en montrant une belle maturité. Comme l’a dit Steve Kerr en conférence de presse, il y a surtout eu beaucoup de discussions en interne pour tenter de gérer au mieux cette situation explosive, des discussions impliquant forcément les principaux intéressés mais aussi le franchise player Steph Curry, le boss des opérations basket Bob Myers, et Kerr lui-même. De l’extérieur on peut donc penser que les Warriors ont fait ce qu’il fallait pour laisser cet épisode derrière eux et qu’ils passeront officiellement à autre chose une fois qu’ils recevront leurs bagouzes à l’Opening Night. Mais on sait aussi à quel point ça peut être difficile de reconstruire un climat de confiance quand cette dernière a été brisée aussi violemment.

“La meilleure chose avec les Warriors, c’est que leur mantra a toujours été ‘Strength In Numbers’. Cela a toujours été un effort collectif avec tout le monde. Steph [Curry] n’est pas seul pour tenter de rassembler tout le monde. Je suis sûr qu’Andre Iguodala l’aide, pareil pour Kevon Looney, Bob Myers, Shaun Livingston, Klay Thompson et tous les autres gars qui sont là depuis longtemps.

Je connais ce groupe. C’est un groupe solide, hyper soudé. Je déteste quand des trucs qui se passent à l’entraînement se retrouvent en public. Mais espérons qu’ils arrivent à passer outre et qu’on puisse passer à autre chose.”

– Kevin Durant, via ESPN

Aux yeux de Steve Kerr, la continuité du groupe, la force collective de ce dernier et le professionnalisme de chacun doivent permettre à tout le monde d’aller de l’avant. Ça c’est la théorie. Dans la pratique, le coach des Warriors a bien conscience que ça va prendre du temps, si tant est que le temps suffise. Car on parle ici avec Draymond Green du leader vocal et émotionnel du groupe depuis tant d’années, et c’est en partie pour cette raison que cette situation est tellement sensible. On l’a vu à de multiples reprises au cours de la dynastie Warriors : Golden State n’est pas vraiment la même équipe sans Green. On parle d’un véritable connecteur des deux côtés du terrain, qui aide à faire tourner l’attaque à plein régime grâce à sa relation avec Curry et son QI basket, et qui dans le même temps représente le quarterback de la défense. Un connecteur qui apporte en plus un côté nasty indispensable à une équipe connue avant tout pour le talent et l’adresse extérieure de ses Splash Brothers. Aujourd’hui, la position de Draymond ne peut qu’être fragilisée au sein du groupe, ce qui peut évidemment se répercuter sur la solidité du collectif Warriors et donc impacter directement les résultats sur le terrain.

  • Comment Jordan Poole, qui prend de plus en plus de place mais aussi les autres jeunots du groupe qui voyaient Draymond Green comme ce daron inspirant le respect vont-ils percevoir ce dernier lors des semaines et mois à venir ?
  • Les raisons du pétage de plomb invoquées par Dray, qui a mentionné une situation personnelle compliquée et des difficultés profondes pour gérer ses émotions, peuvent-elles apporter une dose d’indulgence dans cette affaire et ainsi faciliter la transition vers un climat plus serein ?
  • La greatness et le leadership de Stephen Curry, accompagnés de la présence de piliers de la dynastie comme Klay Thompson et Andre Iguodala, seront-ils suffisants pour classer cette affaire sans suite ?
  • Est-ce que, comme mentionné par Killa Klay, le temps peut-il faire son effet pour permettre à Draymond, Poole et tous les autres membres des Warriors de passer à autre chose ?

Voilà les grandes questions qui entourent Golden State à l’aube d’une nouvelle saison où les Dubs tenteront de défendre leur titre. Et les réponses à ces interrogations risquent de vraiment définir la saison 2022-23 des Warriors.

“Sans aucun doute, notre culture a été endommagée par cet incident. Cette équipe a toujours voulu trouver le plaisir dans le jeu mais aussi à travers l’équipe, en ayant à l’esprit les relations, les objectifs et le collectif. Quand tout est aligné, vous le sentez. Quand ce n’est pas le cas, et c’est arrivé plusieurs fois chez nous, vous le voyez, vous le sentez.

On doit travailler en interne pour régénérer la vibe qu’on a besoin. Parce qu’on le sait, on l’a vécu, vous ne gagnez pas des titres seulement avec le talent. Il faut de l’alchimie, une envie collective, et de la confiance. Il faut qu’on reconstruise tout ça.”

– Steve Kerr, via The Athletic

Alors que Jordan Poole vient de recevoir sa méga extension de contrat et qu’Andrew Wiggins a également été prolongé, Draymond Green peut lui devenir agent libre l’été prochain puisqu’il possède une player option sur la saison 2023-24. Selon la manière avec laquelle se déroule la campagne à venir, autant collectivement qu’individuellement, cet exercice 2022-23 pourrait tout simplement être le dernier pour Green à Golden State. 

Sources texte : ESPN / The Athletic


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