Génération 92 : Rudy Gobert et Evan Fournier, à eux d’écrire leur propre page dorée dans la grande histoire du basket français

Le 17 sept. 2022 à 13:37 par Nicolas Meichel

Evan Fournier Rudy Gobert équipe de France
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Miraculée face à la Turquie et l’Italie mais convaincante contre la Pologne, l’Équipe de France disputera une nouvelle finale ce dimanche 18 septembre dans une grande compétition internationale, seulement un an après celle perdue face aux États-Unis aux Jeux Olympiques de 2021. Une nouvelle finale, une nouvelle opportunité pour amener un second titre majeur au basket français masculin, et surtout une occasion en or pour la génération Evan Fournier – Rudy Gobert d’écrire sa propre histoire.

À l’heure de ces lignes, le basket français reste limité à un titre de champion, celui remporté lors de l’EuroBasket 2013 par la fameuse génération Tony Parker.

TP, Boris Diaw, Florent Pietrus, Mickael Gelabale… autant de noms qui resteront à jamais liés à cette magnifique épopée. Une génération évidemment à part pour tout ce qu’elle a apporté au niveau du développement de la balle orange en France, à travers la sélection mais aussi les différents parcours en NBA avec évidemment Tony en tête de gondole. Mais ce dimanche, on assistera peut-être au couronnement de la Génération 1992, celle qui a vécu les derniers moments de l’ère Parker mais qui a ensuite pris le relais pour garder l’Équipe de France dans la catégorie des grandes nations du basket mondial.

Evan Fournier et Rudy Gobert.

Ils étaient dans le groupe lors du Mondial 2014, quand la France a décroché le bronze en Espagne, mais ils possédaient alors un rôle limité derrière les leaders Nicolas Batum et Boris Diaw. Ils étaient aussi présents en 2015 quand les Bleus ont une nouvelle fois terminé troisièmes lors de l’EuroBasket organisé en France, dans lequel Rudy s’est véritablement révélé au grand jour. Une révélation qui a d’ailleurs permis à Gobert de faire partie de la dernière danse de Tony Parker aux JO de Rio 2016. Mais il a aussi fallu attendre la fin de la décennie 2010 pour voir cette nouvelle génération endosser le leadership et écrire une nouvelle grande page du basket français. Il ne manque désormais plus qu’une victoire pour définitivement sortir de l’ombre de la génération précédente, et avoir sa propre histoire à raconter.

Evan Fournier Rudy Gobert

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Cette histoire, elle a véritablement commencé il y a trois ans, et elle possède déjà de très beaux chapitres.

Coupe du Monde 2019, Dongguan (Chine). Les Bleus tapent Team USA en quart de finale, eux qui étaient invaincus depuis pas moins de 13 ans sur les grandes compétitions internationales. Une victoire historique pour le basket français qui n’avait auparavant jamais battu les Ricains dans un Mondial ou aux Jeux Olympiques, et un exploit retentissant pour Fournier (22 points) et Rudy (21 points, 16 rebonds, 3 contres), bourreaux des Américains en ce glorieux jour de septembre. La suite ? Une défaite hyper frustrante face à l’Argentine, mais tout de même une médaille de bronze au bout.

Jeux Olympiques, 2021, Tokyo (Japon). Les Bleus commencent la compétition par un nouveau succès contre les États-Unis, et cette fois-ci on ne parle pas de l’équipe Z de Team USA. En face, il y a Kevin Durant, il y a Damian Lillard, il y a Jayson Tatum. Mais sur le terrain, il y a surtout Vavane (28 points), Gobert (14 points, 9 rebonds) et Nando De Colo (13 points, 5 rebonds, 5 passes), qui portent tous l’EDF vers une victoire de prestige. Une victoire qui sonne le début d’un magnifique parcours, composé de moments légendaires comme le block de Nicolas Batum à la dernière seconde face à la Slovénie ou la dédicace d’Evan à l’équitation, et qui est ponctué par un affrontement de rêve face aux Ricains sur la plus grande scène du basket mondial. Kevin Durant finit par barrer la route des hommes de Vincent Collet en finale, mais les Bleus peuvent clairement sortir la tête haute avec leur statut de vice-champion olympique.

Ces moments-là, on ne les oubliera jamais. Parce que battre les États-Unis au basket dans une grande compétition internationale, il n’y a que très peu de nations qui peuvent s’en vanter. Parce qu’une médaille de bronze – même si elle finit dans la chaussette – reste une ligne qui compte sur le palmarès. Parce qu’une médaille d’argent olympique peut se porter fièrement. Mais si l’on a bien appris une chose en vivant toutes ces émotions, c’est que la Génération 1992 est hyper ambitieuse et qu’elle n’est pas du genre à se contenter d’une deuxième place, aussi honorable soit-elle.

Vous vous souvenez du discours d’Evan Fournier après la défaite contre les States en finale des JO ?

“C’est une déception forcément mais il y a beaucoup d’enseignements à en tirer. Chaque année, on monte d’une marche, notre objectif maintenant ce sont les championnats d’Europe.”

Nous y sommes.

Le bronze au Mondial 2019, l’argent aux JO de Tokyo, l’or à l’EuroBasket 2022 ? Ça sonne hyper bien dit comme ça, mais avant il y a encore un match à gagner contre l’éternel rival espagnol. Comme si souvent par le passé, la Roja se retrouve une nouvelle fois sur la route des Bleus, mais pour la génération Fournier – Gobert c’est bien plus qu’un chapitre supplémentaire dans une rivalité légendaire. Car si cette dernière a commencé il y a plus d’une décennie et nous a apporté des affrontements tout simplement mémorables, cette finale de l’Euro représente sans doute la meilleure opportunité pour le groupe France actuel d’écrire sa propre légende.

Sans vouloir entrer dans le jeu des comparaisons ou opposer la génération actuelle avec celle de TP, un deuxième titre de champion d’Europe en 2022 sonnerait comme une validation pour les Bleus version Fournier – Gobert. Une validation de leur talent, une validation de la culture qui règne actuellement en Équipe de France, une validation par rapport à l’implication de ses leaders actuels à savoir Vavane en attaque et Rudy en défense. Sans Nico Batum et Nando De Colo qui ont décidé de faire l’impasse sur l’Euro en Allemagne, c’était l’heure pour le coiffeur de Charenton et le géant de Saint-Quentin de prendre officiellement le capitanat du haut de leur statut de joueur NBA référencé, d’être véritablement dans le costume de guide autant sur le parquet qu’en dehors.

Des responsabilités qu’ils assument aujourd’hui malgré les hauts et les bas qu’ont connu les Bleus depuis le début de la compétition début septembre. Grâce également à un Guerschon Yabusele qui joue probablement le meilleur basket de sa carrière, mais aussi des joueurs qui ont step-up au bon moment comme Thomas Heurtel, Terry Tarpey et quelques autres, la génération Evan – Rudy n’est vraiment plus qu’à 40 minutes de se faire une place complètement à part dans l’histoire du basket français. Et pourquoi pas devenir la plus belle de toutes les générations, en cas de titre olympique, en 2024 à Paris.

Bien évidemment on n’y est pas encore. L’Espagne a brisé nombreux de nos rêves au cours des quinze dernières années, alors ne mettons pas la charrue avant les taureaux comme on dit. Mais une chose est sûre, la Génération 1992 symbolisée par Evan Fournier et Rudy Gobert est en train d’écrire une très belle page du basket français, qui a vraiment démarré l’écriture au Mondial 2019 et qui se doit d’être tamponné par un titre dans une grande compétition internationale. Vavane, Rudy, c’est votre heure !