Steve Kerr, le serial winner : 4 bagues en tant que coach, 5 bagues en tant que joueur, sympa la collection

Le 18 juin 2022 à 13:28 par Alexandre Taupin

Steve Kerr Warriors 17 juin 2022
Source image : NBA League Pass

Victorieux avec les Warriors lors du Game 6, Steve Kerr a ajouté une nouvelle bague à sa boîte à bijoux. Le coach des Dubs compte désormais quatre titres en tant que coach mais aussi cinq en tant que joueur. Comment expliquer un tel succès ?

Les trophées, le champagne, les lunettes de ski, c’est une tradition que certains ne connaissent jamais et d’autres peut-être une fois dans leur vie. Steve Kerr est quant à lui un habitué de ces coutumes NBA. Déjà champion à cinq reprises en tant que joueur avec Chicago et San Antonio, le natif de Beyrouth a ajouté quatre anneaux supplémentaires depuis qu’il est entraineur des Warriors. Petit détail qui tue : il a donc gagné quatre titres de champion en huit ans de mandat à la tête des Dubs, c’est tout simplement flippant comme ratio. Autre stat plutôt fun qui nous est livrée par StatMuse, Kerr a remporté 9 des 27 derniers titres NBA, avec la casquette de joueur ou d’entraîneur sur la caboche. Il est aussi le seul avec Phil Jackson à avoir remporté un titre lors de quatre décennies différentes. On peut aussi balancer que les Warriors n’ont toujours pas perdu une série de Playoffs à l’Ouest sous son commandement ! Seuls les Raptors en 2019 et les Cavs en 2016 ont fait mordre la poussière aux Dubs, ce qui donne donc vingt-deux séries remportées sur vingt-quatre ! Et tout ça, c’est sans oublier qu’il détient également le meilleur bilan sur une saison NBA (73 wins) mais aussi le meilleur pourcentage de victoires en Playoffs all-time ! Des chiffres tout simplement hallucinants pour Kerr, mais quel est donc l’ingrédient qui permet à l’ancien sniper de mener les siens vers les sommets ainsi ? Quel est cet ADN du champion qu’il trimballe avec lui où qu’il aille ?

Quand on pense aux Warriors, il est facile de vite tout résumer aux Splash Brothers et à Draymond Green. C’est faire offense au tacticien qui est derrière. Ayant joué sous les ordres de Phil Jackson et Gregg Popovich, Steve Kerr a eu les deux meilleurs mentors possibles pour préparer sa transition vers le coaching. Principes de jeu, comment gérer un groupe, quel discours tenir avec les joueurs pour obtenir le meilleur de chacun d’entre eux, le gourou des Dubs n’a jamais caché son admiration pour ses anciens entraîneurs ni l’impact que ceux-ci ont eu sur son propre coaching. Après, Kerr n’est pas qu’une éponge qui a appris par cœur un manuel, il a son propre plan et c’est ce qu’on a appelé ces dernières années le basket façon Warriors, avec cette circulation de balle, cette capacité à créer des espaces pour les shooteurs et ce tempo imposé à l’adversaire. Au moment de sa nomination à Golden State en 2014, Gregg Popovich expliquait d’ailleurs que voir son ancien poulain devenir coach était pour lui une “évidence”.

“Il y a certains gars dans votre équipe dont vous savez qu’ils ont un sens intuitif du jeu. Ce sont aussi des leaders naturels et de bonnes personnes. Ils communiquent bien, ont une grande éthique de travail et une intelligence élevée. Il avait tout cela. C’était assez facile à voir”.

Champion avec les légendaires Bulls et les jeunes Spurs en tant que joueur, Kerr a aussi pu côtoyer des monstres de professionnalisme durant sa carrière. Avec des coéquipiers comme Michael Jordan ou Tim Duncan, pour ne citer qu’eux, il a pu voir chaque jour la culture du travail, les efforts exigés, les sacrifices nécessaires pour rêver du titre NBA. Une rigueur qu’il tente désormais de transmettre à ses protégés mais pas seulement en tant que témoin des champions du passé. Steve Kerr est un travailleur, quelqu’un qui a dû trimer pour se faire sa place dans la Ligue et le respect qu’il a acquis auprès des plus grands est d’autant plus valorisé quand on connaît son parcours. C’est aussi un winner, quelqu’un qui veut profondément gagner. Son speech après le Game 5 en est encore l’exemple.

“On va gagner le titre à Boston. On va finir cette série à Boston, ok ? Ce qu’a dit Steph hier, ça bouge pas. Demain on gère notre repos, on prend l’avion et on y va. Tout ce que vous avez besoin de faire, des traitements, bien manger, gérez-le. Gérez tout et on y va ensemble.” pic.twitter.com/SPHzAfGx9i

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) June 14, 2022

Derrière le sourire et les vannes, il y a quelqu’un qui a faim de victoires. Prendre un shoot en Finales NBA à la demande de Jordan himself ? Aucun problème. Se battre avec ce même MJ à l’entraînement car celui-ci commençait à le trashtalker un peu trop à son goût ? Même pas peur. Kerr est un compétiteur acharné et il a son caractère, on ne lui marche pas dessus. Un atout non négligeable pour gérer un groupe, surtout quand on a des phénomènes comme Draymond Green sous la main. Si Steve “Coeur” n’a pas peur de remettre ses gars en place, il est prêt aussi à se remettre en cause et à tenter des coups de poker. Changement de cinq majeur durant les Finales, mettre sur le banc un de ses leaders dans le money time car il ne met pas un pied devant l’autre (hello Dray), sans oublier quelques méthodes peu orthodoxes quand on connaît les habitudes au sein de la Ligue. Rappelons-nous ce moment en février 2018, lorsque Steve Kerr décide de laisser ses joueurs se coacher… eux-mêmes ! Voilà ce qu’il dira pour expliquer son choix :

“En tant qu’entraîneurs, notre travail consiste à les pousser dans la bonne direction et à les guider. Nous ne les contrôlons pas, ils déterminent leur propre destin.”

Une idée pas si farfelue quand on connaît Kerr car c’est aussi quelqu’un de très pédagogue, qui croit en ses joueurs les yeux fermés, à la manière d’un Zen Master. De quoi mettre ses protégés dans les meilleures conditions et instaurer une confiance réciproque. Draymond Green est mis sur le banc ? Aucun drama pour le pitbull, l’entraîneur sait ce qui est le mieux pour l’équipe. Klay Thompson dira même après le Game 6 qu’il ne veut jouer pour aucun autre coach. Cela tombe bien car Kerr a encore quelques belles années devant lui pour aller chercher des succès avec Golden State.

Joueur, dirigeant, commentateur, coach, Steve Kerr a eu bien des casquettes en NBA mais elles ont toutes aidé à faire ce qu’il est aujourd’hui, un immense champion. Et la belle histoire n’est peut-être pas terminée… 

Source texte : StatMuse