Coup d’œil sur les meilleurs prospects du championnat de France – Partie 2 : l’évidence Victor Wembanyama, le testostéroné Yoan Makoundou

Le 02 oct. 2021 à 10:07 par Arthur Baudin

Prospects
Source image : FIBA

Nous voilà repartis pour la présentation de cinq nouveaux prospects, les derniers d’une série de 2 épisodes. Peut-on parler de série lorsqu’il n’y a que 2 épisodes ? Probablement pas, en attendant il n’y a que sur le format que l’on a joué les tire-au-flanc puisque c’est du boulot mâché qui vous est une fois encore proposé. On s’assoit, on se fait couler un truc et on discute de ces petits cracks.

Pour zieuter la première partie, c’est juste ICI !

Victor Wembanyama – ASVEL

17 ans, né le 4 janvier 2004, 2m19, intérieur. Le présenter revient à prendre son interlocuteur pour un inculte, ou alors simplement une personne enfermée dans une cave depuis 1 an. Nos yeux de scouts aguerris l’avaient d’ores et déjà repéré le 20 juin 2019, quand aucune télévision étrangère ne faisait encore le déplacement pour ce qui ne représentait qu’une grande tige sans certitudes. Aujourd’hui et après deux années de gros taf à Nanterre, Victor Wembanyama évolue sous les couleurs de l’ASVEL et s’apprête à débuter une saison partagée entre le championnat de France et l’EuroLeague. Ses aptitudes à démonter du père de famille sont uniques et ne rappellent aucun joueur ayant évolué sur le sol français, du moins pas si jeune. On parle d’un bonhomme qui aura 18 piges en janvier prochain mais qui cause déjà mieux que ton oncle, puisqu’il a régalé les journaleux présents lors du media day de la LNB ce lundi. Une question lui a d’ailleurs été posée, que pense-t-il du terme « licorne » qui lui a été attribué ?

“C’est flatteur mais je préférerais être différent, proposer quelque chose de différent. Si un jour je pouvais avoir un terme qui me serait propre (et pas celui de Kristaps Porzingis, ndlr), alors pourquoi pas ?”

Même si l’on attend de lui un superbe exercice, quelques nouveautés vont venir chambouler le quotidien d’un adolescent qui doit encore confirmer le statut qui lui est confié par les Amerloques, à savoir celui de futur first pick de la Draft 2023. Mais confirmer, c’est souvent le plus difficile et quand Vico va manger du gros moustachu cloué au sol au beau milieu d’une fournaise de l’Est, pas sûr que les cannes résistent à l’expérience des Balkans. Ce vendredi, il n’a joué que 3 minutes pour sa première rencontre dans la plus belle des compétitions européennes mais les Villeurbannais ont tranquillement défait le Zalgiris Kaunas. Son heure viendra, à lui de répondre présent quand elle arrivera.

Yoan Makoundou – Cholet Basket

21 ans, né le 9 août 2000, 2m07, intérieur. Il nous l’a confié au media day, son objectif est de tomar sur Victor Wembanyama cette saison. Bon, il a d’autres objectifs, mais celui-ci reste quand même sacrément marrant. Quand on parle de Yoan Makoundou, on parle de l’assassin du 28 mars dernier, le petit trublion qui a escaladé un Luke Fischer désormais joueur de cricket dans le Finistère. De nature relâché et bien marrant quand il est avec ses potes, le Yo a fait ses gammes à l’US Melun et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’inspi vient de Melun. Quelques années plus tard, l’intérieur au corps sec, tracé et peu large est élu meilleur joueur de la Basketball Champions League. Cocasse, pour un bonhomme qui n’a commencé le basket-ball qu’à 16 ans. On se souvient des stories Insta de Killian Hayes qui filmait une séance de 1v1 au poste entre Melvyn Govindy – véritable prospect NBA qui vient de signer en Nationale 1 dans les Vosges, cherchez l’erreur – et Yoan Makoundou. Les deux intérieurs s’échangeaient alors des friandises sur le crâne en compagnie de Florian Léopold, désormais joueur des Béliers de Quimper en seconde division. On peut donc l’affirmer, il est celui qui s’en est pour l’instant le mieux sorti, et c’est pas fini.

“Ah bah ça fait plaisir (la réaction de Myles Turner à son poster, ndlr), le dunk a tourné dans des vestiaires NBA. Non en vrai, ça m’a quand même fait un sacré coup de pub, mon téléphone n’arrêtait pas de vibrer après le match.”

D’un point de vue collectif, la saison 2021-22 pourrait bien laisser de mauvais souvenirs à Yoan Makoundou. Les Choletais ont remercié le légendaire Erman Kunter – qui avait du mal à s’adapter au jeu moderne – et sont désormais orphelins de Michael Stockton, fils de mais surtout incroyable meneur au professionnalisme exemplaire. Pas de Coupe d’Europe pour le Mak donc, et l’un des effectifs les plus incertains du championnat de France. Concernant son rapport à la NBA, il s’est présenté à la Draft l’été dernier mais s’est blessé lors de son voyage outre-Atlantique, ce pourquoi il garde toujours la Grande Ligue comme un objectif certain dans un coin de sa tête. S’il veut atteindre cet objectif et décrocher un jour rien qu’un petit two-way contract, cela passera par des séances de tir histoire de régulariser une arme tout juste correcte. Le handle est également perfectible, ainsi que la lucidité et les prises de décision lorsque le Yo se retrouve gonfle en main à deux, trois mètres du panier.

Hugo Benitez – JL Bourg-en-Bresse

20 ans, né le 20 janvier 2001, 1m87, meneur. Un blaze hispanique pour celui qui est né à Toulouges, une petite ville de 7000 habitants à proximité de la frontière pyrénéenne. On a d’ailleurs retrouvé une lettre ouverte de Nicolas Barthe, maire de Toulouges, qui propose quelques aménagements urbains pour ramener un peu de verdure dans ses rues : « À la place du parking ce sera un poumon vert en centre-ville ». Une chouette décision. Pour ce qui est de notre ami Hugo Benitez, meneur de métier qui nous a avoué lundi dernier en pincer pour le jeu de Ricky Rubio, une belle saison l’attend du côté de Bourg-en-Bresse. C’est rare que quelque chose attende quelqu’un à Bourg-en-Bresse, mais alors un truc positif, c’est carrément historique. Même s’il a probablement de la mif qui vient de l’autre côté des Pyrénées, Hugo s’est toujours senti Français et se verrait bien réaliser une longue carrière en Europe.

Lorsqu’un collègue du magazine France Basket lui a posé la question « Lakers ou Barça ? », on s’est d’abord dit que c’était comme choisir entre Line Renaud et Jacquelines Gourmet, la secrétaire du lycée Francis Dévot de Saint-Lambert-du-Lattay. Les deux sont vieilles mais l’une a au moins le mérite d’être connue des jeunes. Ceci étant, Hugo a hésité avant de sortir un tout petit « Leukeurz » du tréfond de sa fosse buccale. Eh oui, il rêve de l’institution blaugrana mais reconnaît que rien n’arrive à la cheville de la NBA, imageant un parfait décalage entre cette nouvelle génération et l’antécédente, qui est alors capable d’affirmer que Saša Obradović dans son prime aurait fumé LeBron en 1v1. M’enfin, Hugo va évoluer sous les ordres de Laurent Legname, excellent meneur d’hommes au passif bourguignon on ne peut plus glorieux. Le jeunot va découvrir la joie qu’EuroCup apporte, en attendant peut-être de s’éclater 40 minutes par soir sur les parquets céfran.

Robin Ducoté – JDA Dijon

20 ans, né le 20 janvier 2001, 1m93, arrière. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Robin n’est pas mis de côté. Ah bah non, la vanne ne fonctionne même pas. Mais qui est ce parfait inconnu dont le nom ne parle à absolument personne hormis les aficionados bourguignons et ses propres coéquipiers (peut-être même pas) ? Révélé en fin de saison dernière de par deux énormes performances sur les parquets du championnat de France – 19 points sur Le Portel et 15 patates contre Roanne – le jeune homme de 20 ans a commencé son exercice 2021-22 ce vendredi en envoyant 5 points, 2 rebonds et 1 assist à 50% au tir en 22 minutes de jeu. C’est le Paris Basketball qui a fait les tout petits frais de cette première en tant qu’élément affirmé de l’équipe professionnelle, puisque l’an dernier Robin évoluait encore chez les espoirs. Finito pipo, celui qui a passé toute sa jeune vie en Côté d’Or – motif de fugue ça – est l’une des petites paires de jambes à suivre cette saison.

Bien qu’il se soit essayé au poste 1, Robin Ducoté semble davantage parti pour réaliser une grande carrière sur le second spot du backcourt. Il slash rapidement vers le cercle et peut dégainer sans craindre qu’un spectateur ne lui demande « s’il est boulanger car il envoie beaucoup de tranches ». Parler d’un avenir outre-Atlantique serait faire preuve de chauvinisme exagéré tant le Rob ne s’est même pas encore affiché en élément sérieux du championnat de France, mais plutôt comme un titulaire en devenir. Son nom est d’ailleurs sorti de la bouche de Laurent Legname lors du media day de ce lundi, au moment d’énumérer les prospects qui rendent si attrayant les parties de panier-ballon sur le sol hexagonal. On espère le voir crever l’écran dans une quinzaine de matchs, avec pourquoi pas une régularisation de ses performances à 10 pions, et quelques scouts de grandes institutions européennes venus prendre l’info.

Gerald Ayayi – Pau-Lacq-Orthez

20 ans, né le 24 août 2001, 1m88, arrière. Le petit dernier de la fratrie Ayayi, avec Joel et Valériane comme modèles. Il s’est révélé aux JSA Bordeaux et évolue aujourd’hui sous les couleurs de Pau-Lacq Orthez. Oui, la ville qui a vu un repas d’affaire entre François Bayrou et Jamal Mashburn. Pour se lancer lors de cet exercice 2021-22, Gerald reçoit la JL Bourg-en-Bresse d’Hugo Benitez avec lequel il échangera sûrement quelques coups de pied sur les lignes arrières. S’il organise moins bien que son aîné sous two-way contract avec les Lakers, Gégé excelle dans la pénétration à l’épaule et spam un lay-up main droite difficilement arrêtable, et constamment amorti. Son tir mi-distance est très fiable et il peut également dégainer du parking les pieds dans le plat. Pour ce qui est d’envoyer sur la tête d’un défenseur, là n’est pas son fort.

Quelle carrière peut donc envisager Gerald Ayayi ? Son style offensif est assez répétitif et trouvera sûrement un défenseur assez aguerri pour le stopper, au plus haut niveau. Il va pouvoir se révéler dans un style longiligne à la Abdoulaye Ndoye et déposer ses cuirs contre la planche tout au long de cette nouvelle saison. Le point positif, c’est qu’il semble disposer d’une chouette marge de progression laquelle est absolument nécessaire pour passer à l’étape supérieure. On parle de développer un tir en mouvement, quelques moves pour éliminer son vis-à-vis comme un step-back, de réussir à lâcher son cuir au meilleur des moments ainsi qu’à la meilleure personne. Une évolution que nous suivrons de très près donc, en espérant zieuter un jour Gerald sur le même parquet que son frère, et si possible ailleurs que dans les Pyrénées-Atlantiques.

De bons gars aux carrières annoncées, il ne reste plus qu’à connaître leur contenu. Tous n’iront pas en NBA – la grande majorité même – mais ils sont les jeunes de notre championnat les plus à même de percer au très haut niveau. On se donne rendez-vous dans quelques années pour faire un point, par-delà les horizons européens, sous les arceaux ricains.