Jeux Olympiques – le bilan de l’Equipe de France masculine, tête par tête : échouer à 5 points de la médaille d’or ? C’est pas un sans-faute mais ça y ressemble

Le 09 août 2021 à 18:07 par Giovanni Marriette

Evan Fournier Cérémonie médaille 7 août 2021
Source image : France TV - TrashTalk

Comme pour les filles ce matin, il est temps de faire le point sur ces Jeux, quelques 48h après être enfin redescendu sur Terre. Comme pour les filles le bilan est globalement très positif parce que tu ne prends pas une médaille d’or en tapant des siestes, mais chaque joueur du roster de Coach Collet é vécu ses Jeux à sa façon, a apporté à sa manière. Allez zou et n’oubliez pas, on fait que not’ boulot hein.

Thomas Heurtel : peut-être la note la moins positive de ces Jeux, tant il a alterné l’utile (sa vision de jeu sur pick and roll et ses tirs de loin) et le désagréable, surtout lors d’une Finale où le pauvre Tom semblait avoir perdu son Tom-Tom, blague aussi drôle que le furent ses quatre balles perdues dans le match le plus important de sa carrière. Thomas Heurtel et son jeu à risque Episode 245, souvent ça prime mais cette fois-ci pas trop. Vincent Heurtel a désormais un an pour enjailler les Merengues avant de candidater à l’Euro 22, et heureusement pour lui il ne croisera pas tous les soirs la route de Jrue Holiday qui on le rappelle a été champion NBA avec les Milwaukee Bucks.

Thomas Heurtel 9 août 2021

Source : FIBA

Andrew Albicy : incroyable tournoi pour Andrew Albicy qui a réussi à ne rater aucun tir à 3-points à Tokyo, ni aucun lancer d’ailleurs. Plus sérieusement, l’une des révélations de la Coupe du Monde 2019 a commencé ses Jeux blessé puis, relancé par Collet face à l’Iran il a semblé en manque de repères en attaque en gaspillant beaucoup. Résultat des courses ? Retour sur le banc, parait que tu applaudis très bien les copains, mais Andrew s’en fout car non content d’avoir pu respirer les aisselles de Vincent Poirier et Rudy Gobert pendant les hymnes, il peut désormais se targuer d’avoir été médaillé avec les Bleus lors de jeux Olympiques, lors d’une Coupe du Monde et lors d’un Euro. Flemme de chercher, mais il ne doit pas y en avoir des masses comme lui.

Nando De Colo : quel tournoi pour Nando. QUEL tournoi. A Tokyo Nando n’a pas fait l’autruche (on espère que vous l’avez) et, sorti de deux premières mi-temps timides en demi et en Finale, on peut aisément arguer qu’il eut fait partie des meilleurs joueurs de ce tournoi. 16 points, 4 rebonds et 6 passes de moyenne, une justesse à faire pâlir Just Fontaine, une demi-finale homérique, et la légende Nando a été tellement bon tout le temps qu’on n’a même pas eu le temps de parler de ce petit carré de fromage coincé dansa sa moustache, imaginez la frustration à la rédaction. NDC est un tueur sur le terrain, un sage en dehors, et son émotion après la demi-finale nous a fait chialer ça c’est dit. Immense bravo Mr De Colo, immense merci, car vous êtes… immense.

Nando De Colo 9 août 2021

Source : FIBA

Frank Ntilikina : blessé en début de tournoi et relancé face à l’Iran, Franky n’a pas eu l’impact escompté sur ces Jeux et tout le monde a pas mal halluciné quand Vincent Collet l’a sorti du banc… au plus fort de la Finale. Demi-bonne idée, puisque si le parpaing envoyé dans le money time reste aujourd’hui dans toutes les têtes, son impact s’est clairement fait ressentir des deux cotés du terrain face à Team USA. Une preuve de plus que le gamin se sent pousser des ailes lorsqu’il est responsabilisé, et une immense joie aussi de voir que Richard Dacoury a fini par prononcer son nom correctement au bout d’une semaine. Le French Prince montait en régime, bien dommage que les Jeux n’aient pas duré une semaine de plus, car plus personne n’aurait parlé de ce fameux Kevin Durant.

Evan Fournier : le patron. Le boss. Transféré du côté des Knicks en plein tournoi, Evan a déjà rendu heureux sa future fanbase avant même ses premiers pas sous ses nouvelles couleurs. Avec 18 points de moyenne, 23 s’il n’avait pas volontairement fait une pause face à l’Iran, un carnage en poule face à Team USA, un match énorme contre les Tchèques puis un leadership toujours plus assumé lors de la course à la médaille, Evan a prouvé qu’il était le vrai leader offensif de cette équipe et à l’exception de cette faute offensive qui aurait pu coûter cher en fin de match face à la Slovénie… le parcours est tout simplement parfait. L’ancien prospect de l’EDF d’équitation a bien mérité sa médaille, et celle-ci il ne la mettra jamais dans sa chaussette.

Evan Fournier 9 août 2021

Source : FIBA

Timothe Luwawu-Cabarrot : l’une des très belles surprises de ces Jeux, si ce n’est la plus belle. En difficulté lors du premier match, TLC a ensuite lu quelque part qu’il y avait une bulle au dessus de Tokyo alors il s’est transformé en super-héros. En défense tout d’abord, alliant avec énergie une grosse pression et le soupçon de trashtalking dont une équipe a besoin, puis en attaque évidemment, puisque Tim s’est ni plus ni moins imposé comme LE facteur X des Bleus sur la fin de compétition. Un match énorme contre la Slovénie, une Finale également réussie, et un constat très simple : ne vous emmerdez plus à chercher un poste 3 titulaire à l’avenir. Enorme big-up TLC, Tokyo restera à n’en pas douter dans toutes les mémoires.

Guerschon Yabusele : on parlait de bonnes surprises, et Guerschon en fut également une. Two-way player par définition, vrai catalyseur d’énergie, le futur joueur de Madrid a validé un sans-faute sur la compétition. De ses shoots dans le corner tellement essentiels à sa défense oppressante, de ses coups de seufs dans la raquette à son signe de Jul sur le podium, Yabu a enflammé Tokyo de son flow, de son sourire, de son intensité et de son talent. Incroyable renaissance pour un mec connu il y a deux ans pour être un joueur du championnat avec les cheveux rouges, désormais reconnu et adoubé comme l’une des grosses satisfactions de l’Equipe de France aux Jeux.

Guerschon Yabusele 9 août 2021

Source : FIBA

Nicolas Batum : ohé ohé, capitaine ressuscité. Au sortir d’une saison incroyable de maturité et de talent avec les Clippers, qui lui a d’ailleurs valu un contrat de deux années supplémentaires, Nico a porté la France de sa grandeur cet été. Vétéran parfait en dehors du terrain, et tellement, TELLEMENT utile sur le parquet. Son quart de finale est un modèle du genre, sa demi-finale et la manière avec laquelle elle s’est terminée est d’ores et déjà rentrée dans la légende, et on peut même avancer sans trop douter que le combo talent / expérience / clutchitude fait de Tokyo 2021 le firmament international de Nico. Prochain objectif ? Dire la même chose dans trois ans à Paris, et on pourra alors hisser très, très, très haut le nom de Nico dans l’histoire du basket français.

Vincent Poirier : lui aussi fera partie la saison prochaine du fameux contingent français du Real Madrid, on a fini par être au courant hein, et lui aussi peut cocher la case Jeux Olympiques réussis. Utilisation un peu chelou puisqu’il a tout d’abord été étincelant sur les premiers matchs, pas loin d’être le meilleur français face à l’Iran et/ou les Tchèques, formant avec Moustapha Fall une incroyable paire de barlous. Les mains de Vinze La Poire sont faites pour caresser la balle mais également pour distribuer des mornifles, son apport fut inestimable en début de tournoi et malgré une disparition de la rotation au fur et à mesure du parcours des Bleus Vincent peut crier sans mal qu’il a assuré comme une bête au Japon.

Vincent Poirier 9 août 2021

Source : FIBA

Petr Cornelie : il était là pour faire le douzième, il connaissait son rôle. Entré en jeu face à la République Tchèque et l’Iran, Petr a pris ce qu’il y avait à prendre et nous a appris samedi qu’on pouvait être médaillé d’argent olympique et porter les lunettes de Derrick. Rien à dire sur le tournoi de Petr, faudrait être sacrément con pour critiquer ses entrées en jeu, et pour la vie le géant pourra hurler qu’il y était, photos à l’appui. On ne sait par contre toujours pas comment prononcer son nom, franchement un petit E en plus n’aurait pas été de trop.

Moustapha Fall : on aurait pu retenir de son tournoi les montages légendaires lors du match face à l’Italie, donnant lieu au surnom le plus swag de tout ce tournoi : Mousta Farfalle. Mais ce qu’on retient c’est aussi et surtout un impact assez énorme à chacune de ses rentrées, le kif de voir un géant de 2m18 mobile et avec de bonnes mains. Moustapha a fait le job et il l’a bien fait, tout simplement.

Moustapha Fall 9 août 2021

Source : FIBA

Rudy Gobert : il était attendu et il a répondu présent. Elu dans le cinq majeur de la compétition, le maire de St-Quentin est désormais l’un des darons de groupe France et il a clairement assumé son statut. Un énorme premier match face à Team USA, une domination sans faille en défense ET en attaque durant tout le tournoi, l’un des matchs les plus aboutis de sa carrière internationale en demi avec 9 points, 16 rebonds et 4 crêpes monumentales, et donc cette finale et ces regrets eternels, ces lancers loupés mais qui ne doivent en rien occulter son magnifique tournoi, son importance capitale pour les Bleus. Logique quand on est surnommé la Tour Eiffel. Capitale, Tour Eiffel, et il est l’heure de terminer cet article.

Rudy Gobert 9 août 2021

Source : FIBA

Vincent Collet : il a battu son propre record du monde des plus grosses cernes, il a encore eu son lot de critiques, mais rendez-vous compte du palmarès de cet homme à la tête des Bleus. Haters gonna hate, Vince a été parfait sur ces Jeux, usant de ses rotations avec malice en responsabilisant tout le monde et en laissant parfois les mâles alphas du groupe prendre la parole. On ne sait pas encore si Collet usera à nouveau de sa double-casquette jusqu’à l’Euro 22, jusqu’à la Coupe du Monde 23 et jusqu’aux Jeux de 2024, mais quoiqu’il arrive il sera bientôt l’heure de se retourner sur les accomplissements du bonhomme sur le banc français, comme ses camarades du volley ou du hand d’ailleurs. Et sinon, il va bien Sylvain Ripoll ?

Douze mousquetaires et un vieux druide qui commence à connaitre la musique. La France était championne d’Europe et double médaillé de bronze aux Mondiaux, elle est désormais double médaillée d’argent olympique. Tout le monde a mangé un bout de gâteau à Tokyo, tout le monde a mérité sa médaille, oui, même Thomas Heurtel.