Nouvelle défaite de Team USA sous Gregg Popovich : trois revers en neuf matchs, ça commence à faire beaucoup

Le 26 juil. 2021 à 12:08 par Nicolas Meichel

Gregg Popovich 26 juillet 2021
Source image : FIBA

En s’inclinant une nouvelle fois face à l’Équipe de France hier, Team USA a vu sa série de 25 succès consécutifs aux Jeux Olympiques s’arrêter brutalement. Il y a deux ans, les Américains avaient déjà perdu leur statut de champion du monde face aux Bleus. À chaque fois, Gregg Popovich était à la tête du groupe états-unien. Est-ce qu’on fait un gros raccourci si on a des doutes sur la capacité de Pop à tirer le meilleur de son équipe ?

Gregg Popovich sait ce que ça fait de voir une équipe américaine se planter en beauté lors des grandes compétitions internationales. Il y a 17 ans, à Athènes, il faisait partie du staff de Larry Brown lors du fiasco des JO, où les Américains avaient terminé avec une pauvre médaille de bronze et trois défaites au compteur, dont une de 19 points en ouverture de la compétition face à Porto Rico. Sans aucun doute, la défaite face aux Bleus dimanche a fait ressurgir de mauvais souvenirs dans la tête de Pop. Un peu comme en 2019, avec ce revers en quarts de finale du Mondial, déjà contre la France. Car 17 années auparavant (décidément), Popovich avait vécu un scénario similaire lors des championnats du monde 2002 à Indianapolis, toujours en tant qu’assistant. Tout ça pour dire que Gregg n’est pas choqué par la tournure actuelle des événements, les Américains possédant désormais trois défaites au compteur sur leurs cinq derniers matchs si on prend en compte la préparation. Le mythique coach des Spurs le rabâche souvent en conférence de presse, parfois avec une pointe d’agacement : la concurrence est de plus en plus forte, il faut la respecter, et on ne peut plus parler de surprise quand les States perdent un match de basket. Certes, mais difficile quand même de ne pas se poser des questions sur les raisons de ces échecs répétés, surtout quand on sait que les États-Unis version Mike Krzyzewski – le prédécesseur de Popovich – restaient sur 58 victoires consécutives en compétition internationale avec des joueurs NBA, pour un bilan global de… 75-1 avec trois titres olympiques au compteur et deux titres de champion du monde. Le bilan de Pop depuis qu’il a pris les commandes de Team USA ? Six victoires pour trois défaites. Ça pique un peu non ?

Popovich has an exchange with a reporter postgame Team USA loss to Australia #nba #gospursgo #teamusa pic.twitter.com/sedy3N45ra

— JeffGSpursZone (@JeffGSpursZone) July 13, 2021

Des questions qui concernent donc forcément Gregg Popovich à un moment donné. On n’est évidemment pas là pour remettre en question la grandeur de Pop en tant qu’entraîneur, lui qui est l’un des meilleurs coachs de l’histoire du basket, point barre. On n’est pas là pour dire que Tim Duncan (avec Tony Parker et Manu Ginobili) est LA raison qui explique les cinq titres des Spurs sous Pop, et que ce dernier n’est finalement qu’une arnaque qui a profité de l’un des dix meilleurs joueurs all-time pour enchaîner les succès. Non. Et puis il a quelques circonstances atténuantes quand même, autant en 2019 avec un roster beaucoup plus faible que les éditions précédentes de Team USA, qu’en 2021 avec un contexte pas évident du tout. Si on a souligné tous les éléments pouvant potentiellement expliquer un échec futur des Ricains, ce n’est pas pour rien. Ceci étant dit, on parle de Team USA là, et tout autre résultat qu’une médaille d’or olympique cette année serait perçu comme un échec avec un grand E. Les États-Unis n’ont pas envoyé l’équipe Z cette année. On n’est pas à la Coupe du Monde. On est aux Jeux Olympiques, avec des mecs comme Kevin Durant et Damian Lillard sur le parquet. Alors si ça foire, oui, Pop aura droit à son lot de critiques et ça pourrait même représenter sa dernière compétition avec Team USA, lui qui a 72 ans on le rappelle. Si l’on en croit Joe Vardon de The Athletic, qui suit l’équipe américaine chaque jour en direct du Japon, plusieurs joueurs seraient frustrés par le “système offensif version Spurs” mis en place par Pop, connu traditionnellement pour son mouvement du ballon avec bonne répartition des munitions. Avec une préparation un peu chaotique et plusieurs joueurs qui découvrent le basket FIBA et l’équipe nationale, ce n’est pas très surprenant de voir des dysfonctionnements offensifs, mais aussi défensifs (même si Team USA a été sérieuse en défense contre la France). Par contre, si les mecs sur le terrain commencent à ne plus croire dans le projet Popovich, là c’est une autre histoire.

“Ils ont mis quelques 3-points en fin de match et on a fait quelques erreurs. Comme Draymond (Green) l’a dit, on avait sept points d’avance en fin de match et on a laissé l’équipe adverse mettre des 3-points, ça ce sont des erreurs commises par les joueurs. Ce sont des choses qui arrivent. Mais si on était plus réguliers durant le match, on ne se retrouverait pas dans une telle position.”

– Gregg Popovich, via The Athletic, après la défaite contre la France

Gregg Popovich et ses joueurs vont devoir trouver la bonne formule. Logiquement, ils devraient monter en puissance au fur et à mesure de la compétition, ils devraient pouvoir construire de meilleurs automatismes pour éviter les mauvaises surprises contre des nations parfois mieux organisées. Pop va peut-être devoir réaliser quelques ajustements et il faudra un peu de patience pour voir Team USA tourner à plein régime. Sauf que le temps est limité. Ça y est, les JO ont commencé, il ne reste plus que deux matchs de poule (contre l’Iran et la République Tchèque) avant d’arriver aux matchs à élimination directe. La marge de manœuvre est faible, tout comme la marge d’erreur face à ces équipes solides que sont la France, l’Australie, l’Espagne et d’autres. Sous pression, Pop ne veut pas revivre les scénarios de 2002 et 2004. Il préfèrerait vivre à son tour les expériences de 2008, 2012 et 2016, qu’il a vécues depuis son canapé avec un verre de vin à la main, puisqu’il ne se trouvait pas dans le staff de Coach K. Popovich a longtemps attendu avant de pouvoir prendre les rênes de Team USA, parfois même avec une bonne dose de frustration si l’on en croit Ian O’Connor du New York Post, ce n’est pas pour se planter sur la plus grande des scènes. Car en cas de nouvelle désillusion, il deviendrait en quelque sorte un symbole de l’échec de Team USA en compétitions internationales, ce qui serait assez dingue pour l’un des plus grands coachs all-time.

Bien entendu, on ne va pas enterrer Gregg Popovich et sa bande tout de suite. Team USA a encore son destin entre les mains et peut-être que dans deux semaines, cette défaite face à la France ne sera qu’un mauvais souvenir. Ou alors…

Source texte : New York Post, The Athletic