Star de demain made in France – Victor Wembanyama : focus sur la seule vraie bonne nouvelle de 2020

Le 31 déc. 2020 à 10:04 par Arthur Baudin

Victor Wembanyama 21 octobre 2020
source : YouTube

L’avenir n’est pas une science exacte. Il eut été plus logique qu’on le définisse comme le schéma orchestré par nos convictions les plus profondes. Que croyons-nous, que croyez-vous ? L’avenir est fait de ci, de ça, mais comment définir l’avenir quand bien même nous vivons au présent ? Et bien, il suffit de le personnifier. “L’avenir n’est à personne. L’avenir est à Dieu.” À moins que Dieu ne mesure 2m19 et gifle des pères de famille tous les week-ends, cette phrase prouve qu’à défaut de mieux gratter le papier que nous, Victor Hugo était en plus un sacré basketix. Est-ce que Dieu a déjà tourné à quatre contres de moyenne en Championnat Espoirs ? Non, donc la prochaine fois que vous croisez un grand Homme de lettres qui veut faire le malin à philosopher de l’avenir, montrez-lui quelques highlights de Victor Wembanyama, ou, l’avenir en personne. 

Victor Wembanyama (JSF Nanterre)

Victor ouvre les yeux pour la première fois le 4 janvier 2004 au Chesnay, dans les Yvelines. Le nouveau-né est alors le fruit de l’union entre Élodie de Fautereau, entraîneur de basket, et Félix Wembanyama, ex-athlète qui se décrit comme “le plus grand de son lycée à l’époque”. Eve, l’ainée de la fratrie, est formée à l’ASVEL et joue pour le COB Calais en deuxième division. La hype autour de son petit frère risque de lui faire de l’ombre dans les prochaines années, mais elle aussi est promise à une belle carrière. Oscar, le benjamin, est quant à lui plongé dans le handball : 1m80 à 12 ans, y’a fortement moyen que ça fonctionne. À la maison, c’est funky ! Musique, peinture et sport font de la famille Wembanyama un vrai petit crew d’artistes. Victor se passionne pour le dessin et encore aujourd’hui, sort régulièrement le fusain pour s’évader loin des parquets. Des esquisses pointilleuses et perfectionnistes, à l’image d’un garçon rigoureux et désireux de bien faire les choses. Mais comme tout artiste, Victor doit se trouver et le jeune francilien s’essaie d’abord au football où il évolue dans les cages. Cette première expérience ne dure que deux ans mais on ne peut s’empêcher d’imaginer la dinguerie. Un gardien de 2m19 : sympa pour les corners, moins pour les tirs à ras-terre. À l’issue de ces deux années, Victor se suffit d’un seul sport et décide de se consacrer à la balle orange. Tiens, en voilà une bonne idée.

Dessin Wembanyama

Wow, s’est tro bo

Le basket devient alors une évidence pour Victor qui – comme il le confiait en février dernier – n’a jamais eu besoin d’en tomber amoureux. Quasiment né avec le cuir en mains, il début les joutes de club à l’âge de sept ans à l’Entente Le Chesnay Versailles. C’est seulement trois ans plus tard que Michael Alard, coordinateur sportif de la JSF Nanterre, repère les longs segments de Vico et engage les procédures pour le signer. Ainsi, le cadet des Wembanyama rejoint Nanterre à l’âge de dix ans et débute son épopée francilienne. Les premières années sont difficiles et celui qui surclasse tous ses coéquipiers par la taille – paradoxalement – met du temps à performer. On les connait ces freaks, au début ça envoie des tranches à deux mètres du panier, et un an plus tard ça veut taper le record de Wilt sur les poussins de Chambretaud-les-Mouflons. M’enfin, Victor Wembanyama et surclassement ne font qu’un jusqu’à son intégration au sein du centre de formation nanterrien. C’est à ce moment que la médiatisation du prospect débute : Overtime relaie ses highlights sur Instagram et le fait connaître de la nouvelle génération. Pour sa première année en minimes, Victor évolue avec les U15 nationaux et découvre les maux qu’équipe inflige. La cohésion du groupe est faible, les embrouilles fréquentes et une défaite en demi-finale d’un tournoi quelconque fait planer le doute sur les capacités de l’équipe. Dès lors, Victor et ses coéquipiers discutent et cherchent pourquoi l’alchimie ne prend pas. S’ensuivent 22 victoires consécutives et un titre de champion de France 2018 à l’issue d’un Final Four dans lequel Wembanyama fait très forte impression. Le gain en expérience est considérable, notamment d’un point de vue humain où l’intérieur découvre les rouages et l’importance du collectif. Rebelote lors de l’exercice 2018-19, Victor prend une toute autre dimension et termine vice-champion de France avec les U18. Spread the word, l’enfant est prêt.

Les nuages se dissipent et l’horizon prend forme : à seulement 15 ans, Victor intègre le roster de l’équipe espoir. Le prospect en profite pour uriner ouvertement sur le principe de “temps d’adaptation” et pour sa première saison, il envoie 10,2 points, 4,9 rebonds et 2,8 contres de moyenne à 52% au tir dont 28% des sept mètres. Wembanyama se fait même un nom à l’international en roulant sur les raquettes adverses lors du tournoi de Kaunas : 4 rencontres à 15,8 points, 12 rebonds, 6 contres et 3 interceptions de moyenne. Probablement le tournoi jeune le plus prestigieux en Europe et, pourtant, ses vis-à-vis peinent à rivaliser, peinent à exister. Cette saison, Victor alterne entre les U21, l’équipe fanion nanterrienne et le Centre Fédéral, lui qui bénéficie d’une double licence. Premier fait d’armes, une performance stratosphérique en Nationale 1 sous les couleurs du CFBB. Vous êtes prêts ? 22 pions, 10 rebonds, 7 contres et… la victoire ! Chose rarissime puisque chaque saison, le Centre Fédéral a pour habitude de terminer en 0-26. Cependant, sa feuille de match est à relativiser quand on identifie son match-up sur la rencontre. Il n’est autre que Romain Duport, un ancien joueur choletais complètement déphasé : dunker est compliqué, poser un dribble encore plus. Bref, la vraie confirmation vient un soir de novembre quand Wembanyama inscrit ses premiers points en Jeep Élite : 6 pions, 6 rebonds, un contre, 12 d’éval et une belle dose d’audace contre le leader parisien. Il n’a que 16 ans, mesure 2m19, tire à l’extérieur, protège bien son arceau et performe chez les pros… what else ? Et bien si, il y a un couac : victime d’une fracture de fatigue à mi-décembre, le corps du jeune prospect a décidé qu’il bouclerait 2020 avant tout le monde. Sa durée d’indisponibilité est pour le moment évaluée à deux mois. À suivre.

La performance amène le succès et s’il est encore un peu frêle pour qu’une Jenner morde à l’hameçon, Victor fait beaucoup parler de lui. En octobre dernier, une vidéo fait le tour des réseaux : Rudy Gobert et Vincent Poirier – en visite à Nanterre – organisent un petit deux contre deux face à Wembanyama et Maxime Reynaud, un autre espoir de la JSF. Résultat ? Du temps de jeu pour Poirier et quelques jolis moves de Vic. Ce genre de rencontre fait plaisir à voir, notamment la proximité qu’entretient Gobert avec le futur du basket tricolore. Quelques semaines plus tard, l’intérieur du Jazz confie sa stupeur aux micros de RMC.

“Clairement, pour moi c’est le plus grand talent, loin devant moi, que j’ai vu. À 16 ans, je jouais en cadets région. Lui il joue en Nationale 1, il a même joué en Jeep Elite et en EuroCup. Je pense qu’on n’a jamais vu ça en France. Et franchement, j’ai rarement vu ça dans le monde. Et surtout, pour moi il est intelligent. Pour moi, il a toutes les armes pour faire une superbe carrière.” – Rudy Gobert

Les louanges ne s’arrêtent pas aux frontières de l’Hexagone et Victor voit sa cote outre-Atlantique grimper en flèche. L’homme à tout faire de chez ESPN, Mike Schmitz, interview Wembanyama à Kaunas et le qualifie de “meilleur prospect NBA européen”, c’est beau. Bryan, un podcaster réputé et spécialisé dans le scouting, demande à ses abonnés d’arrêter de l’identifier dans les vidéos de highlights de Victor Wembanyama car il a – on cite – “déjà vu ce mix de 16 ans entre Kevin Durant et Giannis”. Certains profitent même de la hype mondiale que suscite le francilien pour lui donner rendez-vous. Abdou-Halil Barre, annoncé comme le futur premier joueur NBA béninois, proclame ouvertement qu’il peut dunker sur notre frenchie et lui conseille même de passer à la salle. C’est quel genre de culot ça ? Pour faire taire ce petit arrogant dans quelques années, Victor Wembanyama doit encore travailler sur certains aspects de son jeu. D’abord, cette silhouette trop frêle. Même s’il a pris 23 kilos sur les deux dernières années (actuellement 95), l’intérieur doit à minima taper dans les 105 pour minimiser les risques de blessure. Ce ne sera pas facile car selon les dires de ses coéquipiers, Victor peine à effectuer la sanction de cinq pompes lorsqu’il perd à l’entraînement. Ensuite, sa mécanique de tir est propre mais il faut qu’elle se traduise dans le pourcentage, lui qui n’a pas encore réalisé une seule saison à 30% du parking. Il est également attendu plus de constance lors de ses sorties sous le maillot tricolore. Si sa défense est quasi-irréprochable, on ne dit pas non à un peu plus de rapidité latérale pour être à l’aise dans tout le périmètre. On pinaille mais il est nécessaire de juger le joueur en fonction de ses ambitions, et ici, ça parle carrément de titre NBA.

“Jouer en NBA n’est pas une fin en soi. Je veux y jouer, oui, mais surtout dominer. Je veux être un joueur dominant et remporter un titre.” – Victor Wembanyama

Fougueux et audacieux mais aussi posé et sérieux, la personnalité de Victor Wembanyama n’en finit pas de surprendre. Tous les regards sont désormais rivés sur le protégé de Pascal Donnadieu qui sans se fixer de limites, garde ses objectifs de Grande Ligue en ligne de mire. Rendez-vous courant février pour revoir le prospect fouler les parquets et scotcher ton daron.

Sources texte : Real GM / ESPN / Ouest France / JSF Nanterre / MVASports / The Athletic / Basketballreference / YouTube.