Les Pelicans arrivent à un tournant : après la love story, voici venir l’heure des attentes

Le 29 mars 2020 à 13:06 par Alexandre Taupin

New Orleans Pelicans 28 mars 2020
Source image : Youtube

Ça y est, il est (déjà) l’heure de tirer un premier bilan de l’ère Zion Williamson chez les Pelicans. Après le strass et les paillettes de la première année, il est temps de passer aux choses sérieuses. Avec quels leaders, quel effectif ? On fait le point. 

Ascenseur émotionnel : État émotionnel consistant pour une personne à passer d’une tristesse incommensurable à une joie immense, et inversement. 

Pour ceux qui se demandent pourquoi nous nous sommes reconvertis dans le déchiffrage du Larousse, cette définition permet de décrire l’état d’esprit d’un fan des Pelicans cette saison. Il y eut d’abord les cris de groupie au moment de la Lottery, ce magnifique doigt d’honneur au destin qui voyait New Orleans remplacer son idole déchue (Hello AD) par celui que l’on annonce comme le Chosen One 3.0, excusez du peu. A cette belle surprise s’ajoutaient ensuite les belles promesses des matchs de présaison, n’en rajoutez plus, les Pelicans vont aller se battre pour les Playoffs. Et puis, et puis… il y eut la tuile. Opération du genou pour le Zion et huit semaines d’absence minimum. Douche froide pour les fans et les ambitions de la franchise. En son absence, les Pelicans jouent toujours aussi vite et défendent toujours aussi mal. C’est bien beau de planter 120 points mais quand t’en prends 130 ça laisse la même impression, un bon gros L au lieu d’un W sur la feuille. Sept défaites en huit matchs pour débuter la saison, et même un bilan de 6-22 à l’approche de Noël, et c’en était déjà fini des rêves de printemps pour les Pels. Heureusement dans ce marasme ambiant, de belles surprises sortent du lot, à commencer par Brandon Ingram. Celui que l’on présentait comme un Kevin Durant bis à son arrivée dans la ligue a (enfin) pris son envol et ça pique fortement : 24 points, 6 rebonds et 4 passes pour l’ancien Laker et une invitation officielle pour le podium du MIP et pour le All-Star Game, en attendant mieux. A ses côtés, un autre ancien d’Hollywood, Monsieur Lonzo Ball. Le meneur au shoot si peu académique a eu une grosse panne d’adresse et de confiance en début de saison mais il a su prendre son mal en patience et au moment du break, Bally était dans la forme de sa vie (avec un très propre 38% derrière l’arc notamment). On n’oubliera pas non plus le vrai capitaine de cette équipe même s’il semble allergique à la hype, j’ai nommé Jrue les vacances. Jrue le grand frère a du cette saison gérer une équipe avec plein de nouveaux visages, entre les jeunes aux dents longues (Ball, Ingram, Hayes, Zion) et les vétérans en recherche de sensations fortes (Redick, Favors), mais comme d’hab il a géré comme un pro. Tantôt au scoring, tantôt à la création pour laisser briller ses jeunes coéquipiers et toujours intraitable défensivement, Holiday est un modèle à suivre pour ce groupe. Portés par ce trio, les hommes d’Alvin Gentry ont logiquement commencé une remontada. 11 victoires en 16 matchs et là qui débarque ? Zorro Zion ! Une des équipes en forme du moment avec le first pick en renfort ? C’est tout le bayou qui se paluche, fichu ascenseur émotionnel.

On les croyait déjà morts et les voilà plus engagés que jamais dans la course aux Playoffs. La greffe Zion prend bien, l’équipe parvient à se maintenir dans le sillage des jeunes Grizzlies notamment, et on se dit qu’on va avoir droit à un mano a mano entre les deux squads avec en prime la lutte pour le trophée de Rookie of the Year. Caviar nous voilà. Sauf que… pas de bol, ce virus nous gâche cette belle fin de saison qui s’annonçait. Et à l’heure où nous n’avons aucune certitude sur la fin de saison, il nous appartient désormais de nous projeter sur la suite. Et si cette saison était celle de la découverte, du premier jet et de l’insouciance, la prochaine devra être celle de la confirmation et des certitudes. Mais quelles certitudes en fait ? Déjà que le trio Williamson – Ingram – Ball doit porter la Louisiane sur ses épaules pour les dix prochaines années. C’est jeune (19, 22 et 22), chacun a une marge de progression encore importante et ça peut surtout être sacrément complémentaire. Les belles promesses à longue distance des deux derniers devraient offrir plus d’espace dans la raquette pour un Zion juste inarrêtable dès lors qu’il est lancé, la hiérarchie semble également facile à trouver avec un Zion qui va devenir de plus en plus leader, Ingram en 1 bis et Ball pour alimenter à foison façon Steve Nash. Quel bémol dans tout ça ? Les blessures d’abord avec une belle régularité récente dans les voyages à l’infirmerie. La défense ensuite, impossible de gagner un match si on prend 120 points en moyenne (117 très exactement). Et quid de Jrue Holiday dans tout ça ? Point de blasphème dans notre propos, il est vraiment dur de ne pas aimer le papa de Damian Lillard mais, car il y a un mais, il est peut-être temps de changer d’ère à NOLA. Jrue est loin d’être un vieillard (29 ans) mais il ne sera jamais la star d’une franchise au sommet non plus. Et son départ pourrait être doublement bénéfique aux Pelicans. En 1, cela va responsabiliser les trois jeunots qui vont devoir ASSURER et ASSUMER leur statut sans se cacher sous l’aile protectrice de Jrue les vacances. En 2, le combo guard présente une belle carte de visite en NBA, c’est un two way player, qui peut tirer n’importe quel collectif vers le haut, sans chercher la lumière. L’échanger c’est s’assurer du pick de draft ou mieux des joueurs de compléments qui pourront combler les manques de l’effectif de New Orleans. Lui, de son côté, pourrait tenter d’aller gratter une bague et un dernier contrat en prime (contrat finissant en 2021 avec une player option pour 2022). Il restera quoiqu’il arrive adoré des fans, lui qui ne demandait qu’à rester même lorsqu’il savait que la franchise fonçait sur une reconstruction. Mais après la love story, il y a des attentes et donc des choix à faire. Et le futur des Pelicans ? C’est maintenant qu’il s’écrit.

La première saison de Zion Williamson avec les Pelicans ne fut pas un long fleuve tranquille, loin de là. On a eu le droit aux projecteurs et aux étoiles dans les yeux mais désormais il va être temps de regarder plus haut, avec un effectif sur mesure qui ne demande qu’à confirmer tout le bien qu’on pense d’eux.