Tony Parker est désormais parmi les immortels à San Antonio : oh Tony si tu savais, tout le bien que tu nous fais
Le 12 nov. 2019 à 06:26 par Giovanni Marriette
La France du basket attendait ce moment comme un seul homme, et les fans de Tony et/ou des Spurs ne savaient finalement pas vraiment à quelle sauce ils allaient être mangés. On parle quand même d’une histoire d’amour longue de 17 ans, matérialisée par une cérémonie de trois quarts d’heure, avec au centre d’un terrain de basket tout ou presque de ce qui a pu nous faire vibrer depuis notre naissance en tant que fan. Des fleuves de larmes étaient pressenties et des fleuves de larmes ont coulé, on s’est même coupé la lèvre avec nos propres frissons.
Comment pouvait-il en être autrement. Comment cette soirée pouvait-elle se terminer autrement que dans un tourbillon d’émotion, sublimé par ces visages, ces sourires, ces bons mots de la part d’un crew qui a grandi ensemble comme une vraie famille, avec un respect plus notable que dans la majorité des… “vraies” familles justement. Tout était là pour que ce 11 novembre nous fasse oublier l’invasion des Allemands au début de siècle, car cette nuit c’était en fait d’autres invasions dont nous étions témoins. Un Argentin, un Australien, un grand échalas venu des Iles Vierges, quelques Américains quand même dont l’un d’origine serbo-croate, et surtout… beaucoup de Français. Une congrégation d’envahisseurs venus de tous horizons pour prendre à parti le Texas et plus particulièrement San Antonio, première invasion. La deuxième ? Une invasion de… sentiments, et à vrai dire ce fut un peu n’importe quoi. L’attente tout d’abord, l’attente accompagnée d’excitation, de stress et d’impatience. Car clairement le Spurs – Grizzlies en préambule n’était qu’une illusion pour nous faire monter en température, 39,5 à 4h du matin selon mon chat. L’attente donc, puis le palpitant qui s’excite lorsque les tee-shirts Merci Tony se font de plus en plus nombreux, lorsque les légendes ayant côtoyé TP font leur entrée sur le parquet. Il faut dire que quand lors de la mi-temps Boris Diaw, Nico Batum, Ian Mahinmi et Ronny Turiaf avaient pris place dans le rond central, l’émotion et la fierté de partager la même nationalité que ces gars-là étaient déjà bien présentes mais, sans manquer de respect à nos quatre mousquetaires vêtus comme une pizza quatre saisons, l’effet fut encore autre deux heures plus tard. Pourquoi ça ? Hum, sautez voir une ligne.
Tim Duncan, Bruce Bowen, David Robinson, Chip Engelland, Gregg Popovich, Boris Diaw, R.C. Buford, Axelle, Liam, Josh et Sean Elliott au micro, aurait-on seulement pu… rêver mieux ? Car le parterre de proches de Tony est non seulement celui qu’il a choisi car représentant son cercle privilégié, celui qui l’a découvert, construit en tant que joueur et en tant qu’homme, il était donc également pour nous ce qui peut se faire de mieux quand on aime Tony, quand on aime les Spurs, quand on aime le basket, quand on aime les belles choses, la vie quoi. Les discours qui s’enchaînent, les vidéos qui nous filent des sourires à s’en chatouiller l’oreille et… ces discours revenons-y. Des bons mots, rien que des bons mots. C’est pas Gregg Popovich c’est Coluche, un mix entre le Coluche en salopette et le Coluche de Tchao Pantin, et d’un coup tu voudrais que Gregg soit ton papy. C’est pas Boris Diaw c’est George Clooney aux Oscars, tellement à l’aise dans son tee-shirt 9XL qu’on dirait bien que Babac a fait ça toute sa vie. C’est une salle qui hurle des Bruuuuuce à tout va, c’est une chauve-souris qui fait son apparition comme dans un rêve, sous le regard hilare de la foule et de… toi dans ton canapé, parce que cette soirée est un putain de festival. C’est pas David Robinson, c’est un mélange entre Gandhi et le Dalaï-Lama. C’est pas R.C. Buford c’est un petit garçon qui laisse sortir toute sa nostalgie et dont les yeux sont rougis par l’émotion. Ah tiens, toi aussi d’ailleurs, les yeux grattent, les yeux collent et ce n’est clairement pas la fatigue. C’est pas Tim Duncan, c’est le champion du monde de vannes à la seconde. Parce qu’on peut les cataloguer chiants ces Spurs, la vérité c’est surtout qu’on a affaire à une sacrée bande de guignols possédant un humour aussi raffiné que le jeu déployé depuis vingt ans.
Et ce soir ? Ce soir c’était le soir parfait pour se dire les choses. D’un merci à l’Amiral pour avoir officié à son mariage à un aveu de quasi-filiation quant à ses rapports avec son ancien coach, d’un ping-pong de souvenirs marquants à un regard profond comme le Pacifique avec Axelle à des étreintes rapides mais tellement pleines de sens, rarement une cérémonie aura suscité chez nous et dans une salle autant d’émotion, rarement une cérémonie nous aura paru si… parfaite. C’est peut-être, sûrement, parce que l’on vit ça depuis notre prisme franco-français, mais c’est peut-être, aussi, parce que c’était, tout simplement… vraiment parfait.
Une vie de fan est jalonnée de diverses passades, plus ou moins positives. Des victoires, des défaites, des explosions de joies et des désillusions terribles. Mais si vous êtes nés fan au début des années 2000, au hasard, et que vous avez vécu quasiment deux décennies de Tony Parker, on ose imaginer que les dernières heures resteront gravées un long moment dans votre mémoire. C’est un peu pour ça qu’on se lève la nuit, c’est un peu pour ça que l’on aime tant ce satané sport de ballon. Et si tu lis ces lignes la larme à l’œil, sache que c’est tout simplement parce que tu es… normal.