Zoom sur l’association Russell Westbrook / James Harden : est-ce vraiment possible que ça ne fonctionne pas ?

Le 18 oct. 2019 à 11:19 par Giovanni Marriette

harden westbrook rockets
Source image : YouTube

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe le 12 juillet dernier. Tranquillement installés à la terrasse d’un café tout en nous remémorant les beaux souvenirs d’un autre 12 juillet, 21 ans plus tôt, nous avions alors du rejoindre notre QG pour couvrir un tel évènement, tu m’étonnes. Chris Paul qui quitte un Texas qui ne l’aura jamais adopté et donc… Russell Westbrook qui fait le chemin inverse en provenance de son Oklahoma de toujours ? Let’s roll, ça va être la fo-lie.

Et tout de suite, forcément, les questions. Car si une partie de la communauté NBA se pourlèche déjà les babines de l’association entre les MVP 2017 et 2018, l’autre se demande comment deux des plus gros bouffeurs de ballon de l’histoire vont bien pouvoir faire pour s’entendre sur le parquet sans s’arracher des mains cette pauvre boule orange. Deux joueurs habitués à être le shérif en ville, deux joueurs dont les qualités ne sont plus à prouver mais dont le… leadership leur reste très propre, bref deux joueurs qui cristallisent tout ou presque de l’attention lorsque leur franchise est au menu d’une soirée League Pass. Alors est-ce que c’est une vraie bonne idée ? Est-ce que ça risque de se friter ? Est-ce que ça va gagner ? Ici on a une… petite idée.

C’est donc l’histoire de deux monstres. Deux monstres de basket, deux monstres qui se sont positionnés depuis trois ou quatre saisons comme les deux plus grosses machines à statistique de toute la NBA. Tout simplement. Petit rappel des faits, en chiffres forcément.

James Harden

  • 2016-17 : 29,1 points, 8,1 rebonds et 11,2 passes
  • 2017-18 : 30,4 points, 5,4 rebonds et 8,8 passes
  • 2018-19 : 36,1 points, 6,6 rebonds et 7,5 passes

Russell Westbrook

  • 2016-17 : 31,6 points, 10,6 rebonds et 10,4 passes
  • 2017-18 : 25,4 points, 10,1 rebonds et 10,3 passes
  • 2018-19 : 22,9 points, 11,1 rebonds et 10,7 passes

On laisse volontairement de côté les 45 tirs tentés (en cumulé) par match la saison passée, ou encore les 9,5 balles perdues (en cumulé on a dit), car comme dirait Tal, le passé… le passé. Focus donc sur cette nouvelle vie à deux qui commence dans moins moins d’une semaine, youplaboum, et sur ce que pourrais donner, sur le terrain, cette association que le terme “excitante” aurait lui-même du mal à définir. Sur le terrain mais dans un premier temps… en dehors, prenons les choses dans l’ordre. Au contraire du duo Chris Paul / James Harden qui n’avaient rien trouvé de mieux que de se chercher des noises comme deux gamins de CM2 tout au long de la saison passée, et vas-y que je te jettes mes crottes de nez, et vas-y que je tire la chaise avant que tu t’assoies, l’association RW/JH est avant tout la réunion entre… deux potes, et ça c’est une première très bonne nouvelle. Les deux hommes se connaissent depuis très longtemps, ont même déjà joué ensemble et ont d’ailleurs disputé l’un à côté de l’autre leur seule Finale NBA en 2012. Proches dans la vie, ils partagent le même goût pour les sapes étranges mais pas que, puisqu’ils ont également en commun d’être de la même génération et d’avoir vécu ensemble les années Club Dorothée. Ça vient de sonner à la porte, il parait qu’on s’écarte du sujet, alors RIP Ariane et on y retourne. Un autre point commun entre les deux monstres ? Russell Westbrook et James Harden en ont probablement marre de se tuer à la tâche pendant 82 matchs pour se faire cirer comme des poneys en Playoffs, tout ça parce que les mecs d’en face réfléchissent soi-disant un peu plus qu’eux. James Harden a des comptes à régler avec les Warriors, Russell Westbrook veut récupérer ses affaires confisquées par un rappeur de l’Oregon, bref les deux hommes en veulent à la Terre entière et rêvent de gloire pour enfin regarder tout ce petit monde de haut.

Sur le terrain ? Mamma… On parle de deux attaquants all-time car, non, on ne parlera pas défense aujourd’hui, sauf pour dire que contrairement à ce que l’on a tous pu le plus souvent remarquer, les deux hommes sont clairement capables d’upgrade leur niveau en défense pour le bien du collectif, mais encore faut-il qu’ils le veuillent. Ça c’est dit. En attaque donc, nous avons à ma droite un James Harden tout en toucher, en jeu de jambes et en roublardise, capable de planter 12 paniers à 3-points le lundi en enchainant avec un match à 38 points le lendemain, à 1/14 du parking mais à 22/23 aux lancers. Variation des plaisirs, variation des haters. Si Ramesse est défendu comme il se doit (bon chance hein) ? Le gars est évidemment capable, à la LeBron pourrions-nous dire, d’aller se heurter à des raquettes fermées pour servir les copains dans le corner. Et si P.J. Tucker était la saison passée le joueur le plus efficace dans cette partie de terrain, on préfère vous prévenir que c’est le roster de Houston tout entier qui profite à plein des offrandes du Barbu. Seuls les agrégés en maths ont jusque-là réussi à solutionner le problème, et aujourd’hui lorsque l’on affronte James Harden, on commence par se demander comment gagner tout en prenant un 40/12 sur la tronche par le n°13 des Rockets, car de toute façon il le fera, que cela vous plaise ou non. Voilà où on en est avec James Harden, faux lent mais terriblement rapide notamment sur transition, injouable la plupart du temps en iso, les meilleurs défenseurs de la Ligue s’étant cassé les dents chacun leur tour sur le génial poignet du barbu…

Russell Westbrook ? On part sur un profil clairement opposé, mais tout aussi biberonné au Red Bull. Car si le truc de Ramesse c’est l’iso, souvent sur jeu placé donc, celui de Russell c’est… un peu d’iso mais rarement au-delà des huit secondes de possession. Spécialiste des remontées de balle en quatre enjambées, le Brodie gère le rebond défensif sous peine de cogner ses propres coéquipiers, fait fumer le capot, démarre, fait péter le rupteur et termine ça alors que vous n’avez même pas eu le temps d’avaler votre salive. Plus ça va vite mieux c’est, parfois c’est clairement n’importe quoi, mais jamais Russell ne ralentira. Si d’aventure la défense a fait le taf et s’est repliée en temps et en heure ? Come on Steven (Clint), écran, ça déroule, assist, deux points. Ou alors… écran, ça déroule, jumper, deux points, ou pas. Pas le temps de se poser de questions, quand il s’en pose c’est souvent mal barré pour son équipe, et c’est donc là que débarque… James Harden, merci de suivre dans le fond de la salle, la TTFL ça se gère à la récré. Ce que l’on veut dire par là ? C’est que les deux zozos nous semblent terriblement complémentaires, de par leurs qualités différentes en attaque. D’un côté un homme terriblement efficace quand le tempo est plutôt lent, de l’autre un meneur de jeu capable de dynamiter une salle, ça fit plutôt pas mal à première vue. Mais pour que tout roule il faudra que ces deux pépères s’entendent au-delà du simple fait de qui monte la balle, qui annonce les systèmes etc etc. Et clairement, si Russell Westbrook reste un vrai 1 et James Harden un vrai 2… ce dernier est également un exceptionnel meneur de jeu et reste le franchise player en puissance des Rockets. Russell devra le comprendre, probablement l’a-t-il déjà compris avant même d’arriver au Texas, et l’ancienne idole d’OKC aura tout intérêt à se reconstruire pour faire de cette association un danger pour les équipes adverses et pas pour la sienne. Et à ce propos l’intuition est globalement positive, même si l’on sait qu’une fois sur le terrain RussWest a bien souvent les fils qui se touchent et que tout ça peut très vite mener à la débâcle collective. Très clairement c’est donc l’arrivant qui devra baisser pavillon sur certaines de ses prétentions individuelles, s’il en a encore, c’est donc Westbrook qui devra laisser Westbrique aux vestiaires pour se rapprocher davantage d’un John Stockton survitaminé que d’un deuxième James Harden mais sans la barbe.

Pour résumer ? La condition pour que le duo James Westbrook / Russell Harden pétarade cette saison est simple : l’adaptation de l’ancien numérozère à sa nouvelle franchise, et à son nouveau leader. On se rappelle de pas mal de dossiers concernant Westbrook et la hiérarchie, poke Kevin, mais en rejoignat un vrai pote à Houston et maintenant qu’il a dépassé la trentaine, c’est peut-être bien un cru délicieux auquel on aura droit avec les Rockets. Et si ça marche ? Attention les dégâts.


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