Andre Drummond, de monstre statistique à monstre tout court ? Année décisive pour le frigo des Pistons, va falloir négocier le virage

Le 04 oct. 2019 à 09:37 par Giovanni Marriette

Andre Drummond pari
Source image : NBA League Pass

Parmi les 450 et quelques joueurs qui vont attaquer cette nouvelle saison, seule une petite catégorie d’entre eux peuvent se targuer d’être de véritables monstres statistiques. On parle évidemment de légendes ou assimilées comme LeBron James, Kevin Durant, James Harden, Stephen Curry ou encore Russell Westbrook, mais on parle également d’un mec comme Andre Drummond. Si, si, celui-là même que les défenses aiment à provoquer car il n’est encore qu’un “faible” (tout est relatif) attaquant, celui-là même qui a mis plus de cinq ans à dépasser les 40% aux lancers. Sauf qu’aujourd’hui Andre Drummond fait surtout partie de cette caste très resserrée des mecs qui ont la possibilité de rentrer dans l’histoire de la NBA, ni plus, ni moins.

Un aspirateur à ballon. Un déménageur breton, un putain de glouton. Mais la rime en on qui correspond le plus à Andre Drummon est évidemment le mot rebond. Andre Drebond. 7,6 par match pour sa saison rookie, ça c’était le temps d’apprendre les règles de son sport. La suite ? Une boucherie. 13,2 prises pour sa saison sophomore, puis 13,5, 14,8, 13,8, 16 et 15,6 prises par match. Les deux dernières saisons de Dede ? Seuls Dennis Rodman et… Moses Malone ont fait mieux depuis quarante ans. Deux Hall Of Famers au passage, on tape dans le très solide. Aujourd’hui Dede Drummond est stationné à une anecdotique 86ème place parmi les meilleurs rebondeurs all-time, et une petite projection (optimiste) de la suite de sa carrière nous donnerait environ ceci, écarquillez bien les mirettes. En effet, si Andre le Poilu tourne à une moyenne de 14,5 rebonds par match sur une moyenne de 80 rencontres de régulière par an, c’est le Top 60 qu’il craquera dans un an, dépassant quelques pointures comme, au hasard, Chris Webber ou Willis Reed. Au bout de deux ans ? Place au Top 40, avec des références comme Shawn Kemp, Horace Grant ou A.C. Green à mettre dans le rétro. Une saison de plus dans les mêmes standards ? Bill Laimbeer, Ben Wallace et David Robinson à effacer pour accéder au Top 30, puis… Dennis Rodman l’année suivante pour devenir le joueur identifié Pistons (où sera-t-il à ce moment-là, hum) le plus haut de l’histoire en terme de rebonds. Pour résumer, six ou sept saisons de Drummond en mode Drummond… et le Top 10 des meilleurs rebondeurs all-time s’ouvrira à notre héros du jour. Le genre de phrase qui doit faire prendre conscience de l’exploit statistique permanent réalisé par l’intérieur de Detroit depuis maintenant sept ans. Un exploit réalisé sans ne jamais ou presque rater de match, puisque – hormis sa saison rookie à 60 matchs – Dede n’a loupé le coche que dix fois durant les six dernières saisons. Trois fois meilleur rebondeur NBA, six ans de suite qu’il est dans le Top 2, six ans de suite qu’il est celui qui récupère le plus de rebonds off, on pourrait continuer pendant des heures pour en arriver à la même conclusion : Andre Drummond est le rebondeur le plus efficace de ces vingt dernières années et l’histoire lui ouvre grand les bras pour la suite.

L’heure de conjuguer les performances individuelles à la réussite collective ?

Mais que manque-t-il aujourd’hui à Andre Drummond pour s’asseoir à la table des plus grands ? A la table des futurs… Hall Of Famers ? Être fort dans des matchs qui comptent ma bonne dame. Du genre de ceux qui se déroulent au printemps pour ceux qui seraient longs à la détente. A l’heure de ces lignes ? Huit matchs de Playoffs pour Dede, huit branlées face à LeBron en 2016 et Giannis en 2019. Trop peu, beaucoup trop peu pour s’inscrire dans l’histoire en tant que joueur véritablement all-time, malgré des chiffres qui en font un joueur unique. La solution quelle est-elle ? Disons qu’un choix énorme s’imposera très vite à Dru. Très vite donc dans… quelques mois, aujourd’hui en fait, car le pivot des Pistons doit désormais choisir d’activer ou non sa player option pour l’été prochain. S’il décline cette clause (probabilité la plus logique aujourd’hui selon ses récentes déclarations), Dede sera alors free agent au 1er juillet prochain, devenant de ce fait l’un des (le ?) plus gros poissons du prochain marché, un an avant une Free Agency qui s’annonce légendaire (LeBron, AD, Kawhi, PG…). Quoiqu’il arrive, les Pistons resteront en tête de file pour acquérir leur joueur pour la suite de sa carrière, Motor City étant capable de proposer au moissonneur quasiment 200 millions de billets sur cinq ans quand les autres franchises auront moins de moyen. Mais que choisira Dede, là est toute la question.

Poursuivre son aventure à Detroit, devenir de ce fait l’une des figures historique d’une franchise qui n’en manque pourtant pas et tenter d’être l’un des piliers du retour des Pistons au sommet tout en n’ayant aucune garantie de réussite ? Privilégier un autre projet loin du Michigan mais n’être que la troisième roue financière et basketballistique d’un carrosse qui joue le titre chaque année ?

Le débat est là. Car la carotte est immense, elle concerne tout simplement la possibilité d’être à la fois un monstre statistique et un monstre tout court, le genre de type qui défonce des portes dans les classements all-time et qui se met à collectionner les victoires de prestige en Playoffs et dans le meilleur des cas… les bagues et autres joyeusetés. Andre le mérite, les Pistons méritent aussi de redevenir une franchise qui compte, mais l’impression ici… c’est que tout le monde ne sortira pas gagnant de ce divorce… ou de ce re-mariage. Une chose est sûre, Andre Drummond fait partie de ces mecs qui ont le talent nécessaire pour passer un cap au niveau collectif mais dont ce même talent ne suffira pas seul à faire gagner une équipe.

Prochaine update dans quelques mois, quand Dede aura crié son amour à Motown… ou quand il aura lâché à ses dirigeants qu’il veut quitter la ville et que son choix est fait. En attendant comptez sur lui pour lâcher du 20/20 en pagaille, comptez sur lui pour gravir toujours plus vite les marches qui le mèneront peut-être un jour au firmament des rebondeurs all-time. Allez, virage dans six mois, on espère que le co-pilote a reconnu le circuit.